Deutéronome 30, 10-14
Psaume 68
Colossiens 1, 15-20
Luc 10, 25-37
Nous méditons aujourd’hui en Eglise la page célèbre de l’Evangile du bon Samaritain.
En écoutant l’homélie de notre prêtre ce matin, je me disais que comme toujours, sa prédication était imprégnée d’une psychologie masculine. Vivre la loi de l’amour, tout supporter de la part du prochain et tout pardonner… Se reconnaître encore et encore pécheur parce que personne n’est meilleur que son voisin…
Je me disais, l’écoutant, lui dont j’apprécie pourtant beaucoup les homélies et la pastorale, que je commençais à être fatiguée d’être incitée dimanche après dimanche à battre ma coulpe. Quels que soient nos efforts de vie évangélique au jour le jour, nous sommes ainsi culpabilisés sans cesse de ne pas être encore assez bons chrétiens. Nous devons nous voir pécheur et encore pécheur, considérer tout ce que nous n’avons pas fait pour autrui comme ayant plus de poids que les petits gestes que nous avons pu poser…
Cela m’incommode d’autant plus qu’il y a toujours plus de femmes dans l’assemblée que d’hommes. Et quand on sait la propension des femmes à culpabiliser de tout pour un oui ou pour un non ! Elles sont là, leurs maris, quand elles en ont encore un, n’y sont pas pour la plupart, et c’est encore elles qui s’entendent recommander de tout accepter et de les servir encore et encore dans l’abnégation…
Devons-nous donc toujours être la bonne samaritaine de notre prochain ? Il existe des maris tyranniques voire violents, le sort de leurs femmes est-il donc de toujours se soumettre et de tout accepter de leur part ? Les ordres, les humiliations, les récriminations voire les coups et les infidélités relèvent-ils de faiblesses toujours pardonnables par la conjointe ?
Au-delà des maris, certaines femmes subissent aussi la tyrannie d’un parent âgé qu’elles ne parviendront jamais à contenter, avec la meilleure volonté du monde et le plus parfait dévouement. Est-ce donc notre sort, d’être toute notre vie des servantes, nous qui sommes souvent si peu servies et considérées nous-mêmes ?
La psychologie catholique est profondément imprégnée de ce regard toujours masculin sur les Ecritures dans les homélies. De là, deux écueils :
– Les prêtres croient sans doute sincèrement que les femmes sont aussi pécheresses que les hommes sont pécheurs. Or je le souligne depuis longtemps sur ce blog, les méfaits et délits dont les hommes sont capables surpassent infiniment les fautes des femmes (voir les proportions masculines dans nos prisons…).
– Ils ne se rendent pas compte qu’ils prêchent pour une majorité de femmes promptes à la culpabilisation et au complexe de ne pas être “la Vierge Marie” (la seule, avec Jésus, à avoir su accomplir la Loi, nous a dit notre prêtre ce matin).
Je voudrais dire à mes sœurs en humanité : nous pouvons être de bonnes chrétiennes sans devenir pour autant des servantes des caprices de tous ordres manifestés autour de nous. Servantes du Seigneur, oui, absolument. Esclaves de la volonté de domination et d’exploitation des autres sur nous, non.
2 commentaires
Oui..Celui qui se fait notre prochain, le vrai samaritain est le Christ.. Être au service comme le Christ qui lave les pieds, les femmes savent faire le plus souvent et le font parfois jusqu’à bout de forces..Alors, peut être pouvez vous aller parler avec ce prêtre que vous estimez et connaissez? Pour lui partager votre ressenti, avec votre délicatesse et en l’assurant de votre estime? Les prêtres ont besoin du retour bienveillant de leurs paroissiens..et de leur prières..bonne soirée et bon repos bien mérité, chère Véronique…
Tout a fait juste. A quand les diaconesses dans l’église catholique..