Voici un extrait du discours du cardinal Emmanuel Suhard, fondateur de la Mission de France, à la communauté des prêtres de Saint Séverin en 1948. Il y a de quoi méditer longuement en ces temps ou certains catholiques donnent parfois une curieuse image de l’Eglise ( je fais allusion aux discussions politiques qui ont cours ces derniers jours sur les forums catholiques…)
Il faut réhabiliter les petites gens, les humbles aux yeux du monde, ceux qui ont manqué leur vie, les oubliés, les méprisés. Aux yeux de Dieu, ce sont eux qui comptent. Alors je vous le demande, à vous qui souffrez ou qui ne dormez plus à la pensée du lendemain, n’est-ce pas une grande chose que de savoir que vous êtes ceux qui ont raison, et qui, comme le disent les béatitudes, possèdent dès maintenant la terre ? C’est chez vous que se gardent le détachement du coeur, le mystère de la vie cachée, la patience et la vraie charité. Depuis le Christ, quelque chose a changé : ce ne sont plus les princes ou les puissants qui décident seuls des événements. Désormais, c’est vous, surtout, qui faites l’histoire. Sans que la terre le soupçonne, vous êtes la richesse même du monde, ses valeurs les plus précieuses. Comme en Palestine, c’est vers vous que le Christ s’approche le plus souvent et de préférence à tous les autres. Chez qui descendait-il ? Chez des pécheurs, des publicains. Auprès de qui faisait-il ses miracles ? Auprès des infirmes, des lépreux. Le fils qu’il rend à sa mère, c’est le fils de la veuve de Naïm. Au lieu de chercher l’efficience, comme on dit de nos jours, et d’aller chez ceux qui possèdent les positions clefs, Notre Seigneur va d’emblée chez ceux qui ne possèdent rien, qui ne savent rien, qui ne comptent pour rien et il en fait ses disciples, il en fait des apôtres.
Le Cardinal Suhard est décédé en 1949. On le considère comme un précurseur de Vatican II qui s’ouvrira 13 ans plus tard…
Source : “Prier 15 jours avec le cardinal Suhard”, Roch-Etienne Migliorino, Editions Nouvelle Cité, 2009
18 commentaires
Debbie ,dans les année 60-70 ,j’étais une leceur fervent de la revus ” Frères du Monde ”
En voici un extrait retrouvé sur internet . IL m’en reste des traces ….
L’étude de l’engagement de Frères du Monde contre la guerre du Vietnam (1965-1973) permet de mettre en évidence les tensions existant entre la sphère du religieux et celle du politique, au sein d’un groupe de catholiques engagés, au cours de la décennie marquée par mai 68. Au début de la guerre du Vietnam, en février 1965, cette revue catholique, dirigée par des Franciscains bordelais, prend une position originale dans les milieux chrétiens : elle condamne très rapidement et très fermement l’intervention américaine. Ses rédacteurs « témoignent » en faveur du peuple vietnamien et dénoncent, en termes marxistes-léninistes, l’impérialisme américain. A travers les analyses, les prises de positions et les actions de Frères du Monde à propos du Vietnam, c’est le glissement vers le gauchisme d’une fraction minoritaire de la gauche chrétienne que l’on peut observer.
Olivier, malgré le fait que je reconnais malheureusement les fondements… EVANGELIQUES dans le modèle marxiste, je le récuse complètement.
Marx… était moins visionnaire/prophète que Jésus…
Relis… BIEN, Olivier.
La première formule n’est pas si.. désintéressée que ça…et pas trop naïf non plus.
Il y a comme un relent de troc là dedans.
Debbie
C’est exact : un capital( un avoir) plus un capital , cela constitue un plus gros capital dont on bénéficie à deux …
Par contre si cela structure une communauté dont tous les membres en bénéficient , c’est une sorte de “communisme”. Un idéal pour naïfs ? Peut-être,puisque ce communisme de l’ex Union- Soviétique n’a pas survécu . A chacun selon ses besoins selon leur formule . Idée généreuse au départ mais pas réaliste probablement .
Relis… BIEN, Olivier.
La première formule n’est pas si.. désintéressée que ça…et pas trop naïf non plus.
Il y a comme un relent de troc là dedans.
……Il en sort quatre possibilités : « ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi ». C’est la position des idiots, des naïfs pleins de bonnes intentions (c’est Eisenberg et les rabbins qui le disent).
« Ce qui est à moi est à moi, et ce qui est à toi est à moi. » La position de l’impie, le corrompu.
« Ce qui est à toi, est à toi, et ce qui est à moi, est à moi ». La voie moyenne, et celle qui risque de conduire à Sodom (pour moi, la parti pris de notre modernité. Cette position conduit à l’intolérance, et à la guerre, contrairement à toute attente.)
« Ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à toi. »
C’est la position de ? l’humilité ? la générosité ?
On peut dire que quand on aime quelque chose, on veut souvent.. le partager……”
Debbie
J’aurais une tendance naturelle pour la première formule : celle des naïfs … C’est vrai qu’elle m’a souvent coûté cher ( financièrement ) et qu’elle a favorisé ceux qui en ont profité . C’est un peu dans ma nature ou dans ma culture de me laisser … exploiter ! D’un côté ,je le regrette mais d’un côté spirituel ,c’est un désintéressement qui devrait m’honorer …
Debbie ,d’ Armand Abécassis ,j’ai lu ” En vérité je vous le dis .Une lecture juive des évangiles ” . Je l’ai toujours à portée de mains et m’y réfère souvent .
Véronique ,vous avez parfaitement raison si on considère le Christ de la foi bien développé dans l’Evangile de Jean . Il se fait que je m’intéresse beaucoup au Jésus de l’histoire et aux débuts du christianisme .
Voici ,par exemple ce qu’en dit Marie-Emile Boismard dans son livre ” A l’aube du christianisme ” :
” « Ainsi les dogmes auxquels nous croyons maintenant ne sont pas nés du jour au lendemain avec le christianisme. Aussitôt après la résurrection du Christ, les apôtres ne croyaient pas encore que Jésus était Dieu, ils n’avaient aucune notion du mystère de la Trinité, ils ne soupçonnaient même pas que la mort de leur maître eût une valeur rédemptrice. Ce fait est admis par la quasi-totalité des théologiens modernes. La question se pose alors inévitablement : à quel moment sont nés les principaux dogmes de l’Eglise, et comment se sont-ils-ils progressivement formés ?»
Olivier, je te recommande particulièrement les livres de Josy Eisenberg, et Armand Abécassis, “A Bible Ouverte”.
Le troisième sur le premier meurtre, et la fondation de la vie en société s’appelle “Moi, suis-je le gardien de mon frère”, parole de Caïn à Dieu quand celui-ci vient lui demander où est Abel après le premier meurtre.
Parmi les méditations qu’on peut trouver sur le premier meurtre, je trouve les interrogations sur le rapport à la propriété.
Il en sort quatre possibilités : “ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi”. C’est la position des idiots, des naïfs pleins de bonnes intentions (c’est Eisenberg et les rabbins qui le disent).
“Ce qui est à moi est à moi, et ce qui est à toi est à moi.” La position de l’impie, le corrompu.
“Ce qui est à toi, est à toi, et ce qui est à moi, est à moi”. La voie moyenne, et celle qui risque de conduire à Sodom (pour moi, la parti pris de notre modernité. Cette position conduit à l’intolérance, et à la guerre, contrairement à toute attente.)
“Ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à toi.”
C’est la position de ? l’humilité ? la générosité ?
On peut dire que quand on aime quelque chose, on veut souvent.. le partager.
Pour les “élucubrations intellectuelles”, j’en ai marre d’entendre cette sempiternelle OPPOSITION entre le coeur, et l’esprit, comme si on pouvait, même DEVAIT les séparer, et comme si l’un était supérieur à l’autre.
Pour moi.. c’est une position qui conduit à.. UN AUTRE ORGUEIL.
Et du populisme, par dessus le marché.
Très peu pour moi, merci.
J’ai appris ce matin en écoutant Jordi Savall, un grand musicien très… OECUMENIQUE, puisque la musique rassemble beaucoup, beaucoup, que partout où passe l’Occident.. l’intolérance flambe.
La question à dix mille sous : POURQUOI, A VOTRE AVIS ??
J’ai mes petites idées la dessus…
Petit complément en ce qui concerne Jésus et la pauvreté .
Jésus était un pharisien mais plus probablement un pharisien hassidim .
Ce mouvement mettait particulièrement en évidence l’idéal de pauvreté .
Selon leur formule ” Ce qui est à toi est à moi et ce qui est à moi est à toi “.
De là , sa sympathie pour les esséniens et notamment Jean Baptiste .
Jésus était avant tout le Fils de Dieu.
Toute sa Parole, il l’a puisée dans sa prière avec le Père.
Et Jean-Baptiste était son cousin, celui qui “venait avant lui” et qui était chargé de le révéler au monde.
Tout le reste sont des élucubrations intellectuelles.
Le sens de “pauvreté” peut être métaphorique.
Le pauvre qui n’a pas de biens jouit, en certains cas, d’une grande liberté. DANS CERTAINS CONTEXTES.
Il PEUT jouir d’une liberté.. intérieure.
