Ainsi donc, Seigneur mon Dieu, c’est toi qui m’as fait roi, moi, ton serviteur, à la place de David, mon père ; or, je suis un tout jeune homme, ne sachant comment se comporter,
et me voilà au milieu du peuple que tu as élu ; c’est un peuple nombreux, si nombreux qu’on ne peut ni l’évaluer ni le compter.
Donne à ton serviteur un cœur attentif pour qu’il sache gouverner ton peuple et discerner le bien et le mal ; sans cela, comment gouverner ton peuple, qui est si important ? »
Cette demande de Salomon plut au Seigneur, qui lui dit :
« Puisque c’est cela que tu as demandé, et non pas de longs jours, ni la richesse, ni la mort de tes ennemis, mais puisque tu as demandé le discernement, l’art d’être attentif et de gouverner,
je fais ce que tu as demandé : je te donne un cœur intelligent et sage, tel que personne n’en a eu avant toi et que personne n’en aura après toi.
De plus, je te donne même ce que tu n’as pas demandé, la richesse et la gloire, si bien que pendant toute ta vie tu n’auras pas d’égal parmi les rois.
Premier livre des Rois 3, 7-13
Textes liturgiques©Evangelizo.org 2001-2016
Voilà donc que Dieu, dans un songe de Salomon, lui accorde ce qui était refusé au couple originel. Discerner le bien et le mal. C’est la demande du fils de David à son Dieu. Notons bien que Salomon ne prétend pas avoir cette faculté de lui-même, mais qu’il la reçoit de Dieu, et même que sa demande sincère a plu au Seigneur. Discerner le bien et le mal ne peut donc nous venir que du Seigneur lui-même, sinon c’est faire preuve d’orgueil.
Salomon n’avait pas notre chance : la Parole du Père en Jésus-Christ n’avait pas encore été donnée au temps de son règne. Nous qui avons la possibilité de méditer cette Parole, nous disposons de tous les éléments pour savoir quelles attitudes de cœur et d’âme plaisaient au Seigneur Jésus, et lesquelles il disqualifiait. L’Evangile est pour nous comme l’arbre de la connaissance du bien et du mal, et je m’étonne encore que certains chrétiens en soient restés à la crainte de transgresser un commandement de Dieu en faisant preuve de discernement. On confond ainsi souvent le commandement de ne pas juger une personne avec celui de ne pas juger d’une situation.
Quand j’étais militante à la Jeunesse Ouvrière Chrétienne, nous axions nos réunions de révision de vie autour de ces trois mots : voir – juger – agir. Juger n’était pas interdit ! On jugeait de sa situation, et si l’équipe était d’avis qu’elle était véritablement injuste, on organisait “l’agir” pour rétablir un peu d’équité. N’est-ce pas cela même que désirait Salomon pour gouverner son peuple?
Depuis quelques années, je constate sur la toile que lorsqu’on a un peu d’esprit de discernement, beaucoup poussent des cris d’orfraie: “Il ne faut pas juger ! Seul Dieu a le droit de juger !”
Mais si cet esprit nous vient justement de Dieu, le Père, le Fils et l’Esprit Saint qui se donne à qui il veut, comme il veut ?
Le discernement est un don de l’Esprit Saint, et on devrait le refuser ou l’étouffer systématiquement ?
J’ai un petit combat personnel : que l’Eglise cesse de penser que le discernement ne peut être donné qu’à une personne ordonnée, par une grâce spéciale reçue lors de l’ordination sacerdotale ou épiscopale. Je ne réfute pas cette grâce, je souligne simplement que l’Esprit Saint est souverainement libre de se donner à qui il veut, et quand il veut.
Depuis seize ans maintenant, je me suis entendu opposer, au sujet de mes inspirations spirituelles, qu’il “fallait discerner”, que cela demandait du “discernement”, ou quand j’avançais une conviction profonde dans un débat ecclésial, on me rétorquait : “Qui discerne?”
Or, personne ne veut discerner ! Quand j’ouvre mon âme, on finit par m’ignorer poliment, ou on me renvoie au catéchisme : là serait la vérité sur le bien et le mal, le juste et le faux.
J’ose donc un argument : le catéchisme de l’Eglise catholique a été supervisé par un cardinal dont je tairai le nom, et qui est très favorable aux “apparitions” de Medjugorje. Quant à moi, je suis très profondément convaincue, et pas par caprice personnel mais par fruit de ma prière et de toutes mes recherches, qu’elles ne sont pas authentiques.
Dois-je donc, de manière ultime, me référer en toutes choses à un CEC diligenté par une personne qui a certainement un réel déficit de discernement, au moins dans l’affaire de Medjugorje?
On pourra encore me juger péremptoire et fort orgueilleuse.
Personnellement, je trouve que ceux qui le sont le plus sont les catholiques qui ne jurent que par le catéchisme, se persuadant ainsi qu’ils possèdent la vérité ultime sur toute chose parce qu’elle serait inscrite dans ces pages-là. S’y référer sans cesse, c’est plutôt, à mon avis, un défaut d’onction de l’Esprit Saint, lui qui nous aide considérablement à discerner le bien et le mal.
Image : Le jugement de Salomon Bible d’Utrecht
1 commentaire
Merci Véronique,
Je ne cesse de répéter que le catéchisme fait parfois beaucoup de mal car devenu une référence enlevant tout souci de discernement, oubliant la liberté de l évangile. Je me rappelle m’être énervée face à un futur diacre en formation qui ne jurait que par le kt…au sujet du péché originel…
Bonne poursuite de réflexion.
Geneviève marchand- dumont