Frères, au sujet du célibat, je n’ai pas un ordre du Seigneur, mais je donne mon avis, moi qui suis devenu digne de confiance grâce à la miséricorde du Seigneur.
Je pense que le célibat est une chose bonne, étant donné les nécessités présentes ; oui, c’est une chose bonne de vivre ainsi.
Tu es marié ? ne cherche pas à te séparer de ta femme. Tu n’as pas de femme ? ne cherche pas à te marier.
Si cependant tu te maries, ce n’est pas un péché ; et si une jeune fille se marie, ce n’est pas un péché. Mais ceux qui font ce choix y trouveront les épreuves correspondantes, et c’est cela que moi, je voudrais vous éviter.
Frères, je dois vous le dire : le temps est limité. Dès lors, que ceux qui ont une femme soient comme s’ils n’avaient pas de femme,
ceux qui pleurent, comme s’ils ne pleuraient pas, ceux qui ont de la joie, comme s’ils n’en avaient pas, ceux qui font des achats, comme s’ils ne possédaient rien,
ceux qui profitent de ce monde, comme s’ils n’en profitaient pas vraiment. Car il passe, ce monde tel que nous le voyons.
1 Corinthiens 7,25-31
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Il y a dans ce chapitre 7 de l’Epître aux Corinthiens beaucoup d’affirmations ou de conseils de Paul qui peuvent de nos jours nous incommoder, voire nous choquer. Je ne veux pas en faire un commentaire digne d’un exégète, cela n’est pas du tout mon propos, ni dans mes aptitudes. Par contre, je vois dans ce chapitre beaucoup de réactions de Paul qui sont liées à sa masculinité. Il voit les choses – et malheureusement cela s’est poursuivi au long des siècles dans les différentes églises – en homme de Dieu mais aussi en homme tout court. Aussi voudrais-je prolonger cet extrait par un point de vue de femme croyante, pratiquante et ayant aussi part à l’Esprit en ce XXIe siècle.
Je trouve Paul perspicace quand il évoque les difficultés afférentes au mariage. Mais ses propos me font presque sourire. J’écoute beaucoup, depuis toujours, j’observe et je médite ce que je vis et ce qui se vit autour de moi.
Ainsi, quand Paul dit : que ceux qui ont une femme soient comme s’ils n’avaient pas de femme, je me dis qu’il a été suivi plus qu’il ne le désirait lui-même. Combien d’hommes mariés, en effet, vivent de nos jours comme s’ils n’avaient pas de femme ? S’ils prennent Paul au pied de la lettre, ils vont pouvoir donner libre cours à leurs penchants les plus contestables : s’octroyer de plus en plus de liberté au sein du couple ( multiplication des loisirs seul ou “entre hommes” au détriment de la vie de famille, surinvestissement professionnel avec les mêmes conséquences, manque d’attention et d’écoute vis-à-vis de leur épouse ), ce qui mène parfois, à terme – et cela Paul le dénonçait – au délaissement voire à l’abandon quand l’épouse n’est plus trouvée suffisamment “au goût” du mari. Habitués à ne pas s’investir dans la relation de couple, beaucoup franchiront sans vraiment de scrupules le cap de l’adultère…
Paul évoquait ici la difficulté pour l’homme d’avoir une épouse. Eh bien ! Parlons donc de la difficulté pour une femme d’avoir un époux ! Car une fois passée la bague au doigt et les premiers enfants arrivés, nos compagnons se muent souvent en curieux colocataires qui entendent bien continuer à mener leur propre petite vie, se trouvent mille excuses pour minorer leur temps de participation aux tâches ménagères, ont la fâcheuse tendance à trouver leur métier beaucoup plus prenant et sérieux que celui de leur femme, se reposent volontiers sur elle pour toute l’organisation du foyer voire les contraintes administratives… Ne parlons même pas de la responsabilité vis-à-vis des enfants, et là je plaide coupable, car comme je l’ai lu ailleurs un jour, en tant qu’institutrice, j’ai toujours le réflexe d’appeler d’abord la maman quand un enfant est malade en classe, même si les deux parents sont au travail…
Bref, cher Paul, je pourrais encore dresser une liste interminable des “épreuves correspondantes” au mariage, dont tu n’avais même pas idée…
Alors je te rejoins lorsque tu écris, plus loin, que la femme sera plus heureuse si, ayant perdu son mari, elle “reste comme elle est.”(1 Corinthiens 7, 40).
Ce n’est pas facile d’être une maman solo, cela, Paul, tu ne t’en doutais pas – les veuves attirent l’aide et la compassion mais les délaissées, très peu. C’est un combat au quotidien, un empilement de tâches que peu d’hommes seuls sont capables d’assumer – eux, par contre, s’attirant toujours la pitié dans une telle situation.
Et cependant, cher Paul, oui, je peux le dire : je suis “restée comme je suis”, et même, je suis infiniment plus moi-même en étant sans mari qu’en me sacrifiant au quotidien dans les épreuves insignes de la vie conjugale.
Et pour finir, je dirais, même dans cette méditation biblique un peu particulière “que je pense avoir, moi aussi, l’Esprit de Dieu.” (1 Corinthiens 7, 40)