Après le repas, il fit de même avec la coupe, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang. Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi. »Ainsi donc, chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez à cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne.
1Co 11, 23-26
Aujourd’hui, Jeudi Saint, c’est la grande fête de l’institution de l’Eucharistie. Je voudrais dire toute l’importance que ce sacrement a pour moi.
Sont venues les années du doute et je n’ai plus pratiqué, quand je me trouvais à une messe pour des raisons familiales, je ne communiais plus, ne voulant pas galvauder un sacrement qui n’emportait plus l’adhésion de ma foi. Et ma foi s’est étiolée de plus en plus.
J’ai raconté mes quinze années d’agnosticisme dans mon témoignage.
Le jour où je me suis à nouveau approchée de la table eucharistique, moulinée par la souffrance, j’ai mesuré toute la force qu’il y avait dans le sacrement du Corps du Christ, dans sa présence réelle pour ma consolation et la fortification de ma foi. Plus je retournais communier, et plus ma foi grandissait, et je ressentais clairement que l’Eucharistie m’avait manqué autant que l’abandon confiant à l’amour du Seigneur.
Il m’a été donné aussi de partager une souffrance qui blesse profondément l’Eglise catholique : je me suis vu un jour refuser un sacrement de réconciliation. Je l’ai accepté et j’ai cessé de communier pendant plusieurs mois, jusqu’à ce que je sois sortie de la situation qui avait motivé ce refus du Pardon. Infinie douleur. Rester assise dans le banc pendant que les autres allaient recevoir le Corps du Seigneur – y discernaient-ils sa présence réelle pour autant ? Mais je m’en suis tenue à l’obéissance à la discipline de l’Eglise. Et si je ne communiais plus au Corps du Seigneur, je communiais à la profonde blessure des divorcés remariés, même si ma situation n’était pas similaire. J’ai vécu dans ma pratique blessée leur humiliation.
Cette expérience m’a servi à mesurer toute situation à l’aune de mon attachement à l’Eucharistie : depuis deux ans, je n’ai véritablement rien préféré à l’amour du Christ, selon la recommandation de saint Benoît qui m’est si chère. Une situation qui me prive d’Eucharistie selon la discipline actuelle de l’Eglise, je la fuis. Absolument rien dans ma vie ne peut surpasser mon désir de communier au Corps du Christ toutes les fois où je le peux.
Je n’ai pas autorité pour juger la discipline de l’Eglise. J’ai simplement constaté dans ma vie que se voir refuser une absolution et fermer la route aux sacrements pour des raisons qui touchent à l’amour et non au péché contre le prochain est infiniment blessant dans notre relation aux autres et à Dieu. Le pieux conseil de la “communion de désir” ne peut pas satisfaire une âme assoiffée des sacrements comme l’est la mienne.
Depuis, j’ai fait un choix de vie radical et qui me comble. Je suis toute au Christ. Mais solidaire des divorcés remariés qui souffrent d’être stigmatisés, et qui ce soir, ne partageront pas la Cène du Seigneur…
Image : La Cène du Seigneur Leonard de Vinci
2 commentaires
Voici l’homélie du Jeudi Saint de Mgr Christian Kratz, évêque auxiliaire de Strasbourg. Un beau message d’espérance !
http://www.cathedrale-strasbourg.fr/files/news/Homelie_Mgr_Kratz_2012-0405_Jeudi_Saint.pdf
Il y a des choses dans ton post ici qui me sont profondément.. étrangères.
J’ai une foi personnelle, rattachée à aucune église en ce moment, ni Catholique, ni Protestante.
Jeune femme, je n’ai pas voulu me marier à l’Eglise, car je ne me sentais pas capable de faire une démarche où je n’adhérais pas totalement, et ne voulais pas prendre la cérémonie de mariage religieux à la légère.
Après 10 ans de mariage, mon mari et moi sommes mariés dans l’église d’Albuquerque où allaient mes parents, celle qui était MON église, avec mon pasteur. Chez moi, en quelque sorte. Mais avec des mots, et un rite que nous avons écrit nous-mêmes.
Depuis quelques années je m’autorise la communion aux funérailles, surtout.
Je ne vois pas qui m’interdirait de me rassembler autour du corps du Christ de cette manière, surtout à un moment si grave et universel.
Je ne suis pas quelqu’un de très obéissante…
Vois-tu, il y a déjà toute la Réforme dans la différence entre nos attitudes, attentes, et engagements.
Et elle date, la Réforme, n’est-ce pas ?
Ça m’intéresse, de prendre connaissance de la foi d’une Catholique croyante et pratiquante, et comprendre ce qui nous sépare, ainsi que ce qui nous rassemble.