Luc 21, 5-19
Les médias nous parlent sans arrêt des malheurs du monde : le terrorisme, les inondations, les tremblements de terre, les ouragans, les typhons, les attentats, les enlèvements, les viols, les meurtres, les abus sexuels, les nettoyages ethniques, les campagnes de haine, etc..
Ensuite, il y a les terribles guerres. Au 18e siècle, environ 4 millions de personnes sont mortes à cause des guerres ; au 19e, 8 millions ; et au 20e près de 100 millions. Le 21e siècle ne semble pas améliorer les choses à ce chapitre !
«Ne vous laissez pas dominer par l’angoisse et par la terreur.»
Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’il y a des catastrophes naturelles, des actes de violence, des guerres. La Californie brûle, les Philippines sont inondées, les provinces de l’Atlantique essuient les soubresauts d’un ouragan après l’autre. Les séismes font des milliers de morts, déplacent des millions de personnes, ravagent les cultures et détruisent les villages. Les génocides se multiplient à travers la planète.
À mesure que nous approchons de la fin de l’année liturgique, l’Église nous propose de méditer sur ces phénomènes de violence et de mort, symboles de la fragilité de notre monde : « Des jours viendront où il ne restera pas pierre sur pierre. Tout sera détruit ».
En plus de l’incertitude et de l’insécurité, le temps nous échappe comme le sable dans une main qui se ferme. Nous avons peur du temps qui fuit ! Nous faisons des cures de jeunesse, utilisons la chirurgie plastique, recherchons les crèmes qui enlèvent les rides, les teintures qui cachent les cheveux gris… Rien ne nous fait plus plaisir que d’entendre dire : « Tu n’as vraiment pas l’air d’avoir ton âge !»
Cependant, le temps est inexorable et nous ne pouvons l’arrêter. Il apporte avec lui toutes sortes d’angoisses. Ce n’est pas facile de vieillir, de faire face à la maladie, de perdre son autonomie, d’être confronté à la mort qui approche.
Lorsque Luc écrit son évangile, autour des années 85, c’est un temps de terribles bouleversements. Les chrétiens ont subi la première grande persécution, celle de Néron. En 70, Titus a détruit la ville de Jérusalem et rasé le Temple. C’est la fin de l’État d’Israël. En 79, le Vésuve a recouvert de cendres volcaniques les villes de Pompéi et d’Herculanum.
Devant ces scénarios de peur et de terreur, les gens ont tendance à se jeter dans les bras de n’importe quel «sauveur» de pacotille. « Vous allez voir, j’ai la solution à tous vos problèmes ! » Gurus religieux, aspirants politiques, promoteurs de rêves, tous laissent miroiter des « paradis à rabais », qui ont plus à voir avec leurs comptes en banque qu’avec le bonheur de l’humanité. «Prenez garde de ne pas vous laisser égarer! » nous répète Jésus. Ne vous laissez pas leurrer par ces faux messies. Ne permettez pas qu’ils vous manipulent en utilisant la peur et en promettant toutes sortes de « paradis bidons ».
En lisant le texte de ce matin, on pourrait croire que Jésus nous laisse une image pessimiste de la réalité. Mais c’est le contraire qu’il nous dit : « N’ayez pas peur… Lorsque vous entendez parler de guerres, de désordres, de violence… ne vous effrayez pas ! » Il nous invite à conserver l’espérance et à persévérer dans ce que nous vivons quotidiennement. «Ne vous laissez pas dominer par l’angoisse et par la terreur.»
Le fameux professeur de théologie, Karl Barth, disait que bon nombre de chrétiens ont fait du jour de la mort un jour de frayeur et de condamnation. Il faut nous rappeler le « Dies irae », «Jour de colère», que l’on chantait aux funérailles de nos grands parents ! Par contre, dans le Nouveau Testament, les chrétiens attendaient ce jour du Seigneur avec joie et sérénité.
« C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie », nous dit Jésus, persévérance dans la foi, dans l’espérance, dans la fidélité au Christ. Nous arriverons alors au « Jour du Seigneur » avec joie et confiance.
Savoir demeurer fidèle à la parole de Dieu à travers les jours qui passent, porter le poids du temps présent malgré les souffrances et la maladie, continuer à vivre au jour le jour sans perdre la confiance dans le futur de Dieu, voilà le programme que nous propose le Christ.
Si le Seigneur nous parle de la fin du monde aujourd’hui c’est pour nous rassurer et pour replacer le temps qui nous est donné dans sa juste perspective. Ce temps est un cadeau de Dieu que nous devons utiliser le mieux possible.
L’évangile d’aujourd’hui n’est pas un texte sur la fin des temps, mais bien une parole d’espérance qui nous invite à construire un monde de justice, de paix, de fraternité et d’amour maintenant. Saint Pierre disait aux premiers chrétiens : «Soyez toujours prêts à rendre compte, à tous ceux qui vous le demandent, de l’espérance qui est en vous.» (1 Pierre 3, 15)
Nous n’allons pas à l’église parce que nous avons peur de ce qui se passe autour de nous, parce que nous sommes découragés, déçus, frustrés, mais parce que nous voulons recevoir la force de travailler à la construction d’un monde nouveau, d’un monde meilleur, d’un monde plus humain.
« C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie. »
Père Yvon-Michel Allard, directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, Québec
Source : http://cursillos.ca/formation/reflexion-chretienne.htm