Zacharie 12, 10-11a ; 13, 1
Psaume 62
Galates 3, 26-29
Luc 9, 18-24
Dans les chapitres 5 à 19 de son évangile, Luc nous montre la vie publique de Jésus. On peut distinguer une première formation des disciples qu’on peut appeler « humaine » (chapitres 5 à 9). Jésus fait défiler sous les yeux de ses disciples 14 miracles. Les disciples voient combien le monde renferme de malheurs. Ils sont ainsi formés à l’attention aux autres et à la bonté contagieuse de Jésus.. Puis, des chapitres 9 à 18, il s’agit de la formation non seulement humaine mais de la formation chrétienne, c’est-à-dire de la foi, avec trois thèmes : 1) celui du détachement par rapport aux richesses, aux honneurs pour devenir de plus en plus libres ; 2) celui de la confiance au Père en prenant l’habitude de s’abandonner à son Père et notre Père ; 3) celui de l’acquisition du sens de la croix. Trois annonces de la Passion ponctuent ces chapitres. Notons que cette formation n’est pas idéologique mais à partir de la vie courante, des événements qui se présentent. Jésus agit, réagit et enseigne en même temps.
« Qui suis-je ? » Jésus a-t-il besoin, comme nous, de passer par le regard des autres pour savoir qui Il est ? La question de notre identité est importante pour chacun. (« Connais-toi toi-même » était la devise de Socrate). Pour répondre à la question, il faut avoir déjà fréquenté un peu Jésus, l’avoir rencontré personnellement sinon nous répétons ce que d’autres ont dit, comme les foules. Leurs réponses indiquent toutes un autre que Jésus : Jean-Baptiste, Élie… Il ne s’agit pas d’identité mais d’identification à du connu, à du passé ou à une fonction. Notre identité n’est pas que biologique (fils de…) ni sociale (médecin, enseignant…). Le seul qui ait bien répondu à la question de Jésus, c’est Pierre dans le passage parallèle de l’évangile de Matthieu chapitre 16 : Jésus félicite Pierre en disant qu’il n’a pas trouvé tout seul la bonne réponse, il a été inspiré. Ce qui est vrai de Pierre est vrai de nous !« Personne ne peut dire que Jésus est Seigneur sans être inspiré par l’Esprit Saint. »
« Le Fils de l’homme doit souffrir. » Pour savoir qui est Jésus, il faut aussi que notre confiance en lui ait été un peu éprouvée et même parfois beaucoup. Jésus ne remplace pas Dieu, Il le révèle et révèle en même temps qui est l’homme. Or le Dieu qu’Il révèle est totalement inconcevable pour la raison humaine : c’est lui-même, un Dieu fait homme, souffrant, qu’on va tuer mais qui ressuscite. Notre identité profonde nous est révélée comme nous est révélé qui est Dieu. Ce sont les autres et, dans la foi, l’Esprit Saint agissant dans l’Eglise qui nous disent qui nous sommes : des hommes et des femmes appelés à devenir des frères et des sœurs en Jésus. Jésus vient nous révéler notre vocation de Fils de Dieu. Une identité en devenir. C’est pourquoi personne ne peut se baptiser lui-même en se déclarant chrétien. C’est l’Eglise qui nous baptise en nous reconnaissant membres de la famille de Dieu, animés par l’Esprit de Jésus qui nous tourne vers le Père.
Notre identité profonde, comme celle de Jésus, nous est révélée et se révèle dans notre manière personnelle de donner notre vie par amour, à notre manière personnelle de risquer notre vie, non pas idéologiquement mais dans les faits, à partir de la vie courante, des événements bons ou mauvais car le disciple n’est pas au dessus de son Maître. Notre identité n’est pas dans le passé, elle est devant nous, elle est encore en devenir.
Frère Antoine
Source : http://www.abbaye-tamie.com/communaute-tamie/homelies-2016/homelie-to12