Et celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche,
à l’un de ces petits en sa qualité de disciple,
amen, je vous le dis : non, il ne perdra pas sa récompense. »
Matthieu 10, 42
Textes liturgiques©AELF
Ça doit faire douze ans maintenant, même évangile, même été de canicule.
Dans ma tête, mon cœur, ma vie, le chaos. Un de ces moments charnières où une existence sait qu’elle doit basculer vers autre chose, à la fois se remettre en question et se reconstruire sur des décombres pas seulement imputables à soi-même. Chasser les pensées mortifères et choisir quand même la vie, même difficile, même dans des obstacles de tous ordres qui peuvent paraître insurmontables.
Ce jour-là, j’ai rendez-vous avec un psychiatre en qui j’ai grande confiance, il commence à me connaître un peu ; j’ai tant de dilemmes intérieurs qu’outre les rendez-vous, je viens de lui écrire une lettre dans un abandon total à son discernement.
J’arrive tendue, il me reçoit un peu ému aussi. J’ai tout dit. C’est à lui de s’exprimer. Il fait très chaud.
“Est-ce que vous voulez un verre d’eau ?”
Ce verre d’eau-là, je ne l’ai jamais oublié. Jamais je n’ai bu un autre verre d’eau dans un cabinet médical. Jamais on ne m’a servi aussi aimablement un verre d’eau le jour où on lisait cet évangile-là en Eglise. Au fond de moi, ce jour-là, impossible de ne pas faire le rapprochement.
Ce verre d’eau fraîche m’a désaltérée très profondément. Les semaines suivantes, mon ciel s’est considérablement éclairci, même s’il y a eu ensuite d’autres combats, d’autres dilemmes intérieurs. Mais jamais plus un chaos comme celui-là.
Qu’il soit remercié, celui qui m’a tendu un verre d’eau fraîche dans mon désert affectif, celui-là même qui se refusait à pénétrer dans une église, ne serait-ce que pour la visiter.