Frères et soeurs,
vous est-il arrivé de recueillir dans votre main un oisillon tombé du nid ?…Et de faire ainsi l’expérience de la fragilité…
Quand je reçois dans mes mains, à la communion, le Dieu Vivant qui s’est fait pour nous si fragile… jusqu’à se faire nourriture pour nous, jusqu’à se faire assimilable… pour nous assurer de sa Présence en nous,
eh bien voyez-vous, je pense à l’oisillon tombé du nid… à protéger, à aimer…
Je pense aussi que le Dieu Vivant met sa main d’enfant dans ma main, Lui qui est s’est fait enfant pour nous révéler son éternelle Enfance et son infinie Tendresse…
Et je pense que communier ainsi c’est aussi comme prendre dans sa main la main d’un grand malade, d’une personne qui a besoin d’une main fraternelle pour accomplir son grand Passage…
Dans cette possibilité de communier dans la main, qui nous est offerte depuis le Concile Vatican II, ce qui est beau d’abord, c’est cette liberté de choisir comment communier selon notre sensibilité, et dans cette communion dans la main, ce qui me semble très beau, c’est de retrouver ce geste très significatif, ce geste des premiers temps de l’Eglise où l’on enseignait de faire de ses mains « un trône » pour recevoir le Dieu Vivant, notre Créateur, notre Rédempteur, le Ressuscité qui ne cesse de se donner à nous…
Ce geste nous met aussi en plein Evangile comme le désiraient les pères du Concile qui écrivaient dès les premiers jours du Concile dans leur « Message à tous les hommes » :
« Nous cherchons comment nous renouveler pour nous trouver de plus en plus fidèles à l’Evangile. »
Oui, frères et soeurs, Dieu s’est fait l’un de nous, un homme comme nous, un enfant que l’on peut recevoir dans ses bras, que l’on peut prendre par la main, un artisan qui sait que la main est d’autant plus sacrée qu’elle a peiné à gagner le pain quotidien, ce pain donné, partagé… qu’elle est d’autant plus sacrée qu’elle a soigné le blessé, secouru le désespéré, brisé les chaînes de l’injustice…
Et c’est beau de pouvoir faire de ses mains non seulement « un trône », mais aussi un berceau, le berceau de l’Incarnation, et aussi le tombeau, le tombeau de la Rédemption, un tombeau pour recevoir le corps livré jusqu’au bout, le corps offert à tous, le tombeau de la Résurrection !
Frères et soeurs, en cette année-anniversaire de l’Ouverture du Concile, je veux qu’ensemble nous rendions grâce pour cette oeuvre magistrale du Concile qui a rendu à la célébration eucharistique toute sa beauté et sa vérité d’Evangile.
Oui, l’Eucharistie, maintenant, annonce clairement que « Dieu est Amour » : dans son infinie Compassion pour nous, il est venu et il ne cesse de venir, aujourd’hui même il vient faire sa demeure en nous pour faire Communion avec nous.
Notre Dieu Très-Haut se fait notre Dieu Très-Bas, et, avant de partager le pain, Le voici agenouillé devant nous pour nous laver les pieds !
N’est-ce pas très signifiant que saint Jean ne nous raconte pas le Repas du Jeudi Saint, comme saint Marc dans l’Evangile d’aujourd’hui, mais le Lavement des pieds.
Et que nous dit-il ?
« Vous aussi vous devez vous lavez les pieds les uns aux autres.
Faites comme j’ai fait pour vous. »
Ainsi l’Eucharistie est Communion fraternelle, une Communion qui s’accomplit dans le service :
« Faites ceci en mémoire de moi », c’est nous aimez les uns les autres, c’est accomplir notre Communion en devenant toujours davantage serviteurs les uns des autres, en donnant notre vie chacun selon sa vocation, selon les événements de nos vies, – vous savez : un enfant handicapé, un époux subitement paralysé, un parent en fin de vie…
C’est le don au jour le jour, le don sans cesse, et c’est véritablement l’Eucharistie sans cesse renouvelée, l’eucharistie accomplie !
« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. »
Sans oublier que le don de soi, ça commence par un sourire, une poignée de main, une embrassade, et que ces petits signes de Communion ont déjà une beauté et une profondeur d’Eucharistie…
Et c’est là que l’on retrouve la beauté des mains ouvertes pour recevoir le Dieu Vivant, que j’ai évoquée tout à l’heure… car le Dieu Vivant, il est aussi là, vivant, présent… en chaque personne que je rencontre,… et à qui je tends la main…
Ainsi l’INCARNATION est une immense aventure de Compassion, de Communion et de Service, et, communier à la messe, c’est entrer dans cette immense aventure de Compassion, de Communion et de Service,
c’est s’engager à devenir nous-mêmes EUCHARISTIE, pour que toute l’humanité devienne peu à peu un seul corps, le CORPS du CHRIST.
Telle est la Volonté de Dieu notre Père, son merveilleux Dessein d’Amour,
le « pour quoi » de notre Création et de notre Rédemption,…
le « pour quoi » du Corps livré et du Sang versé,…
le « pour quoi » nous sommes ici, maintenant…
Pour terminer cette méditation, je voudrais relever avec vous quelques aspects de la célébration eucharistique qui, depuis Vatican II, nous invitent clairement à cette Communion.
D’abord la célébration de la messe a retrouvé sa visibilité et sa signification de repas.
C’est maintenant toute l’assemblée qui célèbre en « une participation pleine, consciente et active », comme le souhaitait le Concile.
Tous chantent, tous prient ensemble le « Notre Père », « tous offrent le Christ avec le prêtre », dit encore le Concile, « apprenant ainsi à s’offrir eux-mêmes »… et n’oublions pas la Prière Universelle enfin retrouvée, qui nous met en réelle communion avec le monde entier.
Quant à l’esprit de Service, le Concile le rappelle :
« L’Eglise n’est pas faite pour dominer mais pour servir,…
nous voulons être attentifs aux plus pauvres, aux plus faibles… »
…et la restauration du ministère du diaconat est un beau signe de cette authenticité d’Evangile.
Le Concile nous rappelle aussi que toute cette vie spirituelle incarnée, cette vie de Communion et de Service, est l’oeuvre de l’Esprit Saint.
Le bon pape Jean envisageait le Concile comme une nouvelle Pentecôte…,
et vraiment l’Esprit a soufflé, se faisant reconnaître dans la vie de chaque baptisé, mais se faisant aussi reconnaître à l’oeuvre en tout homme de bonne volonté.
J’aime particulièrement dans les nouvelles prières eucharistiques, ces deux moments forts où nous implorons Dieu Notre Père d’envoyer son Esprit Saint :
d’abord… afin que le pain et le vin deviennent le Corps et le Sang du Christ, ensuite… afin que devenions nous-mêmes, ensemble, le Corps du Christ.
« Père,… que l’Esprit Saint fasse de nous une éternelle offrande à ta Gloire !”
Alors, béni sois-tu, Saint Esprit de Dieu !
Toi qui as réalisé l’INCARNATION du Fils de Dieu jusqu’au don de sa Vie en pain et vin à la table de l’Eucharistie, fais-nous devenir ce que nous recevons :
le Christ donnant sa Vie pour notre Vie !
Frère Didier
Source image :http://egliseorthodoxegrbx.blogspot.fr/2011/04/conference-du-pere-theodore-initiation.html
2 commentaires
J’ espère bien qu ‘on n’ en reviendra jamais à l’obligation de cette ancienne pratique qui, pour moi, ne se justifie pas du tout. De plus, elle n’ est pas hygiénique, car la main du prêtre touche nécessairement, de temps en temps, la salive de l’un ou l’ autre des communiants et qu’ il y a risque de transmission de germes contagieux !. Elle n’ est pas esthétique,non plus, dans la mesure où le prêtre est obligé de faire à chaque fois une vraie gymnastiques pour tenir compte de la façon dont chaque communiant ouvre la bouche et tire la langue ! ( et il n’ y a pas deux communiants qui le font de la même façon, ce qui estr normal ! )
Je l’ ai remarqué, un certain nombre de fois en voyant, à la télévision, Benoît XVI donner la communion !
D’ ailleurs, je n’ ai jamais réussi à savoir pourquoi le pape tenait tant à un tel retour en arrière !
Quelle joie pour moi de lire cette homélie, qui me console des querelles stériles sur l’obligation de la communion dans la bouche que voudraient certains !