Frères, nous aussi, entourés de cette immense nuée de témoins, et débarrassés de tout ce qui nous alourdit – en particulier du péché qui nous entrave si bien –, courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est à l’origine et au terme de la foi. Renonçant à la joie qui lui était proposée, il a enduré la croix en méprisant la honte de ce supplice, et il siège à la droite du trône de Dieu.
Méditez l’exemple de celui qui a enduré de la part des pécheurs une telle hostilité, et vous ne serez pas accablés par le découragement.
Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang dans votre lutte contre le péché.
Hébreux 12,1-4
Textes liturgiques©AELF
Cet extrait de l’Epître aux Hébreux et ce qui suit (jusqu’au verset 12-13) me réconforte et me conforte dans ma propre foi. Grâces soient rendues à son auteur !
Il nous parle de l’hostilité qu’a endurée Jésus du temps de son incarnation, et encore aujourd’hui d’ailleurs pourrions-nous ajouter. Et plus loin, des “leçons” – douloureuses – que peut nous donner Dieu, un peu comme quand nous étions corrigés, petits, par nos parents.
C’est un langage que, souvent, nos contemporains ne comprennent plus. “Dieu n’est qu’Amour” répète-t-on sans arrêt.
Un jour – il y a longtemps – que je confiais à un prêtre du Renouveau charismatique les tourments spirituels que j’endurais, il m’a répondu, très sûr de lui : “Cela ne vient pas de Dieu, Dieu ne peut pas faire souffrir. ” Réponse on ne peut plus cruelle, voulait-il donc me dire par là que j’étais tourmentée par mon propre péché ou pire, le Tentateur lui-même, puisque Dieu, à ses yeux, ne pouvait donner que la liesse et l’effusion de l’Esprit saint ? Il m’a fallu bien des années pour prendre du recul par rapport à ce type de langage, tellement majoritaire aujourd’hui. Que font donc ces charismatiques adorateurs d’un Dieu bonbon de ces versets de l’Epître aux Hébreux ? Les considèrent-ils comme bons à jeter aux orties ?
On l’oublie trop, Jésus a enduré sans cesse, de son vivant, l’hostilité. Plus il faisait le bien, plus il accomplissait la Volonté du Père, et plus les dignitaires religieux de son temps le prenaient en haine et complotaient contre sa vie. Cela est aussi pour nous une leçon. Faire la Volonté du Père, faire œuvre de vérité, c’est encourir les pires de persécutions.
Il y a les persécutions corporelles d’un côté, et nos sœurs et frères chrétiens d’Orient en savent quelque chose. Mais n’oublions pas pour autant les persécutions psychologiques beaucoup plus larvées et très courantes dans notre siècle. Est-on une croyante sincère, ayant la foi pour moteur de sa vie, on va endurer les quolibets, voire pire, des collègues, du beau-frère, parfois même le harcèlement du mari… Jetez un caillou dans la mare des faux prophètes et des faux mystiques – ceux qui ont toute une cour autour d’eux, indice éminent de fausseté – et vous endurerez bien vite le retour de flammes des petites sectes adoratrices de ces témoins d’un faux Jésus tout sucre et tout miel.
L’erreur s’est de nos jours insinuée très profondément dans la théologie.
Et si j’avais l’occasion d’avoir à nouveau ce prêtre du Renouveau charismatique devant moi, je pourrais lui dire, avec l’acquis de l’expérience, que c’étaient bien le Père et le Fils qui émondaient mon âme de façon fort exigeante, et qu’au cœur de cette épreuve, dans le creuset, je ne pouvais pas être en paix, mais seulement souffrir… Souffrir de la leçon, pour renaître plus tard à un début de sagesse.
2 commentaires
Il faut relire le livre de Job. Job n’avait rien fait de mal et il a pourtant subi la souffrance. Ses amis lui disent qu’il sûrement péché. Dieu les condamne à la fin. Job n’était pas en tort. Il ne faut pas s’arrêter à la souffrance présente mais voir toute la trajectoire.
Job est la préfiguration du Christ qui a souffert aussi injustement. Il s’est même écrié : “Mon Dieu, pourquoi m’as tu abandonné ?”
La souffrance est un grand mystère. Ceux qui prétendent savoir d’où elle vient sont bien imprudents.
Le prêtre que tu cites me rappelle les amis de Job.
Un article intéressant :
https://www.cairn.info/revue-etudes-2009-10-page-353.htm
Merci Alain, je viens de lire l’article, il est vraiment très intéressant !
C’est vrai, nous chrétiens sommes plus chanceux que Job : nous avons le Christ Jésus à nos côtés qui a souffert le plus injustement du monde. Il peut tout comprendre en nous et nous trouvons des réponses en Lui. J’aime bien la conclusion de l’article, et j’irais même plus loin : pour que jamais Dieu ne soit injuste, il ne donne la première place au Royaume qu’à celui qui a goûté à la dernière dans le monde.
Une vie humaine, ça passe vite ! Tandis que l’Eternité…