Je suis convaincu, mes frères, que vous êtes très bien disposés, remplis d’une haute connaissance de Dieu, et capables aussi de vous reprendre les uns les autres.
Si, malgré cela, dans cette lettre, je me suis permis sur certains points de raviver votre mémoire, c’est en vertu de la grâce que Dieu m’a donnée.
Cette grâce, c’est d’être ministre de Jésus Christ pour les nations païennes, avec la fonction sacrée d’annoncer l’Évangile de Dieu, pour que les païens deviennent une offrande acceptée par Dieu, sanctifiée par l’Esprit Saint.
En Jésus Christ, j’ai donc de quoi m’enorgueillir pour ce qui est du service de Dieu.
Car je n’oserais pas parler, s’il ne s’agissait pas de ce que le Seigneur a mis en œuvre par moi pour amener les païens à l’obéissance de la foi : la parole et les actes, la puissance des signes et des prodiges, la puissance de l’Esprit Saint. Ainsi, depuis Jérusalem en rayonnant jusqu’à la Dalmatie, j’ai mené à bien l’annonce de l’Évangile du Christ ; j’ai mis cependant mon honneur à n’évangéliser que là où le nom du Christ n’avait pas encore été prononcé, car je ne voulais pas bâtir sur les fondations posées par un autre, mais je voulais me conformer à cette parole de l’Écriture : Ceux à qui on ne l’avait jamais annoncé, ils verront ; ceux qui n’en avaient jamais entendu parler, ils comprendront.
Epître de saint Paul aux Romains 15, 14-21
©AELF
Ce beau texte de saint Paul me laisse un peu songeuse.
Deux pensées me viennent : une femme ne peut pas, de nos jours, tenir ce genre de langage. Elle n’est jamais considérée comme “ministre de Jésus-Christ”.
En disant cela, je précise, pour qu’on ne me prête pas des pensées qui ne sont pas les miennes, que je ne suis pas favorable au sacerdoce des femmes.
Mais triste qu’en tant que femme catholique, il faille en gros être morte et canonisée pour être jugée crédible dans un rôle d’évangélisation, dans une inspiration véridique de l’Esprit Saint. Il faut se réjouir, heureusement, du frémissement de ces derniers mois sur ce plan dans les propos du pape François.
La deuxième pensée, c’est que la mission nous appelle, au contraire de saint Paul, sur les terres déjà évangélisées. Car ceux à qui l’Evangile avait été annoncé de façon culturelle forte sont précisément ceux qui s’en désintéressent le plus. Le vieux continent se gausse de la foi de ses ancêtres…
Image : Saint Paul écrivant Valentin de Boulogne
3 commentaires
Merci de votre passage ici El padre et je suis bien d’accord avec vous.
Mon intention n’était pas d’opposer le sacerdoce au charisme des femmes. Et j’entends bien que le prêtre doit avoir une mission de service.
Ce que je désirais souligner, c’est qu’en matière d’inspiration spirituelle, d’interprétation des Ecritures, de charisme de discernement, une femme ne sera jamais aussi spontanément crédible qu’un homme consacré. Vous nommez à juste titre des femmes qui ont été des grâces pour l’Eglise et se sont dévouées pour elle jusqu’à l’ultime. Mais quel parcours du combattant pour y trouver leur place ! Combien de brimades n’ont-elles pas endurées avant d’être crues ou suivies ! Il me semble que sainte Thérèse d’Avila a été rabrouée par une trentaine de confesseurs avant de trouver l’âme de saint Jean de la Croix dans laquelle épancher la sienne…
Oui, mais Jean de la Croix a connu le même parcours du combattant, sinon pire, lui qui a été enfermé au cachot par la communauté carmélite de Tolède pendant 8 mois, et qui n’a du son salut qu’à une évasion réussie… Je pense que ce qui est difficile, et qui crée la contradiction et les persécutions, c’est plus la recherche de la sainteté et de la fidélité à Dieu que le fait d’être un homme ou une femme… Enfin il me semble. Mais vous avez raison pour l’interprétation des Ecritures et le discernement, ils sont habituellement plus spontanément confiés à des hommes qu’à des femmes, encore qu’il y ait des femmes reconnues comme docteurs de l’Eglise, mais c’est vrai qu’elles sont rares. Pour ce qui est du charisme et de l’inspiration spirituelle, je suis moins sûr. Mon auteur préféré reste à ce jour Thérèse de l’enfant Jésus, elle qui a ouvert une nouvelle voie spirituelle sans l’aide de personne d’autre que de Dieu 😉
En fait, tout dépend si on voit le sacerdoce d’abord comme un service parmi tant d’autres ou comme une gloire au-dessus du commun des mortels. En tant que service, rien n’empêche qui que ce soit d’en rentre à l’Eglise, quel que soit son sexe, sa condition, son âge ou sa fortune. L’Eglise est un corps qui a besoin de chacun de ses membres pour être entier, et ce que ne fait pas l’un, l’autre le fera, dans une complémentarité dont personne n’a à rougir. Si on le considère comme une gloire, alors certes, ce n’est réservé qu’à une infime partie de l’Eglise. Mais toute personne qui désirerait accéder au sacerdoce pour cette raison-là s’en verrait, en toute logique, refuser l’accès : le prêtre est censé représenter le Christ, qui n’est pas venu pour être servir mais pour servir. Et vouloir être prêtre pour être au-dessus des autres, ou pour les diriger, ce n’est pas franchement un signe de vocation. Eh puis il ne faut pas oublier toutes ces femmes qui n’ont pas eu besoin d’attendre la mort et la “gloire” de la canonisation pour faire la volonté de Dieu et se voir reconnaître un rôle irremplaçable dans l’Eglise, à commencer par la Vierge Marie bien sûr, mais aussi Ste Thérèse d’Avila, Catherine de Sienne ou Jeanne d’Arc, Soeur Emmanuelle ou Mère Théresa, en passant par Geneviève, Elizabeth de Hongrie ou tant et tant d’autres femmes dont l’influence et l’oeuvre ont été infiniment plus grandes en leur temps que celle d’innombrables prêtres qui ont exercé leur ministère dans l’obscurité la plus totale…