En ce temps-là,
comme Jésus était en train de parler,
une femme éleva la voix au milieu de la foule
pour lui dire :
« Heureuse la mère qui t’a porté en elle,
et dont les seins t’ont nourri ! »
Alors Jésus lui déclara :
« Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu,
et qui la gardent ! »
Luc 11, 27-28
Textes liturgiques©AELF
C’est une chose d’avoir porté en soi un enfant et de l’avoir allaité, c’en est une autre d’accueillir l’adulte qu’il devient pour ce qu’il est. N’est-ce pas un peu le sens de la parole de Jésus dans cet extrait d’évangile ?
On peut deviner Marie, même elle, tiraillée entre l’enfant de sa chair et le Fils qui part annoncer le Royaume de son Père.
“Les gens de chez lui, l’apprenant, vinrent pour se saisir de lui, car ils affirmaient : « Il a perdu la tête. »” (Marc 3, 21)
Nous savons aussi que Marie a encouragé Jésus, à Cana, à accomplir son premier signe public en changeant l’eau en vin. (Jean 2, 1-11). Mais elle a sans doute été néanmoins plus d’une fois déconcertée par ce fils dont la Parole excitait la jalousie et la haine des plus pieux de leur tradition. Qui saura ce qui se jouait dans son cœur de mère quand le Fils promis au “trône de David son père” (Luc 1, 32) s’en allait marchant vers sa Passion ?
J’aime penser à Marie non pas comme une créature extraordinaire et toute désincarnée, mais comme une femme, une mère qui a craint plus d’une fois pour la vie de son enfant, qui n’a pas forcément toujours compris où il voulait en venir, qui s’est aussi laissée enseigner par lui quand il a atteint l’âge de sa mission, et même certainement avant. Ce fils-là, sans aucun doute, lui donnait de quoi “méditer tous ces événements en son cœur.” Tout comme, à notre tour, nous devons le faire.
Marie accueillant en elle la promesse de l’ange du Seigneur, Marie laissant son Fils atteindre l’âge adulte et vivre sa propre vie, Marie pleurant au pied de la croix quand il expire dans une cruelle agonie, Marie priant dans l’attente de la résurrection et de la venue de l’Esprit Saint.
Je n’ai pas de goût pour les prédications dithyrambiques sur Marie. Je suis même assez allergique aux dévotions mariales exacerbées. Car enfin, quand on revient encore et encore sur la virginité de Marie, n’est-on pas en train de tomber dans le travers dénoncé dans cet évangile par Jésus ? A mon sens, la virginité de Marie n’a pas d’autre intérêt que de souligner le fait que Jésus soit bien le Fils de Dieu et qu’il n’ait donc pas de géniteur masculin. Il fallait qu’il en fût ainsi pour que le dessein de Dieu s’accomplisse. Son Fils, né d’une jeune fille en état de grâce et de Lui-même, préservé ainsi de tout péché. Il est bien plus que le “fils de David”. Et à ce titre, il est vraiment celui qui nous a enseigné la Parole de Dieu. Ne détournons pas les yeux de lui, et nos oreilles de son Evangile.
Image : Notre-Dame de Tamié