Mes ennemis ont dit : « Allons, montons un complot contre Jérémie. La loi ne va pas disparaître par manque de prêtre, ni le conseil, par manque de sage, ni la parole, par manque de prophète. Allons, attaquons-le par notre langue, ne faisons pas attention à toutes ses paroles. »
Mais toi, Seigneur, fais attention à moi, écoute ce que disent mes adversaires.
Comment peut-on rendre le mal pour le bien ? Ils ont creusé une fosse pour me perdre. Souviens-toi que je me suis tenu en ta présence pour te parler en leur faveur, pour détourner d’eux ta colère.
Jérémie 18,18-20
Textes liturgiques©AELF
Si on observe bien cet extrait du Livre de Jérémie, on constate qu’il n’avait pas vraiment de réjouissances à annoncer à ses contemporains. Et tout comme les disciples ne voulurent pas croire Jésus qui leur annonçait sa Passion dans l’évangile donné à notre méditation aujourd’hui, les contemporains de Jérémie ne voulaient pas croire qu’ils étaient en train de se fourvoyer aux yeux du Seigneur. Ils veulent faire taire Jérémie en prétextant que tout va bien pour eux, et qu’ils demeurent en état de grâce.
Je connais cela…
Qu’est-ce qui est, de nos jours, le plus difficile au cœur de l’Eglise ? Dire qu’elle est sainte et immaculée, infaillible en son Magistère, et qu’il n’y a qu’à se gorger de dogmes et de doctrines tous garantis véridiques parce que proclamés comme tels par les hommes, ou dénoncer les déviances de ces doctrines fondées sur des écrits non canoniques, des traditions populaires invérifiables, des empilements de déclarations et d’encycliques qui ne veulent jamais se contredire l’une l’autre et finissent par devenir un carcan étouffant ?
Qu’est-ce qui est le plus difficile ? Emprunter un ton sucré et mielleux pour annoncer à tous : “Jésus t’aime !” ou rappeler la Parole même du Christ qui a annoncé maintes fois qu’il reviendrait dans la gloire pour juger les vivants et les morts, et que jugement il y aura vraiment, sur la base de ce que nous aurons mis en œuvre ou non de sa Parole ?
Qu’est-ce qui est le plus difficile, se projeter dans l’avenir de l’Eglise, en construire de nouvelles et prier pour les vocations, s’installer dans une pérennité terrestre avec comme seule limite la mort individuelle, ou oser dire que les temps sont comptés, que le jugement est proche, que l’Epoux est à nos portes, que la parabole des vierges sages et des vierges folles est plus actuelle que jamais ?
Qu’est-ce qui est le plus difficile ? Se fondre dans la masse de l’Eglise et réviser son catéchisme, ou oser sortir de son oraison avec une parole discordante, dérangeante, un brin hérétique, mais véridique ?
Je sais que seul Dieu justifie, que l’individu n’a pas à se justifier lui-même.
J’ai appris aussi à écouter ce que disent mes adversaires spirituels. Et dans leurs arguments, je découvre à peu près tout ce qui me manquait pour continuer à marcher avec assurance à l’ombre de la croix du Christ, dans la vérité.
Image : Les vierges sages et les vierges folles artbible.net manuscrit codex avec miniature du 6e s., cathédrale de Rossano
11 commentaires
J’ai du mal à comprendre ce qui motive le fait que la Virginité de Marie promulguée depuis toujours doit finalement devenir l’apanage d’un autre personnage du Nouveau Testament, mais je ne m’éterniserais pas sur un tel changement de paradigme quand je lis ce précède : “On veut bien que Jésus Christ ait une mère, mais alors, il faut qu’elle soit vierge perpétuelle, sinon c’est sordide !”
Qui tient cela ? Certainement pas l’Église, ses détracteurs sans aucun doute et c’est bien là tout le problème.
Qu’est-ce qui motive cela ? Une histoire de blessure avec l’Église ? Avec certains de ses membres ? On en a tous les nôtres. Les miennes sont pas mal non plus et la dernière date d’hier, ce qui ne m’empêche pas de remettre en cause la foi reçue des Pères pour autant.
Il y a des gens comme ça : ils haïssent l’idée qu’ils se font d’une personne et s’auto excitent contre elle, sans jamais arriver à percevoir ce qu’était vraiment cette personne, à entendre ce qu’elle avait à leur dire. Leur rancœur est tellement grande ! Vous dites n’avoir jamais été convaincue par les arguments lus dans tels ou tels articles mais vous n’en prenez aucun de front. Il ne s’agit que d’évoquer un point de vue prêté à la Tradition, point de vue d’autant plus généraliste qu’il est faux.
