Paul avait été arrêté à Jérusalem. Le lendemain, le commandant romain voulut savoir à quoi s’en tenir sur les accusations des Juifs contre lui. Il lui fit donc enlever ses chaînes, puis il convoqua les chefs des prêtres et tout le grand conseil, et fit descendre Paul pour l’amener devant eux.
Paul se rendit compte qu’il y avait là le parti des sadducéens et celui des pharisiens. Alors, devant le conseil, il déclara d’une voix forte : « Moi, frères, je suis un pharisien, fils de pharisiens. C’est à cause de notre espérance en la résurrection des morts que je passe en jugement. »
À peine eut-il dit cela qu’une dispute éclata entre pharisiens et sadducéens, et l’assemblée se divisa. En effet, les sadducéens prétendent qu’il n’y a ni résurrection, ni ange, ni esprit, tandis que les pharisiens y croient. Cela fit un grand vacarme. Quelques scribes du parti pharisien intervinrent pour protester vigoureusement : « Nous ne trouvons rien de mal chez cet homme. Un esprit ou un ange lui a peut-être parlé. »
La dispute devint très violente, et le commandant craignit que Paul ne se fasse écharper. Il ordonna à la troupe de descendre pour l’arracher à la mêlée et le ramener dans la forteresse. La nuit suivante, le Seigneur vint auprès de Paul et lui dit : « Courage ! Le témoignage que tu m’as rendu à Jérusalem, il faut que tu le rendes aussi à Rome. »
Actes des Apôtres, 22, 30 ; 23, 6 – 11
Je vois deux enseignements dans le passage des Actes que l’Eglise nous donne en lecture aujourd’hui.
D’une part, les querelles entre croyants d’une même religion ne sont pas nouvelles. Les pharisiens et les saduccéens s’opposaient sur des questions pourtant assez essentielles de leur foi. De même, nous chrétiens de différentes confessions, ne sommes pas d’accord sur un certain nombre de points, malgré la recommandation de Jésus “Que tous, ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi.” Jean 17, 21
Notre prière pour l’unitié des chrétiens ne doit pas faiblir, selon la volonté du Christ.
D’autre part, je suis toujours frappée par l’assurance de Paul lorsqu’il passe en jugement. Il sait toujours exactement ce qu’il doit dire au moment où il doit le dire. Il met les Juifs de son époque face à leurs propres contradictions. Il n’annonce pas une foi complètement nouvelle, mais un accomplissement des Ecritures qu’il connaît sur le bout des doigts.
On entend souvent, de la part des personnes qui ont une rancoeur pour une raison ou pour une autre vis-à-vis de l’Eglise : “Jésus a annoncé le Royaume de Dieu, et c’est l’Eglise qui est venue.” Comme si Paul, de son propre chef, avait créé une institution dont le Christ n’aurait pas voulu.
Et pourtant, si nous lisons bien l’extrait des Actes d’aujourd’hui, nous relevons ce passage : La nuit suivante, le Seigneur vint auprès de Paul et lui dit : « Courage ! Le témoignage que tu m’as rendu à Jérusalem, il faut que tu le rendes aussi à Rome. » J’y crois de tout mon coeur. Jésus a été d’une exigence absolue avec Paul, aucune persécution ne lui a été épargnée, mais il n’était pas seul dans son ministère, il était assisté de près par l’Esprit Saint, le Christ était là dans sa prière.
Pour rebondir sur ce que je disais hier, je suis frappée par le différence de ton entre ce que Paul reçoit dans sa prière de la part de Jésus, et ce que prétendent recevoir les faux mystiques contemporains. Quand on lit ces faux mystiques, on perçoit un Jésus narcissique, tourné vers lui-même, menaçant si on ne croit pas en lui, dénigrant à l’occasion ses serviteurs de l’Eglise. Et ces “prophètes” retranscrivent leurs locutions avec force majuscules sur le Moi de Jésus. Je n’y reconnais personnellement pas du tout le Christ doux et humble de coeur de l’Evangile.
Ce que Paul reçoit est d’un tout autre ordre. Il reçoit sa mission. Il reçoit de Jésus ce que le Seigneur ne peut pas faire lui-même, depuis le Ciel où il est établi depuis son ascension. Il reçoit un remerciement pour ce qu’il a déjà fait “le témoignage que tu m’as rendu à Jérusalem”, une exhortation pour ce qu’il a encore à faire “il faut que tu le rendes aussi à Rome”, et ce petit mot tout simple mais plein d’attention délicate : “Courage !”
Et là je reconnais vraiment la pédagogie de Jésus, celle-là même qu’il utilisait aussi avec sainte Thérèse d’Avila en des exhortations du même genre pour qu’elle aille fonder ses Carmels plutôt que de s’interroger sur le choix du Seigneur de telle ou telle âme : “Contente-toi de me servir, et ne t’occupe point de cela.” (Livre de la vie, chapitre 19) Ce fut d’ailleurs la première parole que sainte Thérèse reçut de lui dans son oraison, et c’est assez éloquent.
Image : Saint Paul devant le Sanhédrin Philippe Galle
2 commentaires
Il est dit dans le “Message Retrouvé” de Louis Cattiaux, au Livre XXXIV, verset 35
:
Les saints et les sages prophètes ne nous ont-ils pas annoncé envers et contre tout le monde, notre sauvetage et notre résurrection en Dieu ? 35’. Et notre beau Seigneur de pardon n’a-t-il pas tout enduré de nous afin de nous sauver de l’exil ténébreux où nous agonisons ?
Véronique, je partage entièrement ton analyse du texte des Actes des Apôtres, et je ne vois rien à y ajouter;
Il est vrai qu ‘on a voulu opposer l’ annonce du Royaume par Jésus et l’ Eglise “fondée” par Paul,. de même qu”on a opposé l’ enseignement de Jean et celui de Paul. Or, plus je lis les épîtres de Paul, plus je trouve ces oppositions ridicules.De plus, si Paul parait si sûr de lui, c’ est qu’il est entièrement entre les mains de l’ Esprit. Il est tellement abandonné à Lui qu’il le laisse parler à travers lui, comme les martyrs ( dont il fut ), qui ne s’ inquiétaient nullement de ce qu’ ils allaient répondre à leurs juges, puisque c’ est le Christ qui répondait à travers eux.. L’ Abandon total et confiant à l’ Amour Miséricordieux du Père, avec la certitude qu’ il serait toujours près de nous en toute circonstance, quelles que soient les situations, nous permit, à ma femme et à moi, de vivre dans la plus grande sérénité, les années les plus difficiles de notre vie, comme il me permet de vivre dans la même sérénité depuis sa mort..
Amitiés.
André.