Actes des Apôtres 3, 13-15. 17-19
Psaume 4
1 Jean 2, 1-5a
Luc 24, 35-48
Parmi les récits de résurrection, celui de Luc que nous venons d’entendre est celui qui insiste le plus sur la réalité corporelle de l’au-delà de la mort. Ecrivant pour des lecteurs grecs, dont les schémas mentaux, à la suite du grand philosophe Platon, parlaient de l’immortalité de l’âme, abandonnant « la prison du corps », Luc veut manifestement affirmer que Jésus ressuscité n’était pas seulement une âme. En médecin qu’il était, habitué à ausculter les corps, il insiste avec un luxe de détails réalistes sur les aspects biologiques : les mains, les pieds, les cicatrices et jusqu’à l’estomac ! « Touchez-moi… regardez… donnez-moi à manger ! » Décidément, pour Luc, le ressuscité d’aujourd’hui est bien le crucifié d’avant-hier ! Le signe des clous permettra aux témoins d’annoncer que son humanité, corps et âme indissociablement liés, est habitée par une personne divine. Elle est désormais indestructible, à tout jamais. Ce signe annonce que, nous aussi, nous serons saisis et transformés, sans être détruits, dans la résurrection de tout notre être.
Car Dieu nous veut vivants et la réussite totale de son dessein créateur s’achève dans une résurrection de la chair pour chaque personne, pour chaque individu personnel. Le modeste récit de Luc nous montre bien que c’est le corps du crucifié, encore labouré de cicatrices, qui est ressuscité, mais dans un mode d’existence qui nous dépasse… comme tout ce qui est divin, d’ailleurs !
Un indice de l’authenticité de ce récit est la surprise des apôtres que l’événement laisse stupéfaits et remplis de peurs. « Dans leur joie, ils n’osaient pas y croire », dit simplement l’évangile. Cette crainte montre bien qu’ils n’ont pas inventé cette histoire ni échauffé leur imagination.
Eh bien que ce réalisme de la résurrection de Jésus, qui annonce notre propre résurrection charnelle, nous aide à passer d’une foi du bout des lèvres à une foi dans nos comportements de vie quotidienne. C’est dans le concret de nos situations familiales, professionnelles et de responsabilités que doit s’incarner notre foi.
Nous pouvons tirer un autre enseignement de ce récit de saint Luc. Jésus ressuscité introduit longuement les apôtres à l’intelligence des Ecritures. En ce temps de Pâques, demandons la grâce de recevoir le goût de la Parole de Dieu. L’Eglise nous en offre, en bonne mère de famille, des tranches chaque jour, et une part plus importante le dimanche. Sachons l’accueillir, dans le cœur, et nous en nourrir pour la vivre dans le quotidien.
Père Charles-André Sohier
Source : http://www.kerit.be/homelie.php