Isaïe 60, 1-6
Psaume 71
Ephésiens 3, 2-3a.5-6
Matthieu 2, 1-12
Il était une fois un roi inquiet, une étoile qui devait glorifier la lignée du messie et un mage venu de l’étranger que le roi veut utiliser pour ses projets malveillants. Or il advint que ce mage fit tout le contraire de ce que le roi attendait de lui, et qu’il s’en retourna d’où il était venu, sans être inquiété… Cette anecdote provient d’un très vieux texte de la Bible qu’on ne lit pas très souvent. Elle est en effet tirée de l’Ancien Testament, et plus précisément du livre des Nombres, aux chapitres 22 à 24. Le roi inquiet, c’est le roi de Moab qui voit le peuple d’Israël, nombreux et puissant, en marche vers la Terre Promise. L’étoile, c’est celle qu’un devin étranger voit s’élever au-dessus de Jacob pour annoncer le messie à venir. Le mage, c’est Balaam, venu d’un pays lointain juché sur son ânesse. Il était venu, à l’invitation du roi de Moab, pour maudire le peuple d’Israël. Mais Dieu ne l’entend pas ainsi et il empêche Balaam d’anathématiser Israël… Bien plus, il le fait bénir et, pour finir, laisse le devin repartir d’où il était venu en le protégeant de la fureur du roi…
Les chrétiens de Palestine auxquels s’adresse l’évangéliste Matthieu – des chrétiens d’origine juive – connaissaient bien cette histoire. Ils ne sont pas surpris de lire qu’au début de son évangile, Matthieu, le juif, la reprenne pour évoquer la naissance de Jésus. C’est un récit très imagé, qu’il ne faut pas pour autant prendre à la légère. Il constitue à lui seul un mini-évangile, un résumé de tout ce qu’a retenu Matthieu concernant Jésus. Rappelons-en quelques éléments…
Les mages : ils représentent les païens qui ont su, mieux que les Juifs, accueillir le messie. C’est un thème cher à Matthieu : à la fin de son évangile, il sera le seul à rapporter l’intérêt porté par la femme de Pilate – une païenne – au salut de Jésus. Dès le début, les païens, les étrangers, sont là auprès de l’enfant Jésus, tandis que les autorités juives – les chefs des prêtres, les scribes et le roi Hérode – ne se déplacent même pas ! Il y a pour nous une première mise en garde : ne classons pas trop vite les gens. Gardons-nous de leur coller des étiquettes.
L’étoile : sans elle, les mages ne découvriraient pas le Fils de Dieu. L’étoile est l’image de la foi : un don que Dieu nous fait. Elle est comme un signe dans la nuit, le signe d’un Dieu qui n’abandonne pas les hommes dans leurs ténèbres, mais se plaît à les rassurer en leur rappelant sa fidélité. Les mages, nous dit l’évangile, « furent remplis de joie à la vue de l’étoile… » Peut-être est-ce pour nous une invitation à considérer, avec émerveillement, toutes les étoiles qui ont guidé notre route vers le Christ ? Combien y en a-t-il eu de ces événements, de ces rencontres, de ces paroles qui ont été comme des étoiles à certaines périodes sombres de notre vie !
L’or, l’encens et la myrrhe… De l’or, comme à un roi : car il s’agit que Jésus soit Seigneur de notre vie, qu’il règne sur nos désirs, nos projets, nos pensées, nos actes, nos choix… Jésus est roi, mais pas n’importe quel roi. La fragilité même de cet enfant de Bethléem nous montre que ce roi n’a pour seule puissance que celle de son amour. Il n’est tout-puissant que par amour ! De l’encens, comme à un dieu : car en Jésus, c’est plus qu’un prophète que Dieu nous envoie. Nous disons du Seigneur Jésus qu’il est désormais assis à la droite du Père ; c’est une manière de dire qu’il est égal au Père, vrai Dieu né du vrai Dieu.
De la myrrhe aussi, celle qu’on use pour les soins funéraires. Jésus n’a pas fait semblant d’entrer dans notre histoire. Les mages lui offrent de la myrrhe, car Lui qui était immortel a accepté, pour nous, de devenir mortel. Il nous a donné sa mort en gage de notre résurrection !
Enfin, c’est par un autre chemin que les mages regagnent leur pays… C’est l’image même de la vie chrétienne, c’est-à-dire de la conversion. Quand on a découvert Jésus, on ne peut pas continuer comme avant… Il faut changer de cap, prendre une autre route ! Demandons à Dieu qu’il en soit ainsi dans chacune de nos vies, pour que l’amour du Christ soit vraiment manifesté partout où des hommes, comme les mages de l’évangile, sont en quête d’un monde meilleur !
Père Charles-André Sohier
Source : http://www.kerit.be/homelie.php
2 commentaires
Merci Véronique de nous faire partager cette belle homélie.
Je vous souhaite beaucoup de joie pour cette année 2014
Brigitte
Merci Brigitte, à vous de même !