Frères bien-aimés, chacun devrait être toujours prêt à écouter, lent à parler, lent à se mettre en colère, car la colère de l’homme n’accomplit pas ce que Dieu attend du juste.
C’est pourquoi vous devez rejeter tout ce qui salit, tout ce qu’il vous reste de méchanceté, pour accueillir humblement la parole de Dieu semée en vous ; elle est capable de vous sauver.
Mettez la Parole en application, ne vous contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion.
Car écouter la Parole sans la mettre en application, c’est ressembler à un homme qui se regarde dans une glace, et qui, aussitôt après, s’en va en oubliant de quoi il avait l’air.
Au contraire, l’homme qui se penche sur la loi parfaite, celle de la liberté, et qui s’y tient, celui qui ne l’écoute pas pour l’oublier, mais l’applique dans ses actes, heureux sera-t-il d’agir ainsi.
Si quelqu’un croit être un homme religieux, alors qu’il ne sait pas mettre un frein à sa langue, il se trompe lui-même, sa religion ne mène à rien.
Devant Dieu notre Père, la manière pure et irréprochable de pratiquer la religion, c’est de venir en aide aux orphelins et aux veuves dans leur malheur, et de se garder propre au milieu du monde.
Jacques 1, 19-27
©AELF
Poursuivons avec plaisir notre périple dans l’Epître de Jacques.
J’y aime particulièrement tout ce qui touche aux péchés de langue, qui seront développés de manière plus directe encore qu’ici en Jacques 3.
Oui, la langue, un bien petit membre, mais capable des pires des péchés ! N’est-ce pas d’elle que viennent la médisance, la calomnie, la rumeur, les jugements hâtifs, les commérages de toute sorte ? Le pape François nous demandait la semaine dernière de nous abstenir des médisances au sortir de la messe. J’ai toujours été sidérée de ce qui peut s’entendre à la sortie d’une église. S’il est très doux d’y échanger des paroles bonnes, des voeux pour le dimanche, est-ce le lieu pour régler ses comptes de la semaine ?
A mesure que j’apprécie de plus en plus le silence pendant les jours de retraite que j’ai la joie de vivre maintenant régulièrement dans une abbaye cistercienne, je suis de plus en plus douloureusement sensible aux excès des commérages. Je dois travailler tous les jours avec une personne qui ne met aucun frein à sa langue, et comme c’est douloureux bien souvent ! Et je suis d’autant plus mal perçue que je fuis les occasions de commérages… A qui est coutumier des péchés de langue, trouver un auditoire qui y participe est une victoire. Rencontrer de la résistance à la médisance est un affront. Plus j’aspire au silence de mes amis moines, et plus je souffre du climat qui règne sur mon lieu de travail… On ne comprend même pas que je supporte mieux l’agitation de mes élèves – des enfants – que quelques paroles fielleuses échangées entre adultes pendant la pause de midi.
Si cela est très difficile à faire admettre à des personnes qui sont à mille années lumière de la foi, au moins nous, chrétiens, astreignons-nous à mettre un frein à notre langue quand fusent les commérages…
Image : Sculptures de la cathédrale de Strasbourg, Tentateur et vierges folles