Austérité et pauvreté ne sont pas synonymes, d’ailleurs.
Je me rebiffe contre les tentatives de faire de l’Eglise Catholique une démarche UNIQUE/UNE/MONO.
Il y a de la place pour le rite fastueux. AVEC des ordres qui s’occupent des pauvres AUSSI.
J’ai toujours cru que parmi les choses les plus.. FOLLES que l’Eglise Catholique pouvait offrir aux pauvres, c’était la possibilité d’accéder à cette beauté du rite (que je vois en tout cas…), gratuitement, et à côté du riche.
Une telle église est démocratique, tout en étant hiérarchique. Pour les pauvres, et les riches.
Si vous ne croyez pas cela, alors que faire des paroles de Jésus devant les disciples qui auraient voulu vendre le parfum cher répandu sur ses pieds et donner l’argent aux pauvres ?
Il a dit, si mes souvenirs sont exactes “les pauvres, vous les aurez toujours avec vous”.
Voilà une parole.. réaliste, pour employer un mot que je n’aime pas.
Il y avait une noblesse, une beauté, une gratuité dans le geste de Marie qui ne se laisse pas réduire à une démarche utilitaire efficace.
Le rite fastueux PEUT ouvrir à cette dimension aussi.
Pas si.. on est en train de compter les centimes, et attacher des étiquettes de prix aux costumes, bien entendu…
Quand François a été invité à rejoindre l’Eglise Catholique, et fonder son ordre, c’était à coté de ce qui était déjà là, et pas à la place de…
Ouf.
Qu’on cesse de JUGER l’Eglise Catholique à partir de la fièvre égalitaire que l’Evangile ? Paul ? a déjà poussé au paroxysme…
Je cite, vers la fin de l’article (avec lequel je ne suis pas trop d’accord) :
“A moins de revirements déchirants et inattendus, le catholicisme disparaîtra donc de nos régions ou, plus vraisemblablement, se réduira à une peau de chagrin.”
Eh bien moi, l’espérance chevillée au coeur, je suis sûre que l’Eglise catholique peut vivre un sursaut de crédibilité, et en s’engageant plus avant dans l’oecuménisme, rassembler à nouveau les “brebis perdues sans berger.”
Voici le lien vers l’article du journal cité :
S’il n’apparaît pas , le copier ,le coller sur Google et enter !
http://www.lalibre.be/debats/opinions/article/734098/dechristianisation-non-decatholisation.html
Extrait d’un article d’un journal paru ce matin :
” ……Qu’on me pardonne ce trait d’humeur, sans doute un peu facile. Qui n’a pas été sidéré devant ces grandes cérémonies vaticanes où l’on voit de longs cortèges de princes de l’église, mitrés et vêtus d’ornements d’un autre temps, encadrés de gardes suisses revêtus d’uniformes de théâtre, célébrer sous la conduite du souverain pontife la puissance et la gloire de l’imperium catholique dans une basilique-palais Saint-Pierre regorgeant d’or, de marbre et d’œuvres d’art ? N’est-on pas là à des années-lumière du message évangélique? La communauté de Taizé, par exemple, démontre à suffisance que peuvent communier dans de grands rassemblements ceux qui partagent la même foi et la même espérance de manière cohérente avec ce qui les anime. ”
La pauvreté n’a pas toujours été appliquée …
Olivier, oui, cela fausse l’image de l’Evangile, mais pour ma part je n’ai jamais fréquenté cette Eglise-là. Je suis issue d’une famille très modeste et ancienne militante JOC. Je comprends très bien ce que le cardinal Suhard voulait exprimer. Et j’ai posté ce sujet en réaction à des débats qui m’exaspèrent sur certains forums catholiques au sujet des élections.
Mais je rebondis sur ce qu’a écrit plus haut le père Jeuge : les grandes oeuvres destinées à soulager les souffrances des plus pauvres depuis 2000 ans ont presque toutes été fondées par des religieux qui avaient compris en profondeur le sens de l’Evangile. Sans eux, qui se serait préoccupé des plus pauvres ?
” Il faut réhabiliter les petites gens, les humbles aux yeux du monde, ceux qui ont manqué leur vie, les oubliés, les méprisés. Aux yeux de Dieu, ce sont eux qui comptent ”
Si je devais classer au premier rang une valeur du christianisme , ce serait celle indiquée dans le texte ci-dessus :
l’attention aux pauvres . Tout en faisant remarquer qu’en tant qu’institution le catholicisme s’est ,au cours des siècles passés et probablement encore aujourd’hui très rapproché des riches ,des puissants .
