Ce jour-là, le soir venu, Jésus dit à ses disciples : « Passons sur l’autre rive. »
Quittant la foule, ils emmenèrent Jésus, comme il était, dans la barque, et d’autres barques l’accompagnaient.
Survient une violente tempête. Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait.
Lui dormait sur le coussin à l’arrière. Les disciples le réveillent et lui disent : « Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? »
Réveillé, il menaça le vent et dit à la mer : « Silence, tais-toi ! » Le vent tomba, et il se fit un grand calme.
Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? »
Saisis d’une grande crainte, ils se disaient entre eux : « Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? »
Marc 4,35-41
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible – © AELF, Paris
Une chose m’a frappée en lisant l’évangile du jour ce matin, c’est la question des disciples à Jésus qui dort dans une barque agitée par la tempête : “Cela ne te fait rien ?” Elle a immédiatement fait écho en moi à la même question posée par Marthe au Seigneur en Luc 10, 40 :
Quant à Marthe, elle était accaparée par les multiples occupations du service. Elle intervint et dit : « Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur m’ait laissé faire seule le service ? Dis-lui donc de m’aider. »
A priori, aucun rapport entre ces deux évangiles. A priori seulement.
Au sujet des barques dans l’Evangile, on fait souvent un parallèle avec l’Eglise. La barque agitée par les tempêtes représenterait l’Eglise mise à rude épreuve aussi par l’agitation, voire l’hostilité du monde. Et Jésus de calmer la tempête en menaçant le vent et en intimant le silence à la mer.
A ce sujet, je pense aux grands yeux limpides de bien des moines et moniales aguerris au combat spirituel. Ils ont connu, c’est indéniable, les assauts de la tempête dans leurs vies. Et pourtant, une paix, une sagesse sont là, et quand on leur transmet dans l’angoisse et l’incertitude une intention de prière, la paix de leur regard ou de leur réponse est déjà un début d’exaucement. Sérénité que l’on ne retrouve pas toujours, il faut bien le dire, dans l’Eglise soumise aux assauts du siècle.
J’en reviens à Marthe et Marie. Marthe, la tornade domestique. Accaparée, stressée dirions-nous aujourd’hui, certainement perfectionniste aussi. Elle veut recevoir son Seigneur dignement. Mais elle en fait des tonnes. Et elle s’aigrit contre sa sœur, “assise aux pieds du Seigneur, (qui) écoutait sa parole”. Et résonne son “Cela ne te fait rien ?”
La barque Eglise dans la tempête du siècle. Et Jésus qui semble dormir.
La maîtresse de maison qui prend à partie son hôte pour accuser à sa suite sa sœur passive.
Mais Jésus ne se laisse pas embarquer dans son courroux.
Le Seigneur lui répondit : « Marthe, Marthe, tu te donnes du souci et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée. » Luc 10, 41-42
Le parallèle est finalement parfait avec la conclusion de Jésus au sujet de la tempête : « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? »