Frères, souvenez-vous qu’en ce temps-là vous n’aviez pas de Messie à attendre, vous n’aviez pas droit de cité dans le peuple de Dieu, vous étiez étrangers aux alliances et à la promesse, vous n’aviez pas d’espérance, et, dans le monde, vous étiez sans Dieu.
Mais maintenant, en Jésus Christ, vous qui étiez loin, vous êtes devenus proches par le sang du Christ. C’est lui, le Christ, qui est notre paix : des deux, Israël et les païens, il a fait un seul peuple ; par sa chair crucifiée, il a fait tomber ce qui les séparait, le mur de la haine, en supprimant les prescriptions juridiques de la loi de Moïse. Il voulait ainsi rassembler les uns et les autres en faisant la paix, et créer en lui un seul Homme nouveau. Les uns comme les autres, réunis en un seul corps, il voulait les réconcilier avec Dieu par la croix : en sa personne, il a tué la haine. Il est venu annoncer la bonne nouvelle de la paix, la paix pour vous qui étiez loin, la paix pour ceux qui étaient proches.
Par lui, en effet, les uns et les autres, nous avons accès auprès du Père, dans un seul Esprit. Et donc, vous n’êtes plus des étrangers ni des gens de passage, vous êtes citoyens du peuple saint, membres de la famille de Dieu, car vous avez été intégrés dans la construction qui a pour fondations les Apôtres et les prophètes ; et la pierre angulaire c’est le Christ Jésus lui-même. En lui, toute la construction s’élève harmonieusement pour devenir un temple saint dans le Seigneur. En lui, vous êtes, vous aussi, des éléments de la construction pour devenir par l’Esprit Saint la demeure de Dieu.
Éphésiens 2, 12-22
©AELF
Magnifique passage de saint Paul, qui me remplit de nostalgie de ce temps où il pensait que ceux qui appartiennent au Christ étaient unis pour toujours. Il s’est épuisé à rassembler païens et Juifs convertis à l’Evangile. Il a fallu pour cela dépasser la stricte observance de la loi de Moïse.
Ce qui me chagrine aujourd’hui n’est pas tant que la religion juive ait poursuivi son histoire. Je respecte profondément nos frères aînés dans la foi et trouve toujours à m’enrichir à leur contact.
Non, ce qui me peine le plus, c’est que des murs de haine se soient élevés entre chrétiens, que l’on ait pu s’entretuer entre chrétiens pour quelques différences de vues, que ce problème ne soit pas résolu par exemple en Irlande, qu’il demeure tant d’incompréhension et de méfiance entre catholiques, protestants, évangéliques et orthodoxes. Les gestes qui ont été posés entre le pape François et le patriarche œcuménique Bartholomée m’ont profondément réconfortée. Il y a là tout un chemin d’espérance qui s’ouvre.
Mais que d’oppositions parfois encore violentes entre catholiques et réformés ! Que de jugements lapidaires suis-je parfois amenée à lire ici ou là au gré des lieux d’échange sur le net !
Il est venu annoncer la bonne nouvelle de la paix, la paix pour vous qui étiez loin, la paix pour ceux qui étaient proches.
Qu’avons-nous fait de ces mots de Paul qui jetait les fondations d’une Eglise du Christ unie ?
Que faisons-nous au jour le jour pour guérir cette blessure ouverte de notre division, contre-témoignage permanent à la face du monde ?
J’ai pris dans mes prières les plus ardentes les vœux pour la progression de l’œcuménisme. Je m’emploierai toujours à chercher à jeter des ponts là où des fossés d’incompréhension nous séparent.
Que soient bénis les grands acteurs de l’œcuménisme, frère Roger de Taizé et ses successeurs, les réformateurs prophétiques de Vatican II, et tous ceux qui œuvrent dans l’ombre et la discrétion pour que nous puissions un jour donner le visage purifié d’une Eglise unie autour de la pierre angulaire qu’est le Christ Jésus !