Comme Jésus était en train de parler, une femme éleva la voix au milieu de la foule pour lui dire : «Heureuse la mère qui t’a porté dans ses entrailles, et qui t’a nourri de son lait ! »
Alors Jésus lui déclara : « Heureux plutôt ceux qui entendent la parole de Dieu, et qui la gardent ! »
Luc 11, 27-28
Cet évangile m’amène toujours à constater que finalement, en 2000 ans, nous n’avons pas vraiment voulu, nous autres catholiques, percer toute la profondeur de la parole de Jésus donnée ici. Et immanquablement, quand cet évangile est lu, j’entends des homélies dithyrambiques sur la mère de Jésus. Elle est, bien sûr, la réalisation parfaite de l’accomplissement dans une vie de l’écoute de la parole de Dieu, loin de moi l’idée de remettre cela en question. Mais sommes-nous vraiment sûrs de ne pas exalter avant tout celle qui a porté Jésus dans ses entrailles et l’a nourri de son lait, comme cette contemporaine du Christ ? Nos louanges à Marie sont-elles vraiment orientées davantage sur son écoute de la Parole que sur sa maternité ? Il faudrait décortiquer nos cantiques à la loupe…
Parallèlement, j’ai une grande tristesse quand je constate comme on fait finalement peu de cas de celle qui a été tout écoute pour Jésus. Je pense bien sûr à Marie de Béthanie. Elle fut rabrouée par Judas devant Jésus, elle l’est encore bien souvent aujourd’hui. Pour preuve, elle n’a même pas de fête dans le calendrier grégorien. On fête sa soeur Marthe le 29 juillet, on l’y a cachée derrière elle. La fête de Marie-Madeleine le 22 juillet n’étant évidemment pas la sienne. Je ne cesserai de militer pour que l’on distingue ces deux femmes totalement différentes de tempérament dans l’Evangile.
Dernièrement, nous méditions Luc 10, 38-42, la visite de Jésus à Marthe et Marie de Béthanie. Et là, je constate à chaque fois dans l’Eglise catholique la difficulté à accueillir le choix de Jésus de laisser “la meilleure part” à Marie et non à sa soeur l’hyperactive. Comme si, 2000 après, nous-mêmes continuions à trouver le choix de Jésus – et de Marie – injuste. Et pourtant, Jésus le dit clairement dans l’évangile d’aujourd’hui :
« Heureux plutôt ceux qui entendent la parole de Dieu, et qui la gardent ! »
Marie l’a fait à la perfection puisqu’elle dit au Christ, à la mort de son frère Lazare :“Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort.” Jean 11, 32
Elle croit que Jésus est la Vie. C’est la seule parole qu’elle prononce de tout l’Evangile ! Même quand elle versera un parfum précieux sur la tête de Jésus, elle ne prononcera aucun mot. Elle a accueilli sa Parole et toute sa personne et a passé sa vie à la méditer – et que l’on ne vienne pas m’objecter qu’elle avait avant ça mené une vie de désordre, je crois aussi fort en la différence entre Marie-Madeleine et elle qu’entre sainte Thérèse d’Avila et sainte Thérèse de Lisieux !
Alors pour elle, parce qu’elle est la proche de Jésus que je préfère, j’aimerais que pour une fois, à méditer l’évangile d’aujourd’hui, on pense à elle avec tendresse et reconnaissance pour sa vie d’oraison et ce qu’elle a fait pour le Christ…