En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu. »
Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. »
Jésus lui répond : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : “Montre-nous le Père” ?
Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; le Père qui demeure en moi fait ses propres œuvres.
Croyez-moi : je suis dans le Père, et le Père est en moi ; si vous ne me croyez pas, croyez du moins à cause des œuvres elles-mêmes.
Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père,
et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils.
Quand vous me demanderez quelque chose en mon nom, moi, je le ferai. »
Jean 14,7-14
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Jésus,
Tu sais à quel point je crois en ta Parole. Tu sais que je t’aime depuis toujours, et pour toujours. Tu sais que parvenue à la maturité de ma foi, je crois profondément que tu es né de Dieu, que tu es le Fils du Père, que Marie t’a enfanté par grâce spirituelle sans qu’aucun homme ne joue un rôle dans cette conception virginale. Tu sais que je récite le Credo chaque dimanche en toute sincérité, que je médite chaque jour les Ecritures avec respect pour la révélation venue par les Prophètes et par Toi.
Cependant, je voudrais te dire, Jésus, ce que cette page d’évangile m’inspire en tant que fille de Dieu par la grâce du baptême, et tant que sœur de ta divine Personne par la foi.
Je suis souvent triste de ce que les hommes ont fait de la révélation de ta filiation divine et de ces paroles rapportées par l’évangéliste Jean précisément.
Je lis parfois, je lis souvent, “Dieu s’est incarné homme.”
J’ai lu récemment une personne un peu haineuse, pétrie d’orgueil masculin, qui pérorait que Dieu s’étant incarné en homme masculin, il fallait s’incliner en toutes choses devant ce fait.
C’est sur ce point que je voudrais nuancer tes paroles, Jésus, parce que je te connais et te respecte infiniment.
Depuis toujours, tu le sais bien, ils sont portés à l’orgueil parce qu’ils s’identifient à un Dieu tout masculin, ils se croient au sommet de la création parce qu’il leur a été dit qu’ils avaient été créés à votre image – celle du Père et la tienne.
Or, tu le sais bien, je les connais un peu, je les connais même beaucoup. Je te connais aussi au plus profond de ta Personne, Toi le Fils né du Père avant tous les siècles. Et tu sais à quel point ils m’ont déçue, blessée, malmenée. Et je sais à quel point tu es différent d’eux, tout en humilité, douceur, empathie et délicatesse. Moi je peux le dire, Jésus, il y a un abîme entre l’homme pécheur et Toi. L’homme pécheur te ressemble physiquement, oui. Tu as pris un corps masculin. L’homme pécheur te ressemble en ceci qu’il est un orateur habile. L’homme pécheur te ressemble en ceci qu’il attire notre attention. L’homme pécheur te ressemble en ceci qu’il peut avoir un charisme suffisant pour mobiliser les foules.
Mais je les ai connus, et je te connais. Et je puis affronter toutes les haines et tous les quolibets pour soutenir que vos ressemblances s’arrêtent à peu près là.
L’homme pécheur, quand il ne se configure pas à Toi au plus profond de son être, est bien plus marqué par son inclination naturelle au péché – domination, égoïsme, corruption, lâcheté, instinct de jouissance – que par sa ressemblance avec vos deux Personnes.
Et vois, Jésus, j’observe que dans toutes les traditions religieuses, les femmes ont à souffrir que leurs vis-à-vis masculins se prennent pour des créatures supérieures et élues depuis toujours par le Père, qu’on l’appelle Dieu, Yahvé ou Allah.
Jésus, tu n’as jamais eu de parole malheureuse, tu n’as jamais eu la moindre attitude misogyne. Tu es irréprochable sur ce plan. Mais comme ils ont tendance à mal interpréter tes mots !
Alors j’en témoigne au risque de déplaire encore et encore, non, la Trinité sainte n’est pas un vase clos masculin. Et j’appelle de tous mes vœux la manifestation claire et juste de la Ruah, de la Sagesse, de la Sophia éternelle qui frappera les orgueilleux au cœur même de leur suffisance indue.
4 commentaires
Beau texte
félicitations
Merci ami Mustapha ! 🙂
Bonjour,
Merci pour votre billet !
Je suis un homme. Avec un petit “h” et je n’ai jamais considéré que cela me donnât la moindre supériorité sur la gente féminine.
Quelques réflexions en vrac :
– “Homme et femme, Il les créa” (Ge, 1, 27) : que les mâles ne l’oublient pas
– J’ai le souvenir de belles pages de Romain Gary dans “La nuit sera calme” où il en appelle à la féminisation du monde et où il affirme que Jésus est une figure essentiellement féminine
– Et puis, dans ce beau passage de St Jean, je pense que tout le monde, homme ou femme, peut se reconnaître dans le Père, je n’y vois pas (pour ma part) de vase clos masculin.
Merci Jibitou pour ce commentaire et votre passage ici ! J’aimerais que tous les hommes croyants voient les choses comme vous, mais quand on va vers les extrêmes, ce n’est malheureusement plus le cas…