Isaïe 25, 6-9
Psaume 22
Philippiens 4, 12-14.19-20
Matthieu 22, 1-14
Nous venons d’entendre la parabole des invités à la noce que Martin Luther définissait comme «l’évangile de la terreur »… peut-être que certains d’entre nous partagent la même opinion.
Cela dit, il est important de ne pas oublier qu’il s’agit d’une Parabole, c’est-à-dire d’un genre littéraire particulier dont le but, à travers des images et un langage particulièrement cru. N’oubliez pas que cela se passe en Orient, dont le but est de « piquer l’esprit des auditeurs », pour les faire réagir, les amener à se poser des questions…
Une lecture plus attentive de cette page évangélique nous fait découvrir qu’il ne s’agit pas d’une parabole mais de deux paraboles que l’évangéliste Mathieu a regroupées dans un seul récit.
La première parabole… les invités à la noce, concerne davantage le Peuple élu, tandis que la deuxième, celle où est question de l’habit de noces, concerne l’Église donc nous concerne nous en premier lieu.
C’est donc sur cette deuxième parabole que j’ai décidé de m’arrêter.
Dans cette parabole, deux images : celle du repas de noces et celle du vêtement de noce.
L’image du repas du festin de noce court comme un fil rouge à travers toute la Bible, des prophètes aux écris de la Sagesse, du Cantique des Cantiques aux Évangiles. Ces noces dont il s’agit ne sont autres que celles de Dieu avec l’homme. A travers cette image, la Bible nous rappelle que nous sommes tous appelés au bonheur.
L’image du vêtement de noce, elle aussi très présente dans la Bible, nous parle d’une façon particulière car le jour de notre baptême, nous avons été revêtus d’un habit blanc accompagné par ces mots «Maintenant tu as revêtu le Christ, que ce vêtement blanc soit le signe de ta nouvelle dignité » soit le signe de ta vie nouvelle dans le Christ Jésus.
Il est bon de savoir que les souverains orientaux offraient à leurs invités un habit de fête. Oui, ils leur offraient gratuitement un habit de fête pour participer au banquet, d’où la question posée à l’homme qui n’avait pas d’habit : « Mon ami comment es-tu entré ici sans le vêtement de noces ? »
Si l’invitation au banquet de noces ainsi que l’habit pour participer à la fête sont un don absolument gratuit sans aucun mérite de notre part… ce qui nous revient à nous, c’est d’accepter l’invitation à aller à la noce et surtout de revêtir l’habit qui nous a été donné.
Se revêtir de l’habit de fête, voilà notre liberté qui est en jeu, voilà à quoi nous avons à consentir. Nous sommes devant un choix, un choix libre, revêtir l’habit de fête ou ne pas le revêtir…
Je pense en particulier à vous qui vous préparez au sacrement de confirmation.
Le jour de votre baptême, vos parents ont choisi de vous revêtir de l’habit blanc du baptême de la Foi chrétienne. Aujourd’hui, c’est à vous de consentir à garder cet habit, à vous en revêtir d’une façon libre et consciente ou à vous en dévêtir.
Cet habit, ce vêtement, vous le comprenez bien, c’est un symbole.
Il représente l’Évangile comme le rappelle saint Jérôme : « L’Évangile, c’est le vêtement de l’homme nouveau ». Ce vêtement, c’est au fond le Christ Jésus, sa vie. Se vêtir du Christ c’est au fond vivre comme lui, comme Jésus a vécu, « faire nôtres ses gestes, son regard, être ses mains, avoir en nous ses mêmes sentiments, ses mêmes traits, comme nous le rappelle l’apôtre Paul : “Comme des élus de Dieu et ses bien-aimés, revêtez-vous de tendre compassion, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience, pardonnez-vous mutuellement” Col 3,12).
La robe nuptiale, c’est « Le visage de Jésus, c’est la douce tendresse, c’est la miséricorde pour tous nos frères et soeurs » (Dom André Louf) non pas une charité quelconque. Parfois des gens paraissent s’aimer entre eux, mais il n’y a point en eux de cette charité, de cette charité vraie qui naît d’un coeur pur, d’une bonne conscience et d’une foi sincère » (Augustin)
Oui, frères et soeurs « nous sommes tous invités à être les convives du Seigneur, à entrer avec la Foi à son banquet, mais nous devons revêtir et conserver en nous l’habit nuptial, la charité, vivre un profond amour pour Dieu et pour notre prochain » (Saint Grégoire le Grand)
Frère Marco
Source : http://www.abbaye-tamie.com/la_communaute/la_liturgie/homelies_tamie/homelies-2014/homelie-t-28/vue