Si l’on m’a persécuté,
on vous persécutera, vous aussi.
Si l’on a gardé ma parole,
on gardera aussi la vôtre.
Jean 15, 20
Textes liturgiques©AELF
La persécution des chrétiens à travers les âges est un vaste et tragique sujet, brûlant en certaines contrées de nos jours. Mais ce ne sera pas là mon propos d’aujourd’hui.
Jésus parle ici à ses disciples, ceux qu’il a “choisis en les prenant dans le monde”. Toute la question est de savoir qui il a choisi, et qui il n’a pas choisi. Car il faut bien l’avouer, entre supposés “choisis par le Christ”, on n’est pas forcément tous d’accord, et chacun peut se sentir le persécuté de l’autre. Mais chaque interlocuteur revendiquera de lui appartenir et d’avoir été choisi par Lui, à plus forte raison s’il a concrétisé un engagement religieux.
Souvent, dans des débats avec d’autres chrétiens, a fortiori avec d’autres catholiques, je suis médusée de constater qu’il y a plus d’opposition et de divergences entre nous qu’avec par exemple mes nombreux amis non croyants, qui m’accueillent avec bienveillance, telle que je suis, et respectent mes prises de position ici ou là, sans forcément les commenter d’ailleurs.
Par contre, quand je m’exprime par l’écrit en milieu catholique, je m’attire souvent des foudres, de l’indifférence, du mépris ou des sarcasmes. Pourtant, si je le fais, c’est bien au nom du Christ Jésus à qui j’ai voué le reste de ma vie. Je n’ai jamais eu l’ambition d’imposer mes points de vue personnels : tous ceux qui me connaissent dans la vie courante le savent. J’ai toujours préféré les postions subalternes et je suis plutôt discrète au quotidien.
Ici, sur cet espace, et sur les quelques lieux de discussion chrétiens où j’interviens, c’est tout autre chose. J’ai une Parole chevillée au cœur : celle du Christ Jésus, telle que je la reçois dans les Ecritures et dans l’oraison. C’est cette parole-là que je défends, dans l’Esprit. Et pourtant, ceux qui prétendent la défendre aussi, ceux qui se targuent d’avoir été choisis par le Christ, bouleversés par une conversion, attirés de façon irrépressible vers l’Eglise voire ordonnés en elle sont rarement d’accord avec ce que j’exprime. Je rencontre des oppositions violentes, et je subis aussi semaine après semaine, quel que soit le prédicateur, des homélies pesantes qui culpabilisent, accusent de manque de foi, valorisent les observances, ramènent tout à l’Eglise même quand elle suit un mauvais chemin… Me prêter l’oreille, à moi ? C’est pure illusion. J’ai rencontré tant d’indifférence et d’opposition que j’ai renoncé désormais à me confier sur mon oraison au cœur de l’Eglise.
Alors, d’aucuns me diront que le problème est en moi et pas ailleurs. Que le plus grand nombre des catholiques marche dans la bonne direction et que c’est moi qui fais fausse route. Que le fait de ne pas avoir de partisans m’accuse moi-même.
Je n’en suis pas si sûre, à méditer cet extrait de l’Evangile de Jean. Ce dont je suis certaine, c’est que le Christ Jésus m’a saisie tout entière, et depuis longtemps déjà. Et que le lot de son véritable disciple, c’est d’être persécuté, même et surtout dans sa propre tradition religieuse… Ceux qui attirent la concorde autour d’eux ne sont peut-être, en réalité, que des faux prophètes.
3 commentaires
Bonjour, je vous apporte un simple témoignage car je comprends ce que vous vivez, non ce nest pas Vous mais l’humain qui est ainsi fait… Baptisée catholique, bébé à peine sortie du ventre de ma mère … j’ai continué sur ce chemin et je me suis souvent perdue… il y a 2 ans je me suis rapprochée de Dieu via l’église catholique et très sincèrement, impossible d’y trouver ma place .. j’ai essayé mais rien n’y a fait.. Il y a quelques mois, j’ai eu un appel et je me suis rapprochée d’une église evangélique et là : révèlation, voilà ce que je cherchais… tous égaux devant Dieu, chacun Fils et Files de Dieu, chacun avec des dons, un plan de vie qui a été déterminé par Dieu. A aucun moment on m’a dit ce que je devais faire ou ne pas faire, être ou ne pas être. La seule parole veritable est celle des Evangiles. J’a été bapitisée très rapidement par immersion et en meme temps j’ai recu le bapteme du saint esprit . Je n’ai jamais été aussi sereine. La conversion a été pour moi une bénédiction. Je ne dis pas que cette religion est meilleure ou pas, elle est plus fidèle à la parole de Jesus . Tout le reste a été inventé par l’homme donc …. Je vous souhaite de trouvver votre chemin de vie en faisant abstraction de ce que lon veut que vous soyez.. Que Dieu vous bénisse
Merci Solange pour votre témoignage.
Il y a presque une vingtaine d’années, j’ai fréquenté pendant six mois une église évangélique très chaleureuse, mais j’ai vite ressenti que là n’était pas ma voie. Je suis baptisée catholique et je me veux fidèle à mon baptême, d’ailleurs le fait de “rebaptiser” n’est pas très conforme à la foi, quelle que soit l’église. “Un seul Seigneur,, une seule foi, un seul baptême…” comme dit un cantique.
J’ai de très grandes aspirations œcuméniques, mais je les porte dans ce qui est ma croix à moi : au cœur de l’Eglise catholique, en demeurant pratiquante et en espérant contribuer à la faire changer de l’intérieur. Ce n’est pas toujours une partie de plaisir, mais je crois davantage dans les vertus de la fidélité à ses engagements (par exemple les sacrements reçus, comme l’eucharistie et la confirmation dans mon cas) qu’au salut par le reniement de sa foi première. Etre souvent contrariée et contredite dans ma propre Eglise me rend plus proche du Christ rejeté par la tradition dont il était issu, et à laquelle il était demeuré malgré tout fidèle… C’est un chemin de croix, oui, mais un chemin à sa suite.
Un pretre me disait lorsque j’étais adolescente alors que je me perdais dans la foi à la vue de multitudes de religion … Pourquoi lui disai-je ? Pourquoi celle-ci serait elle meilleure que l’autre pour quoi imposer telle ou telle ? Au nom de quoi ? de qui ? Si Dieu est amour, il aime ses enfants quelques soient leurs divergeances. Il me répondit avec sagesse : « Vois tu dans un champ, il y a une multitude de fleurs, tu en choisiras une car tu la trouveras la plus jolie, ton voisin une autre car pour lui ce sera elle la plus jolie … alors vois-tu ce champ c’est Dieu et les fleurs les religions ». Ce message m’a accompagné toute ma vie. Quand au re-baptême, celui-ci est fait selon ma propre décision, j’avais 6 jours lorsque j’ai été baptisée catholique, il m’a fallu 52 ans pour accepter que mon chemin était ailleurs mais je ne renie pas pour autant les autres religions, je suis ouverte et tolérance car je souhaite que ce champ merveilleux reste fleuri à tout jamais. Cependant, je ne suis pas d’accord avec le baptême pour les enfants, sans pleine conscience, une présentation à Dieu avec une bénédiction est suffisante en attendant un choix adulte, cela n’empêche pas de s’imprégner ou d’imprégner l’enfant de la parole de dieu selon la Bible. Je respecte toutes les religions, leur différence tant qu’elles obeissent à la Loi de Dieu. Le reste, les Hommes qui la trahise est un autre débat.
Merci pour cet échange.