2 Pierre 3, 8-14,
8 Bien-aimés, il y a une seule chose que vous ne devez pas oublier : pour le Seigneur, un seul jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un seul jour.
9 Le Seigneur ne tarde pas à tenir sa promesse, alors que certains prétendent qu’il a du retard. Au contraire, il prend patience envers vous, car il ne veut pas en laisser quelques-uns se perdre, mais il veut que tous parviennent à la conversion.
10 Cependant le jour du Seigneur viendra, comme un voleur. Alors les cieux disparaîtront dans un bruit strident, les éléments embrasés seront dissous, la terre, avec tout ce qu’on a fait ici-bas, ne pourra y échapper.
11 Ainsi, puisque tout cela est en voie de dissolution, vous voyez quels hommes vous devez être, en vivant dans la sainteté et la piété,
12 vous qui attendez, vous qui hâtez l’avènement du jour de Dieu, ce jour où les cieux enflammés seront dissous, où les éléments embrasés seront en fusion.
13 Car ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice.
14 C’est pourquoi, bien-aimés, en attendant cela, faites tout pour qu’on vous trouve sans tache ni défaut, dans la paix.
A propos de ce texte
Cette lettre attribuée à Pierre daterait des années 80 après la destruction de Jérusalem par les Romains. Cette lettre s’adresserait déjà à la seconde génération de chrétiens, à une communauté composée de judaïsants qui ont fui au moment de la destruction.
Les premiers chrétiens sont dans une tension : il y a le souvenir tout proche de Jésus et son retour qui est annoncé proche. La première génération de chrétiens est morte dans l’attente de ce retour qui n’a pas encore eu lieu. D’où la question : quelle attitude adopter concernant le retour de Jésus ressuscité dans la gloire ? Patience ou impatience ? Confiance ou méfiance ? Voilà l’objet de cette étape de notre méditation.
Les premières générations de chrétiens ont d’abord attendu ce retour de Jésus comme imminent. La seconde génération doit apprendre, dit André Sève dans « Saisis par le Christ », à vivre entre deux flous : les souvenirs du Jésus de l’Evangile s’estompant et le retour triomphant du Ressuscité semble de plus en plus problématique ».
Et voilà que non seulement ce jour n’arrive pas mais au contraire il s’est transformé en catastrophe.
On comprend la déception des chrétiens : l’attente de la venue du Seigneur fut tout autre que celle tant attendue. Le risque du découragement est grand et il est important de mettre la communauté en garde. Plusieurs profitant de ces événements pour décourager les croyants jettent la communauté dans le désarroi.
v. 8. « Mes bien-aimés, il y a une chose que vous ne devez pas oublier : pour le Seigneur, un seul jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un seul jour. Pierre s’appuyant sur le psaume 90,4, « Oui, mille ans, à tes yeux, sont comme hier, un jour qui s’en va, comme une heure de la nuit », met l’accent sur le fait que Dieu est en dehors du temps et son action n’est pas soumise à notre temps historique ; on ne peut obliger Dieu à agir selon nos urgences.
Comme le Christ le faisait en face des questions difficiles, Pierre invite à prendre de la hauteur par rapport aux événements douloureux qui se sont passés et avoir un autre regard, celui du Christ. Le temps nous est donc donné, comme à l’humanité tout entière, pour nous permettre de comprendre toujours mieux où Dieu désire nous conduire. Dieu nous donne le temps d’intégrer l’Évangile du Christ toujours plus dans notre vie, Tout en respectant notre liberté, Dieu nous propose de prendre notre part dans la réalisation de son projet de sauver tous les hommes.
v. 9 : Le croyant doit juger ce retard sur d’autres critères qu’une décision ou sanction de Dieu, selon que des esprits un peu faibles ou une foi branlante pourraient imaginer. Plutôt que de retard Pierre parle de d’un délai de grâce : « il prend patience envers vous, car il ne veut pas en laisser quelques-uns se perdre, mais il veut que tous parviennent à la conversion. ». C’est le temps de la longue patience de Dieu. Dieu prend le rythme, la lenteur de nos conversions qui sont bien loin d’être impatientes. Il faut être vigilant !
Le Seigneur n’est pas en retard pour tenir sa promesse, comme le pensent certaines personnes mais, à travers ce temps qui semble s’éterniser, c’est lui-même qui prend patience face à la lenteur de nos conversions. C’est tout le contraire de nos impatiences ! C’est pour vous qu’il patiente : car « il n’accepte pas d’en laisser quelques-uns se perdre ; mais il veut que tous aient le temps de se convertir. »
C’est la miséricorde de Dieu qui est le seul motif de ce retard, ce qui n’exclut pas pour autant le jugement de Dieu, car après la seconde venue il n’y aura plus d’occasion de se repentir, se convertir. La miséricorde laisse toujours la possibilité de la conversion.
v. 10 « Cependant le jour du Seigneur viendra ». Le jour du Seigneur viendra à l’improviste, et il s’agit dès lors pour chacun de veiller et d’être prêt pour le jour où il sera confronté, dans un face à face crucial et décisif, à l’inouï de l’amour de Dieu. Tel est le véritable enjeu de ce Jour. En Jésus, le dernier mot sur Dieu est dit. Le jugement c.à.d. la rencontre avec le Seigneur aura lieu, elle arrivera. C’est une certitude : le jour du Seigneur viendra comme un voleur. Alors les cieux disparaîtront avec fracas, les éléments en feu seront détruits, la terre, avec tout ce qu’on y a fait, sera brûlée. C’est une certitude qui devrait avoir une répercussion dans notre vie et nous faire prendre à cœur cet événement avec ses conséquences.
v.11 : « Comme un voleur » : ainsi arrivera le Jour du Seigneur qui nous invite à la vigilance. Il agit comme du feu, instrument de destruction du monde ancien. Ainsi, puisque tout cela est en voie de destruction, vous voyez quels hommes vous devez être, quelle sainteté de vie, quel respect de Dieu vous devez avoir, vous qui attendez avec tant d’impatience la venue du jour de Dieu (ce jour où les cieux embrasés seront détruits, où les éléments en feu se désagrégeront).
La seconde venue ne doit pas provoquer la peur mais doit être considérée comme un encouragement à vivre saintement. Car ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice.
Dans l’attente de ce jour, frères bien-aimés, faites donc tout pour que le Christ vous trouve nets et irréprochables, dans la paix.
Comment attendre et hâter l’avènement du jour de Dieu ? Puisque tout sera dissous et la face du monde déformée par le péché, Dieu nous prépare une nouvelle demeure et une nouvelle terre où règnera la justice et la béatitude comblera et dépassera tous les désirs de paix qui sont au cœur de l’homme.
C’est un changement radical en ce sens que le changement opèré modifie toute chose à la racine: la nouveauté est totale.
En chacun de nous, c’est toute trace de mal qui est appelée à disparaître ; seules resteront les semences du royaume : le soleil de justice les fera germer. Nous n’avons donc rien à craindre d’un soleil qui apporte la guérison. Que du contraire ! Nous avons raison de l’attendre avec impatience.
Si ce monde nouveau est présenté comme devant avoir lieu à la fin de ce monde, le passage doit cependant se faire chaque jour et commencer en chacun. D’où l’appel à la sainteté. Appel à une vie tout imprégnée de la paix et de la justice de Dieu. En y répondant, nous hâtons même la venue du Seigneur.
Source : http://www.portdusalut.com/2e-Dimanche-de-l-Avent-B