Mais d’où vient cette importance donnée à la pauvreté ? Je ne suis pas sûr qu’elle vienne de Jésus lui-même qui n’est pas né pauvre . Issu d’une famille que l’on désignerait aujourd’hui de la classe moyenne : artisan ,entrepreneur .
Par contre le lien entre les premiers chrétiens ( appelés Nazôréens puis judéo-chrétiens ) et le mouvement des esséniens est assez évident . Jean-Baptiste était probablement un essénien ; il en a le profil : austérité ,pauvreté . Jésus ,ne l’oublions pas ,a d’abord été un disciple de Jean-Baptiste . Il a poursuivi seul après la mort de Jean-Baptiste et s’est entouré de disciples pas nécessairement pauvres non plus .
Jésus a su s’entouré de sympathisants riches ayant pignon sur rue .
Je pense donc que la caractéristique “pauvreté ” du christianisme nous vient de l’essénisme . A la destruction du Temple de Jérusalem en l’an 70 et la diaspora juive , des esséniens ont rejoint le groupe des premiers chrétiens et l’ont influencé . On peut citer un certain nombre de caractéristiques issues de l’essénisme notamment la mise en commun des biens ,le baptême . Jésus suivait le calendrier solaire des esséniens et non le calendrier lunaire des juifs etc. La dernière cène de Jésus s’est passé dans le quartier essénien de Jérusalem etc.
Et bé…
Que dire ?
Je ne suis pas séduite.
Depuis le temps que je suis.. invisible aux yeux de ce monde, je pense que la grande erreur de Jésus, l’erreur qui a contribué à le conduire au croix (ce qui, pour moi, n’est pas une réussite, en tout cas, pas intrinsèquement une réussite), c’est de venir pour… les pauvres, certes, mais en excluant les riches.
Pour moi, il est fondamentalement mauvais de cliver les riches, et les pauvres. De les séparer, en cultivant l’orgueil chez l’un OU l’autre. D’attiser la haine, et le ressentiment qui sont déjà naturels entre les deux.
On va dire aux pauvres qu’ils sont les VRAIS détenteurs du message christique ? Pour.. compenser/réparer pour eux le fait de ne pas avoir des thunes, et du savoir ? Pure folie, à mes yeux. Et fondamentalement, un moyen de valoriser subtilement ENCORE… les thunes et le savoir, tout en proclamant le contraire.
A vrai dire… le pauvre a besoin du riche, et le riche… a besoin du pauvre.
Dans un monde vraiment idéal, on ferait voir à tout un chacun qu’il compte, et on ne construirait… ni des ghéttos pour riches, ni des ghettos pour pauvres.
Comme j’ai dit ailleurs, si vous avez besoin d’un éboueur, à quoi ça sert d’avoir dix toubibs sous la main, par exemple ?
Ce qui manque à ce bas monde ? La possibilité pour tout un chacun de voir, sentir quand il est riche que le pauvre a deux yeux, une sensibilité, qu’il pleure quand on le blesse.
Et quand il est pauvre ?? De s’apercevoir que le riche aussi… a deux yeux, une sensibilité, et qu’il pleure quand on le blesse.
Cela vous semble une évidence.
Ce ne l’est pas le moins du monde.
Chaque jour je vois le résultat des partitions sociales que nous mettons en place pour rester bien… entre nous, si j’ose dire.
Et je constate, à ma grande surprise, que contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, riches.. ET PAUVRES tiennent bien à rester… entre eux.
Ahurissant, hein ?
Ahurissant, mais vrai.
Alors, devant de tels constats, qui sont vrais pour moi, ce qui manque en France, comme ailleurs, ce sont DES LIEUX COMMUNS où riches et pauvres peuvent se fréquenter, se voir, voir comment ça se passe pour les uns et les autres.
Idéalement… c’est la mission de la République de construire ces lieux physiques et réels qui sont le fondement même de.. la laïcité.
Jésus n’a jamais commis aucune erreur. Aux yeux de Dieu, aucune.
Je n’ai pas l’honneur de vous connaître, mais je pense (je suis même sûr!) que vous êtes complètement à côté de la “plaque” comme on dit vulgairement… Si Jésus a manifesté un amour particulier pour les pauvres, c’était pour manifester l’infinie bonté de Dieu… Il n’a pas maudit les riches, mais tenté de leur faire comprendre que ce n’était pas elle la voie du bonheur… L’Eglise, dans la suite des temps, a malheureusement, été plus souvent amie des riches que des pauvres… sauf certains grands Saints que vous connaissez certainement: depuis St Vincent de Paul jusqu’à Mère Teresa ou Soeur Emmmanuelle, mais il faudrait en citer mille!
Un prêtre inconnu de vous, mais ami de Véronique!