À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Celui qui a reçu mes commandements et y reste fidèle, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. »
Jude lui demanda : « Seigneur, pour quelle raison vas-tu te manifester à nous, et non pas au monde ? »
Jésus lui répondit : « Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui.
Celui qui ne m’aime pas ne restera pas fidèle à mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé.
Je vous dis tout cela pendant que je demeure encore avec vous ; mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. »
Jean 14, 21 – 26
Je trouve que cet Evangile tombe très bien aujourd’hui. Le méditer nous force à nous recentrer sur la pédagogie de Jésus, qui n’a jamais varié depuis qu’il est retourné vers le Père. Le Christ nous enseigne une fois de plus que sa manière d’entrer en relation avec la femme, l’homme, est toute personnelle, intime, intraduisible socialement. Lui qui, comme le Père “scrute les reins et les coeurs”, voit en chaque âme où est la fidélité à sa Parole et où elle n’est pas. Et là où le désir sincère de vivre selon ses commandements est présent, il se donne dans le secret de la prière, nous promettant par surcroît l’amour du Père et leur don conjoint, l’Esprit Saint.
Ces derniers jours, j’ai beaucoup lu ce qui se disait sur les forums catholiques, sans participer aux discussions. J’ai lu beaucoup d’invectives, beaucoup de jugements péremptoires, beaucoup de craintes pour ses petits – ou grands – acquis, beaucoup de préoccupations financières, beaucoup de certitudes d’avoir la morale de son côté, beaucoup de rejet de l’étranger, et un alarmisme presque ridicule tant il était disproportionné.
J’ai lu, et comme je ne ressentais pas les mêmes préoccupations, je me suis demandé si c’était moi qui étais complètement aveugle à la barbarie qui risquait de déferler sur notre beau pays, ou si je n’avais pas peut-être, tout simplement, l’Evangile inscrit au fond du coeur différemment de ceux qui hurlaient avec les loups.
Il me semble, à force de lire, relire et méditer l’Evangile chaque jour que Dieu me donne à vivre, que je me souviens vraiment de tout ce que Jésus nous a dit.
Je le connais proche de l’opprimé, du méprisé, du stigmatisé, de l’étranger, de celui qui chute dans le péché mais qui peut se relever à son pardon.
Peut-être ceux-là ne ressemblent-ils plus de nos jours à ceux de l’Evangile. Certes, nous ne croisons plus de lépreux dans les rues. Mais quel regard portons-nous sur les patients occasionnels des hôpitaux psychiatriques ? Ne les préférons-nous pas bien enfermés à double tour plutôt que vivant dans la cité ? Les Juifs ne voulaient pas se mêler aux Samaritains. Et nous, avec qui craignons-nous de partager les richesses d’un pays qui a la chance de se trouver en zone climatique tempérée ?
J’ai lu aussi ici et là des regrets que l’on ne puisse espérer dans notre belle France une théocratie.
Eh bien lisons simplement l’Evangile d’aujourd’hui.
Non, le Christ ne se manifestera pas au monde pour régner sur le monde par la force. Avons-nous déjà oublié que son Royaume n’est pas de ce monde, justement ?
Par contre, il nous a bien promis d’élire domicile au coeur de notre âme, avec le Père et l’Esprit Saint, si nous gardons ses commandements.
Gardons-les d’abord nous-mêmes, chacun, en nous. Alors, dans le murmure de l’Esprit Saint, nous pourrons comprendre de quelle manière le Christ, pauvre parmi les pauvres, veut que nous agissions sur le monde.
Image : Quatre scènes de la vie de saint François, feuillet du Legendarium hongrois-angevin – Bologne et Hongrie – vers 1335-1340 – (c) RMN / Michèle Bellot
1 commentaire
Bien… vu, à mon avis.
Je partage tes sentiments sur le lieu où Jésus parle, et l’importance de l’intimité.
La séparation privé/public.