Le Christ, en effet, ne m’a pas envoyé pour baptiser, mais pour annoncer l’Évangile, et cela sans avoir recours au langage de la sagesse humaine, ce qui rendrait vaine la croix du Christ.
Car le langage de la croix est folie pour ceux qui vont à leur perte, mais pour ceux qui vont vers leur salut, pour nous, il est puissance de Dieu.
L’Écriture dit en effet : Je mènerai à sa perte la sagesse des sages, et l’intelligence des intelligents, je la rejetterai.
Où est-il, le sage ? Où est-il, le scribe ? Où est-il, le raisonneur d’ici-bas ? La sagesse du monde, Dieu ne l’a-t-il pas rendue folle ?
Puisque, en effet, par une disposition de la sagesse de Dieu, le monde, avec toute sa sagesse, n’a pas su reconnaître Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par cette folie qu’est la proclamation de l’Évangile.
Alors que les Juifs réclament des signes miraculeux, et que les Grecs recherchent une sagesse,
nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les nations païennes.
Mais pour ceux que Dieu appelle, qu’ils soient Juifs ou Grecs, ce Messie, ce Christ, est puissance de Dieu et sagesse de Dieu.
Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes.
1 Corinthiens 1,17-25
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Parfois, nous devons nous garder de lire les Saintes Ecritures comme des textes du passé, circonscrits à une époque donnée. Paul écrivait pour évangéliser son siècle, certes. Mais ses épîtres peuvent encore résonner en nous de manière très actuelle. Et gardons-nous de penser que nous chrétiens, parce que croyant au Christ, à sa Passion et à sa Résurrection, nous sommes préservés des travers que Paul dénonce ici.
Le Christ Jésus crucifié fait partie de notre paysage, si je puis dire, depuis les temps de l’évangélisation de nos contrées. A chaque coin de rue, une église ou un calvaire. Quand on est un croyant authentique, cela ne nous semble plus folie que de rencontrer ainsi un Messie crucifié. C’est même parfois un peu confortable – trop confortable – de croire en lui. Cela a été très longtemps convenable et même obligatoire, bien que la donne change ces dernières décennies sur ce plan, et notamment dans notre pays de France. Je m’amuse d’ailleurs à dire, depuis quelques années, qu’étant à mon âge catholique pratiquante, je suis plus anticonformiste que l’inverse.
Mais je voulais aller plus loin dans mon propos.
Il y a le Fils dans la Trinité Sainte, mais il y a aussi l’Esprit. Et là, même les plus fidèles des catholiques ont parfois bien du mal à l’accueillir dans “l’aujourd’hui de Dieu”.
Je lis ces jours-ci sur un forum catholique que je ne nommerai pas des débats houleux sur la légitimité – ou non – de la renonciation de Benoît XVI en février 2013. Trois ans et demi plus tard, certains en sont encore là ! Parce qu’il était pape, il aurait dû assumer le poids de sa charge, même en en étant incapable dans la fatigue de sa vieillesse, jusqu’au bout ! Les mêmes vouent une méfiance allant parfois jusqu’à la haine au pape François. Aurait-il peut-être des paroles un peu trop inspirées de l’Evangile ? Les dérangerait-il dans leur petite quiétude en convoquant le feu de l’Esprit Saint sur l’Eglise ?
Je voudrais à ce sujet relever une contradiction interne dans la discipline de l’Eglise qui va à l’encontre de ce texte de Paul. Il s’agit d’une des normes de discernement des “révélations privées” (ce qu’une âme peut recevoir du Seigneur, sans intermédiaire, dans sa prière) :
Critère négatif : e. Maladies psychiques ou tendances psychopathiques du sujet, ayant exercé sur le fait présumé surnaturel une influence certaine, ou psychose, hystérie collective et choses du même genre.
(Source : http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_19780225_norme-apparizioni_fr.html
Je comprends très bien que face à certains cas de réel délire ou de création de groupes sectaires autour d’une “apparition” ou “révélation” délirante, le Vatican en soit venu à émettre cette clause.
Mais du fait de ce critère, l’Eglise écarte un peu trop facilement les cas qui la dérangent, et s’il y a maladie psychique avérée, toute crédibilité est d’avance compromise.
Cela signifierait-il que Dieu n’aurait rien à nous dire par ses “fous”, ses “faibles”, ses “simples” si souvent méprisés déjà par le monde ?
Sans compter qu’un malade psychique qui se soigne consciencieusement est très souvent plus équilibré que le “normal” lambda aux prises avec ses propres névroses…
Faut-il donc être désormais sage aux yeux du monde pour être crédible aux yeux de l’Eglise ? Je pense que ce n’est pas ce que l’Apôtre Paul voulait nous dire…
6 commentaires
Merci, Véronique, de représenter avec talent ceux qui sont trop souvent moqués et rejetés !
Amitiés, Alain ! 🙂
En toute logique, selon les critères négatifs cités, Sainte-Thérèse de l’Enfant-Jésus , de part sa fragilité psychique, n’aurait jamais dû être prise au sérieux ni canonisée et encore moins proclamée Docteur de l’Eglise! Mais voilà, l’Esprit-Saint a reconnu en elle sainteté, authenticité et enseignement magnifique de la foi et Il s’est imposé! Quel beau pied de nez aux préjugés.
Sainte-Thérèse bien aimée, priez pour nous!
Bel exemple Anne, oui, vous avez raison, et merci de votre passage ici ! 🙂
Vos témoignages, poèmes et prières me touchent en plein coeur Véronique!
Merci pour votre magnifique blog qui est une perle rare tant le domaine de la maladie psychique est mis de côté, vous savez, le phénomène de l’autruche…
Très bonne soirée
Merci infiniment pour vos mots, Anne, cela fait chaud au cœur ! 🙂