En ce temps-là, laissant les foules, Jésus vint à la maison. Ses disciples s’approchèrent et lui dirent : « Explique-nous clairement la parabole de l’ivraie dans le champ. »
Il leur répondit : « Celui qui sème le bon grain, c’est le Fils de l’homme ;
le champ, c’est le monde ; le bon grain, ce sont les fils du Royaume ; l’ivraie, ce sont les fils du Mauvais.
L’ennemi qui l’a semée, c’est le diable ; la moisson, c’est la fin du monde ; les moissonneurs, ce sont les anges.
De même que l’on enlève l’ivraie pour la jeter au feu, ainsi en sera-t-il à la fin du monde.
Le Fils de l’homme enverra ses anges, et ils enlèveront de son Royaume toutes les causes de chute et ceux qui font le mal ;
ils les jetteront dans la fournaise : là, il y aura des pleurs et des grincements de dents.
Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! »
Matthieu 13,36-43
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Des paroles de Jésus qui résonnent de façon anachronique pendant ce Jubilé de la Miséricorde. Et pourtant, il les a prononcées, on ne peut pas arracher cette page de l’Evangile parce qu’elle nous déplairait.
Nos grands-mères craignaient un Dieu implacable qui avait pouvoir d’envoyer en enfer. Nous sommes passés de nos jours à un Dieu un peu sucré en qui tout est pardonné d’avance, et qui nous attend tous dans son paradis, quels que soient nos actes, notre foi et notre vie.
Je force un peu le trait, mais c’est presque ça. Je sais, sainte Faustine est passée par là avec ses enseignements sur la grande miséricorde du Seigneur. Je voudrais cependant souligner qu’il y a un décalage permanent dans l’Eglise : on méprise les mystiques de leur vivant, on marginalise leurs écrits pendant des décennies, puis soudain, on les canonise, et leurs apports théologiques deviennent alors presque parole d’évangile.
Remettons les choses dans leur contexte : sainte Faustine s’est éteinte en 1938… soit à l’époque où on terrorisait en chaire nos aïeux avec l’enfer. C’était peut-être alors le moment, justement, d’adoucir les prédications. Nous voici presque un siècle plus tard, et on ne parle plus que de miséricorde, à une époque où le monde de tradition chrétienne s’enfonce dans l’apostasie et l’indifférence à l’Evangile. A ces peuples malmenant souvent le prochain dans l’anonymat des grandes cités, plongés dans une logique consumériste et ne croyant plus que Jésus soit le Fils du Père et que sa parole soit Vérité, on prêche le pardon de toute faute et la vie éternelle à moindre frais.
Depuis quelques années, j’ai désiré ardemment une pastorale du sacrement de la réconciliation, et je me suis réjouie de la bonne initiative du pape François. Oui, cette année est le moment idéal pour faire retour à Dieu, dans une démarche sincère de contrition et de confession de ses péchés, pour repartir, l’âme lavée, vers des comportements plus en adéquation avec les commandements du Christ.
Car le Christ reviendra ! Oui, il nous l’a promis, notamment dans ces versets que nous méditons aujourd’hui en Eglise.
Et si ce jubilé de la miséricorde était comme une ultime chance de nous laisser réconcilier avec Dieu ? S’il était l’occasion d’être fidèle à notre baptême ?
Le Fils de l’homme pourrait bien nous envoyer ses anges pour la moisson demain.
Serions-nous prêts ? Sommes-nous un épi empli de bon grain, ou une méchante ivraie empêchant le bon grain de croître depuis longtemps ?
Je ne voudrais pas tenir de rôle du curé de ma grand-mère, il n’empêche que le sort de l’ivraie dans ce texte d’évangile devrait nous amener à faire notre examen de conscience…