Frères, l’Écriture a tout enfermé sous la domination du péché, afin que ce soit par la foi en Jésus Christ que la promesse s’accomplisse pour les croyants.
Avant que vienne la foi en Jésus Christ, nous étions des prisonniers, enfermés sous la domination de la Loi, jusqu’au temps où cette foi devait être révélée.
Ainsi, la Loi, comme un guide, nous a menés jusqu’au Christ pour que nous obtenions de la foi la justification.
Et maintenant que la foi est venue, nous ne sommes plus soumis à ce guide.
Car tous, dans le Christ Jésus, vous êtes fils de Dieu par la foi.
En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ ;
il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus.
Et si vous appartenez au Christ, vous êtes de la descendance d’Abraham : vous êtes héritiers selon la promesse.
Galates 3,22-29
Textes liturgiques©AELF
C’est cet extrait de l’Epître aux Galates qui est donné à notre méditation aujourd’hui, mais j’ai saisi cette occasion pour la relire tout entière. J’en aime le ton ferme et sans concession, très riche théologiquement.
Je crois très profondément que l’Ecriture est “vivante”, qu’elle nous parle à chaque nouvelle génération, et qu’elle a toujours quelque chose à nous dire.
L’agacement de Paul face aux Galates m’interpelle. Ainsi, appartenir au Christ ne signifie pas avoir toujours le caractère lisse et la pensée conciliante. C’est bien dans l’Epître aux Galates que Paul nous donne parmi les plus belles lignes sur les dons de l’Esprit (Galates 5, 22-26). Mais c’est aussi dans cette lettre qu’il admoneste des chrétiens devenus versatiles et tentés de revenir à la Loi de Moïse comme s’ils reniaient les souffrances endurées par le Christ pour nous délivrer de nos péchés, sans que nous n’ayons plus à pratiquer la Loi antérieure.
Et aujourd’hui, je songe à ce qu’est devenue la foi dans l’Eglise catholique. En vingt siècles, n’avons-nous pas empilé doctrine sur doctrine, obligations sur interdictions, droit canon sur multiples versions du catéchisme ? Tout cela est devenu un sac de nœuds inextricable, au point que l’on demande deux ou trois ans de préparation catéchétique aux catéchumènes, au risque d’affadir la puissance de l’Evangile ou de la visite intérieure du Christ Jésus qui les a saisis.
Et si ce n’était que cela…
Mais même quand on vit au cœur de l’Eglise, dans une foi profonde et la fidélité aux sacrements, on n’est toujours pas libre comme Paul le chantait plus haut.
Or, l’Esprit Saint insuffle un formidable élan de liberté quand on se laisse saisir par lui. Emmené par lui dans les hauteurs, vers la Vérité du Père que nous appelons “Abba”, nous pouvons vivre avec le Christ Jésus une proximité telle que nous sommes saisis par sa propre liberté. Et alors, tous les corsets catéchétiques semblent insupportablement étroits.
L’Esprit s’insinue-t-il profondément en nous, voilà que l’interminable tricot de la doctrine catholique nous étouffe à petit feu.
Et tous ces clercs, tous ces consacrés s’avèrent incapables d’entrer en dialogue avec une voix libérée par l’Esprit. Oh, ils fourmillent de conseils, persuadés qu’ils sont, eux exclusivement, l’intermédiaire entre Dieu et l’âme, et qu’une parole qui prend de la distance avec la doctrine relève d’une âme qui se perd !
J’avoue ma lassitude. Il ne reste que la prière.
Seigneur Jésus, pourquoi ton Eglise se laisse-t-elle ainsi ligoter par vingt siècles de doctrine, perdant de plus en plus la liberté souveraine du souffle de l’Esprit ?