La prise de parole était effectivement à mon initiative, souhaitant aborder un thème que je trouve intéressant, je passe désormais mon chemin. Vous avez pour compagnon de route Edith Stein, ce qui n’est pas rien, je vous souhaite donc bonne route sur votre chemin de sainteté en sa compagnie.
Comme quoi il n’est pas difficile de prêter des intentions à l’autre, intention qu’il n’a pas forcément…
Pas plus pour moi que pour le magistère (et auparavent les Pères) il n’est question d’une histoire de membrane mais bien plutôt du sens que l’on donne à cette virginité. Il faudra attendre certains membres, produits tardifs de la Réforme, ainssi que certains mariologues (du XVIIe de mémoire) pour s’empêtrer dans des détails sordides.
Non, la virginité “concrète” n’est que consécutive à la signification theologique et biblique donnée par l’Ecriture et par la Tradition. Mais comme toujours dans le christianisme si l’on tiens le ‘signe’ l’on se doit aussi d’en tenir sa ‘réalité’, et inversement.
Bien à vous.
PS : pardon pour l’ortographe et pour la syntaxe, surtout dans le message précédent. J’ecris à partir d’un mobile et je peine un peu à me relire.
“Des détails sordides”.
Vous voilà bien au cœur de la problématique catholique.
On veut bien que Jésus Christ ait une mère, mais alors, il faut qu’elle soit vierge perpétuelle, sinon c’est sordide !
Je vais vous dire, moi, ce qui est sordide : c’est que l’Eglise catholique ait fait de la véritable vierge consacrée à son Seigneur une prostituée repentie, j’ai nommé Marie de Béthanie.
Quel sens cela aurait-il, dans une vie, de demeurer vierge pour un fils ?
N’y a-t-il pas infiniment plus de sens à demeurer vierge pour un fiancé qui n’a pu honorer une promesse de mariage en raison de sa mission messianique ?
L’Eglise catholique désire, pressent une vierge perpétuelle quelque part dans la vie de Jésus, prémices de toutes celles qui se sont données à Lui en religion pendant vingt siècles.
Elle ne regarde pas dans la bonne direction, c’est tout.
Elle appelle Vierge une épouse mère de famille nombreuse, et prostituée une vierge consacrée.
Je n’aurai de cesse de soulever cette contradiction flagrante.
Oui, je n’ai pas oublié ce passage : “Nous confessons que le Christ Jésus est venu dans la chair. C’est la base même de notre foi. Il était donc un foetus de chair et de sang. Comment se serait-il dématérialisé pour franchir magiquement l’abdomen de sa mère ?”
Mais je pense que je ne vous apprendrais rien en vous parlant du docetisme ? Les Pères de l’Église connaissait cet eccueil et l’ont combattu, ce qui ne les a pas empêché dans le même temps de soutenir la virginité In Partum. Peut-être devrait-on se demander pourquoi ? Quand au comment… Sur ce plan là, quand Dieu peut ceci pourquoi ne pourrait-il pas cela ? N’y a-t-il pas eu Transfiguration ? Quid de l’institution de l’œucharistie, vrai corps et vrai sang d’un Jésus encore parmi les siens ?
Oui, on devrait vraiment se demander pourquoi les hommes de ce temps-là – et d’aujourd’hui encore – accordent cette importance obsessionnelle à l’hymen de Marie… Si l’hymen de Marie était réellement altéré, vous ne pourriez donc plus être catholique ni la vénérer, Olivier ? Votre foi, c’est seulement ça ?
Il y a pourtant autre chose en matière de leçon de vie dans l’Evangile qu’une hypothétique membrane féminine altérée ou non…
Bonjour Véronique. Je sais bien que vous ne rejetez pas tout le Credo, je parlais d’une répultion de la Tradition et du magistère sur le point que je soulignais. J’avais aussi bien pris en note le fait que vous aviez dit avoir “médité ” certains articles…
Les allusions aux “intuitions” font effectivement référence à certains de vos propos tenus ailleur sur votre blog. Mais en quoi est-ce méprisant ? Moi aussi j’ai des intuissions, mais si certaines se sont révélées justes il m’est aussi arrivé de me tromper (par exemple, à un moment donné, je défendais la position selon laquelle Marie n’était pas morte avant son Assomption), le tout étant de le reconnaitre. D’ou la nescessité de confronter ces intuissions à l’aide de l’Ecriture et de la Tradition. Et puis cette référence au fait que vous soyez une femme… et que quoi ? Que votre parole ne serait pas intéressante ? Pitié, épargnez-moi ce genre de propos, d’un autre âge en ce qui me concerne.
Moi je veux bien discuter exégèse. C’est toujours stimulant d’entammer une disputatio avec une personne ne partageant pas nos positions plutôt qu’avec une personne ne se posant aucune question sur les objets de sa foi, aussi intègre que se présenterais cette foi.
