En ce temps-là, il y avait quelqu’un de malade, Lazare, de Béthanie, le village de Marie et de Marthe, sa sœur. Or Marie était celle qui répandit du parfum sur le Seigneur et lui essuya les pieds avec ses cheveux. C’était son frère Lazare qui était malade. Donc […]
Les disciples lui dirent : « Rabbi, tout récemment, les Juifs, là-bas, cherchaient à te lapider, et tu y retournes ? » Jésus répondit : « N’y a-t-il pas douze heures dans une journée ? Celui qui marche pendant le jour ne trébuche pas, parce qu’il voit la lumière de ce monde ; mais celui qui marche pendant la nuit trébuche, parce que la lumière n’est pas en lui. » Après ces paroles, il ajouta : « Lazare, notre ami, s’est endormi ; mais je vais aller le tirer de ce sommeil. » Les disciples lui dirent alors : « Seigneur, s’il s’est endormi, il sera sauvé. » Jésus avait parlé de la mort ; eux pensaient qu’il parlait du repos du sommeil. Alors il leur dit ouvertement : « Lazare est mort, et je me réjouis de n’avoir pas été là, à cause de vous, pour que vous croyiez. Mais allons auprès de lui ! » Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), dit aux autres disciples : « Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui ! » […]
Comme Béthanie était tout près de Jérusalem – à une distance de quinze stades (c’est-à-dire une demi-heure de marche environ) –, beaucoup de Juifs étaient venus réconforter Marthe et Marie au sujet de leur frère. […]
Ayant dit cela, elle partit appeler sa sœur Marie, et lui dit tout bas : « Le Maître est là, il t’appelle. » Marie, dès qu’elle l’entendit, se leva rapidement et alla rejoindre Jésus. Il n’était pas encore entré dans le village, mais il se trouvait toujours à l’endroit où Marthe l’avait rencontré. Les Juifs qui étaient à la maison avec Marie et la réconfortaient, la voyant se lever et sortir si vite, la suivirent ; ils pensaient qu’elle allait au tombeau pour y pleurer. Marie arriva à l’endroit où se trouvait Jésus. Dès qu’elle le vit, elle se jeta à ses pieds et lui dit : «Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. » Quand il vit qu’elle pleurait, et que les Juifs venus avec elle pleuraient aussi, Jésus, en son esprit, fut saisi d’émotion, il fut bouleversé, et […]
repris par l’émotion, […]
Extraits de Jean 11,1-45
Textes liturgiques©AELF
Qu’est-ce donc que ce curieux passage d’évangile, allez-vous penser ?
Je me suis simplement prêtée à un petit jeu : je n’ai copié que les passages proposés à la suppression dans l’Evangéliaire pour la lecture brève de Jean 11, 1-45. Donc, ce qui reste ci-dessus, ce sont les passages “entre parenthèses” considérés comme facultatifs et que, dans certaines paroisses, le prêtre n’a pas lus aujourd’hui. Bien sûr, on ne comprend plus bien ici le récit de la résurrection de Lazare, magnifique, que j’encourage chacun à lire entièrement. Mon propos n’est pas de commenter cet événement annonciateur de la résurrection de Notre Seigneur, mais plutôt de me pencher sur ce que l’Eglise considère comme secondaire dans cet extrait d’évangile, et propose de supprimer pour qu’il ne soit pas trop long à lire.
Et comme par hasard, dans les passages supprimés, il y a presque tout ce qui concerne Marie de Béthanie. La profession de foi de Marthe est bel et bien présente dans la lecture brève. Celle de sa sœur Marie, non. On coupe aussi la phrase de Marthe qui donne à comprendre que Jésus a fait appeler Marie près de lui, comme si c’était un détail sans importance. Marie voulait rester discrètement à la maison, à pleurer son frère Lazare, mais Jésus demande à Marthe de la faire venir. Jamais je n’ai entendu un prédicateur souligner ce fait-là, qui pourtant est significatif de l’attachement du Christ pour Marie. Et c’est bien en la voyant pleurer, elle, Marie – et non pas Marthe avant elle – que Jésus est “saisi d’émotion” et qu’il se met à pleurer lui aussi. Il ne pleure donc pas seulement sur la mort de son ami Lazare, mais aussi – et c’est l’élément déclencheur – sur le chagrin de la jeune Marie.
De même, dans le début de la lecture brève, l’Eglise omet-elle l’allusion à l’onction de Béthanie, qui concerne également Marie.
Où vais-je en venir ? Simplement souligner que dans l’Eglise catholique, toutes les occasions sont bonnes pour faire peu de cas de Marie de Béthanie. Nombreux sont les prédicateurs qui la confondent encore et toujours avec Marie de Magdala, et je trouve cela inadmissible après tant de siècles de théologie. Marie de Béthanie n’a pas de fête dans le calendrier. Elle est cachée derrière Marthe le 29 juillet, comme s’il fallait encore et toujours qu’elle demeure à l’ombre de son aînée. Et ne parlons même pas de tous les chrétiens qui, quand on l’évoque, pensent que l’on parle d’une prostituée repentie, ce qui est tout de même un comble pour celle qui fut sans doute la très discrète petite fiancée de Jésus, demeurée vierge et consacrée à Lui toute sa vie pour respecter la mission messianique d’Agneau offert pour nos péchés à laquelle Jésus se devait.
Alors voilà, une fois de plus, l’Eglise aura proposé de mettre Marie de Béthanie entre parenthèses.
Ce n’est certes pas l’intention du Christ : Marie a choisi la meilleure part : elle ne lui sera pas enlevée. Luc 11, 42
Et encore : Amen, je vous le dis : partout où l’Évangile sera proclamé – dans le monde entier –, on racontera, en souvenir d’elle, ce qu’elle vient de faire. Marc 14, 9
2 commentaires
Bonjour Véronique..Notre curé a lu la lecture en entier..Ce qui m’ étonne, c’est que Marie a semble t’il déjà oint de parfum les pieds de Jésus..Je pensais que c’était 6 jours avant la Pâques après la résurrection de Lazare..Les différents épisodes semblent confus..Quelle en est votre lecture? Merci
Bonjour Claire, je n’ai pas de réponse exégétique à une telle question, peut-être quelqu’un passera-t-il ici pour nous en éclairer ?