Comme les disciples de Jean Baptiste et les pharisiens jeûnaient, on vient demander à Jésus : «Pourquoi tes disciples ne jeûnent-ils pas, comme les disciples de Jean et ceux des pharisiens ?»
Jésus répond : « Les invités de la noce pourraient-ils donc jeûner, pendant que l’Époux est avec eux ? Tant qu’ils ont l’Époux avec eux, ils ne peuvent pas jeûner. Mais un temps viendra où l’Époux leur sera enlevé : ce jour-là ils jeûneront.
Personne ne raccommode un vieux vêtement avec une pièce d’étoffe neuve ; autrement la pièce neuve tire sur le vieux tissu et le déchire davantage. Ou encore, personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement la fermentation fait éclater les outres, et l’on perd à la fois le vin et les outres. À vin nouveau, outres neuves. »
Marc 2, 18-22
©AELF
Je viens de relire le billet que j’ai écrit l’année dernière sur cet évangile, et je souris un peu, car je mesure le chemin parcouru. J’y parlais de ma difficulté à jeûner et des brimades psychologiques que j’endurais. Un an a passé, je me sens beaucoup plus sereine !
Aussi ai-je envie de commenter aujourd’hui plutôt le verset “A vin nouveau, outres neuves.”
Le vin nouveau, je connais. Je vis dans une région viticole et fêter le vin nouveau est une tradition bien ancrée. Quand l’automne s’annonce, que les jours déclinent, qu’il faut à nouveau se couvrir, on se réunit le soir autour du vin nouveau sucré et capiteux avec quelques aliments qui “tiennent au corps”. Ici, c’est pain de campagne, fromage, lard et noix. Et l’ambiance est toujours joyeuse. Celles et ceux qui vendangent achèvent des semaines harassantes mais qui marquent un tournant dans l’année. On se demande si le cru sera bon. On se réjouit à l’avance des occasions de le déguster. Et la gaieté augmente à mesure que les bouteilles se vident…
Comme je suis enseignante, le vin nouveau, c’est aussi l’année scolaire nouvelle, où il faut tout reprendre à zéro. Ce qui était bien installé dans les petites têtes en juin est à réinventer pour les nouveaux visages de ceux qui savent à peine lire, écrivent péniblement la date, prennent la feuille de classeur à l’envers et risquent à chaque instant de se pincer les doigts dans les anneaux.
A vin nouveau, outres neuves. On remet l’ouvrage sur le métier qui n’est jamais le même selon le public qu’on a en face de soi.
N’en serait-il pas de même avec l’Esprit Saint ?
Jésus a fait voler en éclats la tradition dont il était issu. Que d’oppositions n’a-t-il pas rencontrées, lui qui savait pourtant parfaitement ce que le Père attendait de lui, lui qui était habile à déjouer tous les pièges légalistes qu’on allait lui tendre !
N’avons-nous pas tendance nous-mêmes à nous réinstaller dans une tradition ronronnante ?
Mais l’Esprit est souverain, et quand il veut souffler, il ne craint pas d’incommoder les vieilles outres pleines de vins vieux, certes millésimés, mais qui se croient par trop éternels.
Depuis bientôt un an, avec le pape François, nous en avons un bel exemple. Il n’a pas craint de faire grincer des dents jusque dans les profondeurs de l’Eglise !
Alors sortons de notre torpeur, osons l’aventure de l’Esprit Saint, et offrons aux jeunes outres un vin nouveau prometteur !