Bien à vous.
Et qui vous dit que je désire une “disputatio” sur ce thème, Olivier ? Je l’ai déjà assez fait sur certains forums. Je connais tous les arguments de la tradition. Par contre, on ne me répond jamais sur les miens. La preuve, c’est que vous m’avez citée en coupant toute mon argumentation sur le Christ “venu dans la chair. ” C’est cela que vous devriez lire… et méditer de votre côté.
Bonjour Véronique,
Arrivé ici par hasard en recherchant une image j’ai fini par m’attarder sur votre blog, captivé par vos réflexions, questionnements et prises de positions sur la recherche de Dieu et sur la foi en particulier. J’ai lu l’intégralité de votre témoignage, puis ai parcouru nombre d’articles…
J’ai bien compris que vous aviez un problème avec l’Immaculée Conception et avec la Virginité post partum de Marie, mais je n’ai pas réellement compris en quoi cela posait problème…
Quand à la place des femmes dans l’Église… moi qui suit un homme j’aurai aimé en avoir une, place, dans cette église où les femmes occupent tous les postes clefs – hormis ceux liés aux ministères sacerdotal. Le temps a passé, j’ai renoncé à m’impliquer et me consacre désormais à ma famille.
Mais étant dans un diocèse différent et d’une génération en-dessous de la vôtre, nos ressentis et expériences sur ce sujet diffèrent sans doute d’autant…
Notamment pour ce qui est de la facilité de croire après 20 siècles de christianisme (mentionné à plusieurs reprises dans vos articles). Hormis le cas des grandes villes dans lesquelles ont peut encore trouver quelques paroisses dynamiques, pensons aux jeunes de nos campagnes se retrouvant seuls dans une messe du dimanche dont l’assemblée est composée presque uniquement de têtes blanches. Ajoutons à cela le contexte très agressif de la laïcité en France… Être chrétien et avoir 20 ans aujourd’hui… Même en imaginant que jeune soit proche d’une communauté dynamique, il doit tout de même s’accrocher !
Au plaisir de vous lire
Bonjour Olivier, et merci infiniment de me lire, cela me fait toujours plaisir d’avoir des retours…
Vous soulevez plusieurs points importants.
Concernant la place des femmes dans l’Eglise, vous dites qu’elles occupent tous les postes clefs. Ce que je peux vous dire, c’est que toutes, absolument toutes, ont commencé par l’humble service, ce que personne ne désirait faire à leur place. Qu’au bout de quelques années, on leur reconnaisse une compétence et leur attribue une responsabilité, c’est la moindre des choses. Mais cela reste et restera toujours un service. Je ne pense pas que vous soyez refoulé de votre paroisse si vous vous proposez pour un service de catéchèse ou d’animation liturgique… Il y a tant de besoins !
Concernant la difficulté de croire quand on est jeune dans la France du XXIe siècle, je vous comprends. Mais je ne vois pas le problème de la quête de la foi dans la difficulté de pratiquer. Etre chrétien et être pratiquant ne sont pas forcément synonymes. Ce que je veux dire, c’est que celui qui veut partir à la quête de Dieu a de nos jours tous les éléments à sa portée. Il suffit de le vouloir un peu. Quantité de livres de spiritualité, toutes les Ecritures gratuitement sur le net et des sites tels que le mien qui s’emploient à faire de l’évangélisation. Si vous faites un pas vers l’Eglise, vous pouvez rencontrer les parcours Alpha, être accueilli pour une retraite dans un monastère, aller à Taizé ou aux JMJ… Les jeunes ne sont pas abandonnés à eux-mêmes. Ensuite, bien sûr, il faut durer dans la pratique, et ce n’est évidemment pas motivant pour un jeune quand il n’y a que des séniors à la messe, là je vous comprends bien.
Pour ce qui est de la virginité “post partum” de Marie, je ferai l’effort de lire votre article, bien que j’en aie déjà lu et médité énormément de ce type. Je suis tout simplement réaliste et attachée aux Ecritures. Nous confessons que le Christ Jésus est venu dans la chair. C’est la base même de notre foi. Il était donc un foetus de chair et de sang. Comment se serait-il dématérialisé pour franchir magiquement l’abdomen de sa mère ? Là est la vraie contradiction avec notre Credo ! Car il n’y a pas de comparaison justifiée entre le fait que le Christ ressuscité ait franchi les portes closes du Cénacle, et les conditions de sa naissance. Il est né dans une vraie chair, il est ressuscité dans un corps glorieux, ayant d’autres propriétés. Jésus est né comme nous tous, avec des conséquences – qui ne sont ni honteuses, ni dramatiques – sur le corps de sa mère.
