Comme tout le peuple se faisait baptiser
et qu’après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait,
le ciel s’ouvrit.
L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe,
descendit sur Jésus,
et il y eut une voix venant du ciel :
« Toi, tu es mon Fils bien-aimé ;
en toi, je trouve ma joie. »
Luc 3, 21-22
Textes liturgiques©AELF
Il y a un “je” et il y a un “tu”. Ils sont deux qui se révèlent au vol de la colombe. Ils sont deux. Un Père, un Fils. Quand le Fils est incarné, révélé aux baptisés qui l’entourent à son propre baptême, le Père a encore une voix, sa propre voix. Etrangement, ici, le Fils se tait. L’entend-on prier, ou prie-t-il silencieusement ? En tout cas, en sa présence, lui qui est pourtant le Verbe, on peut encore entendre la voix du Père, Lui qui a parlé à Isaïe et à tous les prophètes avant Jean Baptiste. Ils sont deux, le Père et le Fils, et en présence de l’Esprit, chacun a sa propre voix et ses propres paroles, dans un amour qui les comble de joie et les lie l’un à l’autre d’une manière unique.
Si je souligne ce passage, c’est que je ne suis pas toujours d’accord quand on dit que Jésus est “toute la Parole du Père”. Le Père lui a confié sa Parole, oui, pour qu’il l’annonce à ses contemporains, et que nous la gardions jusqu’à son retour. Il n’y a rien au-dessus de cette Parole, rien qui puisse abolir les évangiles, je le crois profondément. Mais je n’irais pas jusqu’à affirmer qu’en Jésus Christ, Dieu nous a dit absolument tout ce qu’il avait à dire. Je n’irais pas jusqu’à prétendre que la Sainte Trinité nous ait donné, avec la clôture des Ecritures, son dernier mot. Ce serait sous-estimer la puissance et la Personne même de l’Esprit Saint. Car si Dieu a encore quelque chose à nous dire dans l’aujourd’hui de nos vies, il peut avoir recours à l’Esprit “qui est Seigneur et qui donne la vie”. Tournons un peu nos yeux vers cette colombe, vers cette manifestation féminine de la Trinité. Nous a-t-elle vraiment déjà tout dit ?
Il n’y a que des hommes pour soutenir pareille théorie, des hommes qui ont verrouillé la révélation, verrouillé la théologie à leur profit.
L’Esprit Saint est souverainement libre. Et quand il lui plaît, quand il est revêtu de la vérité du Père et du Fils, il peut aussi donner une parole nouvelle, qui prolonge, en l’épousant, celle du Fils, quitte à faire exploser les étroitesses des catéchismes.
Image : Le baptême du Christ Giotto