Quelques jours avant la Pâque, Jésus disait à ses disciples : Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit.
Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle.
Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera.
Jean 12,24-26
©Evangelizo.org 2001-2015
Se détacher de sa vie ! Voilà qui ne cadre pas du tout avec la mentalité occidentale actuelle. Nous sommes baignés dans un discours ambiant qui nous incite à prendre en main notre propre vie, à la croquer à pleines dents, à ne pas se la gâcher avec des personnes qui entravent notre épanouissement personnel… On est encouragé de plus en plus à l’égoïsme, voire à l’égocentrisme.
Mais qu’est-ce que garder sa vie ? Qu’est-ce que la perdre ? Qu’est-ce que servir le Christ ?
On n’est pas obligé de devenir Mère Teresa, non. Soigner le corps des pauvres, c’est une vocation parmi d’autres. Je sais par exemple que ce n’est pas la mienne, quoiqu’il existe des clichés tenaces, en Eglise, de la femme au service physique du nécessiteux de son entourage, il existe même une façon de nous culpabiliser subtilement quand nous ne le faisons pas.
C’est le chemin de toute une vie et une voie de sagesse que de découvrir sa propre vocation.
Que de fois n’ai-je pas entendu, et tous les divorcés ou séparés me comprendront : “Tu devrais refaire ta vie.”
Refaire ma vie ?
Je répondais souvent, en forme de boutade, qu’avec un homme, je défaisais ma vie plutôt que de la faire ou de la refaire.
Servir le Christ.
Témoigner de Lui.
Témoigner qu’il peut remplir une vie et la combler.
“Là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur.”
Accepter la croix quand elle vient, et la porter avec Lui, en Lui. Le sentir se faire de plus en plus proche dans l’abaissement, de plus en plus intime à notre cœur et à notre âme.
Accepter de témoigner même de la croix, quoiqu’il en coûte, quelqu’humiliante qu’ait pu être cette croix.
Je souris souvent quand je lis des pages d’accueil de sites internet. Que n’utilise-t-on pas comme superlatifs sur sa personne et sa carrière pour donner au lecteur de passage une belle image de soi.
Il y a quatre ans, j’étais un peu à la lutte avec le Seigneur.
“Mais tu veux que je raconte même ça ?”
Il me répondait par un sourire intérieur, comme pour me dire : “Surtout ça.”
Saint Paul disait en 2 Corinthiens 12, 9 : “C’est donc très volontiers que je mettrai plutôt ma fierté dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ fasse en moi sa demeure.”
Perdre sa vie. Risquer de perdre sa belle réputation. Mais non en vain. Pour l’amour du prochain, et pour l’amour du Christ.