Voyez-vous Olivier, dans votre article en lien, vous ne citez que des “pères de l’Eglise” et des théologiens à travers les siècles, tous des hommes. Le vrai problème est là dans l’Eglise. Une femme peut être coopératrice de la pastorale, pour autant, elle n’a jamais eu aucune voix à la construction dogmatique de la doctrine catholique. Et c’est en cela que je conteste la doctrine, les pruderies héritées de la très longue misogynie des clercs. Faire de Marie une créature surnaturelle et désincarnée contribue à mieux humilier toutes les autres femmes. C’est ainsi que l’Eglise les a tenues en soumission pendant une vingtaine de siècles. Les choses commencent à peine à changer… heureusement !
Bien cordialement à vous,
“Je ne pense pas que vous soyez refoulé de votre paroisse si vous vous proposez pour un service de catéchèse ou d’animation liturgique […]”
Effectivement, à partir du moment ou l’on ne change surtout pas les petites habitudes et que l’on se conforme au moule… mais passons car les sujets abordés sont nombreux et un point a retenu tout spécialement mon attention :
“[…] Je suis tout simplement réaliste et attachée aux Ecritures. Nous confessons que le Christ Jésus est venu dans la chair. […] dans votre article en lien, vous ne citez que des « pères de l’Eglise » et des théologiens à travers les siècles, tous des hommes.”
En quoi le fait qu’ils soient des hommes et qu’ils aient des valeurs a défendre annule ce qu’ils ont à dire sur le sujet ? L’article, bien que s’illustrant par l’histoire de l’Église, est d’abord un article d’exégèse (qui montre que l’on ne peut trancher la question par l’exégèse seule). Quel exégète sérieux pourrait-il faire abstraction de 2000 ans de commentaires sur les Écritures ? En relisant un écrit du père Laurentin à propos d’une (mauvaise) expérience œcuménique à Vatican II j’ai pensé à vous :
“Le problème n’est pas de savoir si c’est œcuménique ou pas, mais de vérifier d’abord si c’est vrai ou pas. Si c’est faux, qu’on l’abandonne, mais si c’est vrai, voyons comment cela peut-être dépoussiéré, décrassé, mieux exprimé…” Court traité sur la Vierge Marie, 6e édition, 2009, p. 228.
Un dogme peut éventuellement me froisser, mais s’il s’avérait plus riche que mon intelligence me permet actuellement de le supposer ?
Dans une discussion/controverse de ce genre, pour moi le problème est le suivant : pourquoi faire un procès d’intention a priori aux pères de l’Eglise cités sans même regarder ce qu’ils ont à nous dire ? En effet, ces Pères – je le mentionne – ne sont cités que comme témoins d’une position d’exégèse. Tel ou tel avait une doctrine circonstanciée à défendre ? Tant mieux, cela apporte de l’eau à notre moulin et ajoute de l’intérêt à notre recherche. Mais de là a rejeter en bloc leurs propositions, se couper de nos racines, ne pas écouter l’argumentation de telle personne issue du magistère parce que telle ou telle blessure m’habite par rapport à ce que je considère comme une pierre d’achoppement… c’est inentendable pour les autres avec raison.
Si le discours argumenté devient secondaire, alors effectivement mon ressenti, mes intuitions face à un dogme prennent le devant de la scène. Après avoir méprisé les arguments des anciens et de la Tradition, je pourrais même me permettre de définir mes intuitions par le mot “Vérité” avec un V majuscule. Mais quel intérêt pour les autres ? Si je montre que je ne suis pas prêt à entendre les anciens pourquoi les autres devraient-ils alors m’écouter ?
Cordialement.
Olivier, je ne vois pas pourquoi vous vous permettez de juger de ma position en termes de “tout ou rien”, comme si je ne connaissais pas – et rejetais en bloc – ce qu’ont apporté les Pères de l’Eglise. Je confesse tout le Credo et je ne rejette donc pas toute la doctrine catholique comme vous l’insinuez.
Je relève aussi dans votre discours des insinuations méprisantes : vous parlez dans mon cas de ressentis, d’intuitions, du fait “d’avoir un problème avec…” Grosses ficelles condescendantes à l’égard d’une femme que je connais par cœur dans l’Eglise.
Sachez que l’exégèse la plus rigoureuse intellectuellement ne surpassera jamais la mystique.
Quant à vos références – l’abbé Laurentin ! – je sais très bien à quel type de lobby il renvoie.
Vous entendez contester ici, sur mon site, les profondes convictions que j’ai acquises au cours de ma déjà longue vie en Eglise et d’une incessante prière. Ne vous donnez pas tant de mal, vous ne me ferez pas changer d’avis. Mon apostolat, c’est précisément de bousculer les certitudes dogmatiques des catholiques crispés sur leurs petites doctrines, et qui contribuent tant à ternir l’image que renvoient les chrétiens…