Jésus, sortant de Capharnaüm, vit un homme, du nom de Matthieu, assis à son bureau de publicain (collecteur d’impôts). Il lui dit : « Suis-moi. » L’homme se leva et le suivit.
Comme Jésus était à table à la maison, voici que beaucoup de publicains et de pécheurs vinrent prendre place avec lui et ses disciples. Voyant cela, les pharisiens disaient aux disciples : « Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ? » Jésus, qui avait entendu, déclara : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Allez apprendre ce que veut dire cette parole : C’est la miséricorde que je désire, et non les sacrifices. Car je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs. »
Matthieu 9, 9-13
©AELF
A méditer l’évangile d’aujourd’hui, je me réjouis de ce que le pape François vient de confier en interview quant à la miséricorde.
Je pense à un prêtre très attaché à la miséricorde, qui prêche souvent que Dieu “pardonne tout”, et qui a cependant été choqué un jour quand je lui ai confié que j’avais du mal à me sentir miséricordieuse pour les grands délinquants, les agresseurs de personnes âgées, les dealers, les violeurs, les tueurs en série… Je lui disais que par contre, je comptais parmi mes amis les plus proches un certain nombre de femmes ayant avorté, d’homosexuels, de personnes vivant en couple mariés ou non, de divorcés remariés ou non… J’avais senti de sa part un certain agacement et il me renvoyait aux passages de l’Evangile sur l’amour des ennemis.
Je confesse volontiers que je manque de miséricorde pour qui nuit à mon prochain sans aucun remords et sans poser aucun acte de réparation. J’ai un immense appétit de justice. Et tout absoudre a priori, à mon sens, ce n’est pas faire preuve de justice.
Par contre, pour ce qui est de mes amitiés avec des personnes si longtemps montrées du doigt dans l’Eglise, je les revendique et j’ai toujours été à leur écoute bien plus pour leurs raisons que dans un esprit de jugement. Et j’ai souffert longtemps à l’idée que l’Eglise se montre si peu miséricordieuse envers ces personnes, faisant de leurs difficultés et accidents de la vie l’absolu du péché – toutes les questions de morale sexuelle et familiale -, tandis qu’elle montrait volontiers une grande mansuétude pour les personnes coupables des crimes que j’ai cités plus haut.
Je tenais déjà ce langage il y a une quinzaine d’années, et c’était très mal perçu en Eglise. Certains, se croyant “purs”, me fuyaient comme une personne peu recommandable.
Aussi ai-je lieu de me réjouir aujourd’hui de l’inflexion du discours officiel à travers le pape François.
L’Eglise, depuis quelques décennies, a perdu beaucoup de fidèles, notamment des femmes, par ses discours culpabilisateurs sur les questions de morale sexuelle et familiale, oubliant bien souvent que derrière la contraception, il y a le désir légitime de vivre autrement qu’uniquement à travers la maternité, et également le surmenage et les difficultés financières, derrière l’avortement, très souvent un homme qui refuse la paternité, derrière le divorce, souvent des situations de grande souffrance psychologique.
Je me trouve aujourd’hui fort consolée que du sommet de l’Eglise nous arrive le désir de porter un autre regard sur ces problèmes…
Image : La Vocation de saint Matthieu Caravage, 1600
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L’ enfer est la garantie de la liberté de l’ homme;
L’ homme ne serait pas libre s ‘il n’ y avait pas l’ enfer.
Si Dieu ouvrait la porte du Ciel à ceux qui ne veulent pas y aller, à ceux qui le renient et ne le reconnaissent pas,
il se renierait lui-même en quelque sorte, puisqu ‘il ne respecterait pas la liberté qu ‘il a donné à l ‘homme.
Il en est de même de la miséricorde. Dieu est miséricordieux, il pardonne tout.
Mais il ne peut empêcher les hommes de refuser cette miséricorde et ce pardon.
Il aime même les pécheurs, mais il ne peut les empêcher de ne pas L ‘ aimer, Lui.
Pour moi, la terrible souffrance de l’ enfer’, c’ est de continuer à être aimé éternellement par un Dieu
qui vous aimera quand même dans toute l’ Eternité.
Si un grand criminel refuse le pardon et ne se repent pas, il ne sera jamais pardonné,j même si nous lui pardonnons.
Ainsi, Véronique, tu peux pardonner même aux grands criminels; s ‘ils ne veulent pas être pardonnés, s ‘ils ne se repentent pas, s ‘ils ne regrettent pas leur faute à la meure de sa gravité, s ‘ils ne se “convertissent” pas, ils ne seront jamais pardonnés…
A Dieu de juger de la qualité et de la responsabilité de leur refus…
L’Eglise a des trésors de miséricorde, mais il me semblent qu ‘ils ne peuvent être reçus efficacement, par les pêcheurs que nous sommes, que si nous sommes perméables, c’est à dire si nous avons un vrai désir d’être pardonnés, de réparer quand cela est possible, et un vrai désir de considérer sans mensonge vie à vis de nous même et des autres, autant que cela est possible, nos manquements à l’amour de Dieu, à l’amour des autres, au respect de nous-mêmes…Que nos communautés accueillent en premier tous les blessés de la vie..Comme disait le pape François récemment, l’Eglise est comme un hôpital de guerre. Devant un blessé grave, l’urgence est de panser ses plaies, pas de lui demander son taux de cholestérol ou sa glycémie. La compassion, la tendresse, est une urgence. Il y aura un jour une justice aussi, mais nous n’avons pas la légitimité ni l’intelligence divine qui donne la connaissance de tout ce qui participe aux choix d’un homme pour pouvoir la prononcer “avec justice”. Au delà de cela, et en dehors de tout jugement, il me semble que un mal est un mal, et ne peut être appelé un bien, par exemple en ce qui concerne l’avortement. Miséricorde, justice, et vérité doivent cohabiter dans le royaume des cieux même si leurs articulations ne sont pas toujours évidentes pour nos esprits humains! Bonne fin de week-end-end à vous, Claire