Isaïe 7, 10-16
Psaume 23
Romains 1, 1-7
Matthieu 1, 18-24
Mercredi prochain, c’est Noël. En ce dernier dimanche de l’Avent, notre regard se porte vers les parents de l’enfant qui va naître : Joseph et Marie. Voici donc deux jeunes, entre quinze et vingt ans peut-être, qui ont fait ensemble le beau projet de devenir époux. Ils sont fiancés. Ils vivent ce temps du bonheur des fiançailles.
Or, voici que Dieu vient bousculer leurs projets. Avec beaucoup de tact et de netteté aussi, Matthieu nous parle de la conception virginale de Jésus. Toute la foi de l’Église qui sera plus tard exprimée dans le credo est déjà là : Jésus est à la fois né de Marie, fils de notre race, mais aussi le Fils du Père, « par l’action de l’Esprit Saint ». Le mystère de l’Incarnation, cœur du christianisme est déjà dit par l’évangile : dans le Christ, né de Marie, Dieu lui-même est entré dans notre histoire pour nous arracher à toutes nos peurs et nous unir a sa vie.
Joseph est bien évidemment éprouvé en découvrant la grossesse de sa fiancée. Tout son rêve de bonheur vole en éclats. Il est prêt à la répudier secrètement et à s’effacer sans bruit.
Contre toute attente pourtant, Joseph prend chez lui son épouse et accueille, avec Marie, son enfant et son Dieu. C’est qu’il est un homme d’écoute ! Dans l’épreuve et les imprévus de la vie, il est de ceux qui cherchent à discerner la volonté de Dieu. Et ce dessein divin, c’est que c’est à lui Joseph qu’il est demandé d’adopter cet enfant, de l’introduire dans la descendance de David, de permettre à Jésus de découvrir en Joseph l’icône du Père des cieux.
Aux heures déroutantes de nos vies, n’avons-nous pas, comme Joseph, à nous ajuster nous-mêmes au projet souvent déconcertant mais toujours bienveillant de notre Dieu, pour l’accueillir et lui donner un amour renouvelé, une foi plus forte.
À Joseph, l’ange a révélé deux titres mystérieux de l’Enfant Dieu qui ont illuminé sa nuit et lui ont rendu la paix. « Il s’appellera Jésus, c’est-à-dire “le seigneur sauve” » ; et puis on lui donnera le nom d’Emmanuel, ce qui se traduit « Dieu avec nous ».
Accueillir Jésus, comme « Sauveur », c’est reconnaître qu’à Noël, comme tout au long de nos vies et de l’histoire, le Christ est là où il y a des hommes et des femmes à sauver. En dépit des apparences, des situations qui nous semblent sans issue, il nous faut oser croire qu’avec Jésus, on ne peut plus désespérer de soi ni de personne, car devant Dieu, il n’y a plus rien qui soit à jamais perdu. Notre Dieu ne cesse d’ouvrir à chacun un avenir. Comme le dit la célèbre et très belle homélie du pape saint Léon (5e siècle) : « Il n’est plus permis d’être triste lorsqu’on célèbre l’anniversaire de la Vie. Que le saint exulte, car il approche du triomphe ; que le pécheur se réjouisse car il est invité au pardon ; que le païen prenne courage, car il est appelé à la vie ! »
Et parler de Jésus comme l’Emmanuel, « Dieu avec nous », c’est découvrir que nous sommes éperdument aimés, que nous ne sommes plus jamais seuls. Même aux heures d’épreuve et de nuit, Dieu lui-même est pour toujours à nos côtés. Dieu avec nous : c’est, en définitive, le premier et le dernier mot, l’unique bonne nouvelle de tout l’Évangile. Que cela nous donne paix et espérance !
Père Charles-André Sohier
Source : http://www.kerit.be/homelie.php