Quel malheur pour vous, pasteurs ! Vous laissez périr et vous dispersez les brebis de mon pâturage – oracle du Seigneur !
C’est pourquoi, ainsi parle le Seigneur, le Dieu d’Israël, contre les pasteurs qui conduisent mon peuple : Vous avez dispersé mes brebis, vous les avez chassées, et vous ne vous êtes pas occupés d’elles. Eh bien ! Je vais m’occuper de vous, à cause de la malice de vos actes – oracle du Seigneur.
Puis, je rassemblerai moi-même le reste de mes brebis de tous les pays où je les ai chassées. Je les ramènerai dans leur enclos, elles seront fécondes et se multiplieront.
Je susciterai pour elles des pasteurs qui les conduiront ; elles ne seront plus apeurées ni effrayées, et aucune ne sera perdue – oracle du Seigneur.
Voici venir des jours – oracle du Seigneur–, où je susciterai pour David un Germe juste : il régnera en vrai roi, il agira avec intelligence, il exercera dans le pays le droit et la justice.
En ces jours-là, Juda sera sauvé, et Israël habitera en sécurité. Voici le nom qu’on lui donnera : «Le-Seigneur-est-notre-justice. »
Jérémie 23,1-6
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Il me semble qu’une des constantes des prophètes authentiques, dans tous les temps, est de s’exprimer dans le temps de Dieu, qui n’est pas le temps du monde mais celui de l’Eternité. Ainsi, il serait vain de n’attribuer à l’Ecriture que le sens qu’elle a revêtu à l’époque où elle a été soit oralisée, soit mise sur le papier. Je trouve que ce texte par exemple s’applique très bien à l’Eglise actuelle et pas seulement au peuple d’Israël au temps reculé de Jérémie.
Je parlerai en mon nom. Longtemps, arrivée à l’âge adulte, j’ai eu le sentiment d’être une brebis négligée, superflue. Mon long éloignement de l’Eglise n’est pas seulement dû à ma paresse spirituelle d’alors. En fait, au fond de moi, je cherchais Dieu avec une soif inextinguible. Mais l’Eglise ne me paraissait pas en phase avec ma quête. J’évoquais le doute, l’agnosticisme, on me renvoyait en retour les convenances ecclésiales : m’orienter vers le sacrement de mariage, le baptême de mes enfants… J’aurais pu me contenter de ce vernis catholique convenable, mais je n’ai jamais été capable de faire les choses en surface, en apparence, et aujourd’hui je ne le regrette pas.
Quelle ne serait pas ma souffrance de m’être engagée inconsidérément dans le sacrement de mariage maintenant que celui auquel j’avais donné ma vie est sur le point de prononcer le même “Oui” avec une autre ! Libre devant Dieu, je le suis, pour avoir résisté avec force pendant des années à une incitation ecclésiale qui n’était pas conforme à ma vie profonde, à ma vocation personnelle, à ce que je percevais de mon couple…
Je crois que l’Eglise pèche parfois par excès de conformisme et de raideur catéchétique. Evangéliser se résume hélas souvent à distribuer les sacrements, pour des âmes dont la foi n’est pas aboutie ou du moins, pas même en chemin. D’où souvent la bonne conscience à peu de frais de ceux qui pensent “être en règle avec l’Eglise” parce qu’ils ont acquis, comme des diplômes, tous les sacrements de la panoplie catholique.
Mais qu’en est-il pour eux de la foi et du vécu de l’Evangile ?
Depuis deux ans, je me réjouis que le Pape François évoque souvent “l’odeur des brebis” et les pasteurs qui doivent partir à leur recherche. Ceux-là sont submergés d’une multiplicité de tâches, je le sais bien. Mais quel amer souvenir que d’avoir demandé le baptême de mes enfants quand ils avaient sept et cinq ans, et de ne pas avoir eu droit ce jour-là à une seule question sur l’état de notre foi, à nous, parents !
Ainsi, ne nous contentons pas de penser que le vrai Berger nous a a déjà rassemblés, que nous sommes tous des brebis sauvées par Lui et que nous n’avons, de ce fait, plus à écouter le doux son de sa voix. Non, nous avons à être menés par notre Berger sur les verts pâturages de la foi et de la vie éternelle – chaque jour de notre vie, dès ici-bas.
2 commentaires
Merci Véronique de ce témoignage..c’est vrai aussi pour nous les laïcs dans nos missions ecclésiales..(je me demande parfois comment faire pour accompagner en profondeur chaque enfant qui nous est confié, pour ouvrir à la rencontre son cœur, avec lui, si c’est possible, pour qu’il se sente respecté et écouté dans sa singularité..)..dans nos relations familiales et amicales aussi: partir de l’autre, l’aimer inconditionnellement, témoigner par notre rayonnement de chrétiens, mais jamais en plaquant des idées ou des convictions dans nos discussions ….l’Evangelisation , j’ai acquis la certitude que c’est du “sur-mesure”, en fonction du charisme de chacun de nous et en fonction de l’interlocuteur..du “sur-mesure entre deux personnes”, qui va naître d’une alchimie relationelle unique..J’ai renoncé à essayer de convaincre par la rhétorique ou les idées..sans les cacher non plus si on me les demande! Grandir en douceur, doigté, respect,..s’imprégner de Jésus pour Lui ressembler un peu plus…nous avons tous du chemin à faire, et nos pasteurs qui n’ont pas toujours la délicatesse et la patience innée ( parfois plus féminine, mais pas toujours!) en premier….prions pour eux, ils sont comme chacun de nous, toujours un peu fragiles et bancales…Il y a des rencontres ratées, remettons les au Père avec humilité en priant pour tous ceux que nous n’avons pas su accueillir! Bon repos en famille, chère Véronique…
Merci Claire, et je me sens bien en phase avec tout ce que vous dites. J’aurais pu nuancer mon propos : en effet, depuis presque vingt ans que j’ai repris une pratique régulière, j’ai rencontré beaucoup de prêtres et de laïcs très préoccupés de leurs brebis, Mais oui, il est difficile d’évangéliser davantage par “l’être” que par la préparation aux sacrements. Il faut dire que cette préparation prend tellement d’énergie aux laïcs engagés qu’il est facile de passer à côté de l’aspect “foi” pour privilégier le côté “catéchisme”. Je n’ai pas moi-même de solution, quand je constate que dans ma paroisse par exemple, nombre d’enfants ne se montrent pratiquement pas à l’église avant et après le jour de leur première communion…