Si l’on ne vous accueille pas
et si l’on n’écoute pas vos paroles,
sortez de cette maison ou de cette ville,
et secouez la poussière de vos pieds.
Matthieu 10, 14
Textes liturgiques©AELF
J’en étais au point où j’avais franchement la tentation de le faire. Secouer la poussière de mes pieds et quitter l’Eglise catholique romaine. D’ailleurs je l’avais déjà fait à l’entrée dans l’âge adulte, pour y revenir repentante et joyeuse quinze ans plus tard.
Mais pendant toutes ces dernières années – une vingtaine – j’ai dû lutter contre le sentiment pesant d’y être indésirable. Oh bien sûr, j’aurais pu, et on me l’avait demandé, catéchiser des enfants ou des adolescents, prendre des responsabilités dans l’équipe d’animation pastorale, chanter à la chorale, que sais-je encore ? Toutes ces choses que l’on attend volontiers des femmes en Eglise. Plus d’une fois, j’ai dit non, et cela a été plutôt mal perçu. J’avais des excuses valables : pas le temps, maman solo, trop fatiguée par mon métier prenant… Mais au fond de moi, tout au fond de moi, je savais bien que cet appel-là n’était pas celui de Dieu sur moi. Que là n’était pas ma vocation profonde.
Je ne me suis jamais senti un charisme d’animatrice paroissiale. Plus encore, j’ai une aversion pour les petits pouvoirs locaux que cela aurait pu me prodiguer. Rester à ma petite place, à la lecture des Ecritures saintes, celle qui me va tout à fait. Rien d’autre que cela.
Par contre, depuis très longtemps, j’ai des choses à dire à l’Eglise, ou plutôt, à lui chuchoter à l’oreille. Et faute d’y être entendue, je les exprime ici depuis plus de cinq ans maintenant. Mais cela demeure douloureux d’avoir une vie spirituelle intense, d’en faire le moteur de sa vie, et qu’elle ne soit aucunement prise en considération dans son entourage et son diocèse. Depuis vingt ans, je chuchote dans un désert ecclésial. Je me confie, et bien vite, je trouve porte close. J’écris, on me répond poliment, une fois, deux fois peut-être, ou pas du tout. J’ai de grands amis consacrés, ordonnés, avec lesquels je vis des amitiés magnifiques, mais d’accompagnateur spirituel à proprement parler, point. Ma parole, même chuchotée, m’a toujours fermé au bout d’un moment les portes que j’espérais voir s’ouvrir.
Jusqu’à ce dimanche.
Quand l’Esprit s’invite, il se donne clairement à percevoir. Là, vous vous retrouvez face à quelqu’un qui vous inspire une confiance entière et immédiate. Et le dialogue qui s’instaure ne vous déçoit en rien.
Une perspective s’ouvre. Un espoir renaît.
J’allais secouer la poussière de mes pieds et m’enfuir de cette Eglise qui me tient pourtant aux entrailles.
Une main m’a été tendue. J’ai gardé sagement mes pieds dans mes sandales. Et je me suis remise à espérer.
8 commentaires
Bonjour Véronique,
Merci beaucoup de ce partage.
Je “tombe” à l’instant sur votre texte, après que l’idée de ce passage de l’évangile me soit venue… en réponse à mes interrogations du moment sur ce que je vis dans mon église. L’actualité me fait prendre une position qui n’accepte pas la soumission à notre “Pharaon-Président” . Et je ne suis pas entendue…
Comment avez-vous cheminé ensuite dans votre église dans les mois suivant ?
Bien à vous,
Myriam
Bonjour Véronique,
Je suis, moi aussi, tout à fait par hasard, tombée sur votre article en cherchant des explications à ce fameux verset que je connais pourtant déjà :”Et si les gens ne vous accueillent pas, sortez de la ville et secouez la poussière de vos pieds”. Je découvre alors votre bel article qui m’a curieusement beaucoup touché, d’autant qu’il n’est pas du tout ce que je cherchais. Et le message est là : l’espoir renaît.
Merci pour votre témoignage, je découvre avec intérêt votre blog. Merci d’oser témoigner de votre chemin spirituel.
Belle continuation à vous !
Merci beaucoup Clémentine pour votre sympathique commentaire, qui me touche. J’ai pris l’habitude de semer mes ressentis et mes découvertes spirituelles au gré des pages de ce site, sans savoir s’ils porteront du fruit. Un simple retour comme le vôtre me comble déjà de joie. Merci !
Clémentine,
MERCI infiniment pour votre article. Je me retrouve dans ce que vous dites…et justement aujourd’hui. Mais que se passe t-il exactement ? Est-ce vraiment L’Église du Christ ?
Soyez bénie!
Michelyne
Bonjour Véronique,
En commentant l’Evangile de Marc, ce dimanche, je mets en évidence la phrase-titre de votre message et je cherche sa signification matérielle………Je “tombe” tout à fait par hasard sur votre blog. Votre propos n’est pas d’expliquer cette expression évidemment.
Mais j’ai lu ce que vous avez écrit et je retiens : ” Rester à ma petite place, à la lecture des Ecritures saintes, celle qui me va tout à fait”. Je trouve que c’est essentiel. Vous le savez bien.
En espérant vous lire de temps à autre dans Partage d’évangile. Très cordialement à vous.
Jean
Hélios
Bonjour Jean, votre petite visite ici me fait bien plaisir ! J’espère que vous allez bien !
Je relis ce billet qui date d’il y a exactement un an, et je mesure le chemin parcouru : j’ai désormais, grâce à cette rencontre évoquée plus haut, une accompagnatrice spirituelle merveilleuse de foi, de simplicité, d’amour vrai. C’est un réel bonheur et source d’une grande réconciliation intérieure pour moi.
Quant au forum de Pèlerin, je ne pense pas y revenir. La formule “forum” ne me convient guère. Mais revenez quand vous voulez ici, je ne modère pas les commentaires et le débat est toujours ouvert.
Très beau dimanche à vous, amitiés,
Véronique
Je me réjouis de cette nouvelle rencontre, Véronique…Qu’elle soit une aide, sur votre chemin…Je vous remercie aussi de votre blog, qui m’accompagne aussi dans mes réflexions. Les chemins des uns et des autres sont parfois tortueux, mais Dieu est là , avec nous, chaque jour.
Merci chère Claire pour votre fidélité ! Bel été à vous !