Aujourd’hui, l’annonce de Noël fait irruption dans nos vies. Nous parlons et nous entendons parler de lumière, une lumière que les ténèbres n’ont pas pu arrêter… L’annonce de Noël ; la joie de Noël. Il faut s’expliquer.
Je ne suis pas naïf au point de nier l’évidence, de ne pas voir que la vie, notre vie ou la vie de ceux qui vivent autour de nous est, parfois, remarquablement dure. Parfois, dans nos existences, nous avons des surprises que l’on aurait voulu, à tout prix, éviter. N’est-ce pas ? Que de fois, des événements inattendus nous plongent soudainement là où on n’avait pas du tout envie d’aller. Et pas de refus possible. Ou encore, il se peut que nous vivions une vie insipide et la traînions cette vie depuis trop longtemps, sans perspectives de changement.
Comment oserions-nous alors parler de joie ?
Cette annonce de Noël, justement, peut-elle nous sauver du pire ? Y a-t-il du sens à proclamer que la joie entre à flots dans nos vies … comme nous, les moines, chantions dans une hymne, pendant le temps d’Avent, ici à Tamié ?
La nouveauté de Noël, levain dans la pâte, c’est que Dieu choisit, non pas seulement de se révéler au monde, de se faire connaître, mais, en naissant parmi nous, enfant, il choisit de se faire comme nous, c’est-à-dire, d’assumer, pleinement, toute (je dis bien toute) notre condition humaine. Et c’est cela qui change, effectivement, notre vie. Cela nous sort du cercle vicieux et nous ouvre d’autres perspectives. Encore, faut-il les accepter et s’y engager pour les faire nôtres.
Revenons un peu en arrière. D’abord, c’est quoi, pour vous, LES TENEBRES ? C’est surtout le manque de vision ; c’est le manque d’Espérance. Nous avouons que, parfois, dans ces ténèbres, nous avons l’impression de nous y enfoncer de plus en plus, comme dans un gouffre… Essayons d’y réfléchir.
«La lumière de Dieu brille dans les ténèbres », voilà ce que dit l’Evangile que nous venons de lire. Cette phrase, cette image du Prologue de Saint Jean, nous invite, nous oblige à réfléchir sur notre état, notre réalité. Il est vrai que l’éclat de la lumière qui fait irruption dans un lieu quelconque change tout : la réalité n’est plus tout à fait la même. Voilà ce que fait la lumière de Noël. Il faut se dire clairement que la proposition de Noël n’a rien à voir avec ce sentimentalisme ambiant dont les marchants de vide veulent nous abreuver. Cela ne peut être que décevant ; et, d’ailleurs, cela finit vite par nous dégoûter comme ces confitures insipides, sans caractère et beaucoup trop sucrées.
Cette annonce nous invite, d’abord, à faire un effort d’intériorité pour cueillir le coeur du message et à le recevoir « authentiquement », en profondeur. Je cite à nouveau ce que nous avons entendu : « mais à tous ceux qui l’ont reçu (qui le reçoivent), ceux qui croient en son Nom, il leur a donné (il leur donne) le pouvoir de devenir ENFANTS DE DIEU Nous sommes invités à devenir LUMIERE pour voir la lumière, selon l’heureuse expression de Maurice Zundel. Il faut aussi que nous essayions de comprendre la signification de cette expression de l’Evangile que nous avons entendu: devenir enfants de Dieu. Ne nous arrêtons pas à mi-chemin, allons jusqu’au bout.
D’abord, je crois comprendre que la première condition exprimée est de recevoir cette lumière appelée autrement le Verbe (c’est-à-dire LA PAROLE). Remarquez : non pas à partir à l’attaque pour la conquérir, non ; mais la recevoir, c’est-à-dire à l’accueillir, à ne pas la combattre d’abord ferions-nous résistance ? Cela veut dire quoi, dans ce cas : refuser la lumière ? Je l’entends comme un refus d’accepter un don qui nous est offert. Cela arrive ; c’est un refus de vivre dans la clarté, c’est un refus de vérité, une concession à la magouille, à la ruse, une tentation de céder au double jeu ; ou, encore, à céder aux fausses assurances que les idéologies nous offrent. C’est redoutable l’idéologie ! Vous savez je ne cite pas des choses abstraites, car ce combat personnel est quotidien, c’est notre combat à nous tous, à moi, à vous.
Une autre condition pour recevoir la lumière de Dieu, pour devenir Enfants de Dieu, est de Renaître. Il y a une autre manière de naître qui n’est pas celle que nous connaissons, que nous voyons et que nous pouvons constater. C’est celle que Jésus appelle : Naître par l’Esprit, Naître de Dieu : c’est à cela que nous sommes invités. Travail de terrain, travail de longue haleine. Sommes-nous disposés à renaître quotidiennement comme Dieu nous le demande ? Sommes-nous reconnaissants pour ce cadeau que Dieu nous fait ? Pensons : Dieu se donne lui-même ; il se fait DON POUR NOUS.
Devenir enfants de Dieu c’est, aussi, se sentir responsables d’une mission ; quelle Mission ? La mission de faire connaître Dieu à tous. On ne garde pas une lampe dans un coffre, dit Jésus. Nous avons la mission de partager ; de communiquer à notre tour, notre joie. A nos proches, à ceux que nous côtoyons de mille manières, qui ont besoin d’une lumière sûre pour éclairer leur route ; et nous savons que c’est seulement par la rencontre avec le Christ que nous y arrivons.
Car, avant de donner, avant de transmettre, nous devons nous-mêmes être convaincus, habités. Jésus vient habiter avec nous, parmi nous, au-dedans de nous. Nous pouvons le refuser. L’acceptons-nous ? Acceptons-nous la lumière, pour devenir, à notre tour, lumière pour les autres ?
Jésus, viens au-dedans de nous. Nous ne sommes que des pauvres, Viens illuminer nos vies. Alors nous allons faire de notre mieux pour t’accueillir, pour te recevoir, pour te faire connaître, pour partager aux autres ce que tu nous as, gratuitement, donné : ta lumière, toi.