Frères,
nous le savons, quand les hommes aiment Dieu,
lui-même fait tout contribuer à leur bien,
puisqu’ils sont appelés selon le dessein de son amour.
Ceux que, d’avance, il connaissait,
il les a aussi destinés d’avance
à être configurés à l’image de son Fils,
pour que ce Fils soit le premier-né
d’une multitude de frères.
Ceux qu’il avait destinés d’avance,
il les a aussi appelés ;
ceux qu’il a appelés,
il en a fait des justes ;
et ceux qu’il a rendus justes,
il leur a donné sa gloire.
Romains 8, 28-30
Textes liturgiques©AELF
En méditant cet extrait de l’Epître aux Romains, je ne voudrais pas entrer dans un débat théologique sur la doctrine de la prédestination, ce dont je serais bien incapable. Mais cependant, ce texte me parle en profondeur. Il peut interroger les chercheurs de Dieu. Personnellement, je le comprends à travers tout ce que je connais de l’histoire sainte, et de ma propre vie. Ce n’est pas une compréhension intellectuelle. C’est beaucoup plus profond que cela.
Oui, certaines âmes sont appelées par Dieu, et ce parfois très tôt. Dieu peut donner à une personne le goût de l’aimer et de connaître et faire sa volonté depuis la plus tendre enfance. Et au risque de choquer, je dirais que cet appel n’est pas universel. Nous le savons tous, beaucoup de nos contemporains – et cela a toujours été le cas – sont indifférents aux choses de Dieu. L’exemple le plus parlant en est l’élection divine du peuple d’Israël dans un monde de paganisme depuis les temps bibliques. Il fallait un peuple témoin pour révéler Dieu le Père à tous – et quelle reconnaissance devons-nous au peuple juif d’avoir joué ce rôle ! De même, tandis que le témoignage de fidélité du peuple juif se poursuit et a toute son importance, faut-il depuis 2000 ans des témoins de l’Evangile pour rendre crédible et désirable la Parole du Christ Jésus et la mémoire de sa vie, de sa mort et de sa résurrection. Un chrétien authentique doit témoigner par toute sa vie du Fils de Dieu vérité et chemin vers le Père.
Or, des chrétiens authentiquement témoins, il n’y en a pas tant que cela. Les contre-témoignages abonderont toujours, parmi les fidèles comme au milieu des consacrés. Nous connaissons tous de ces gens qui nous ont, ou auraient pu “nous dégoûter de la religion”.
Ne nous arrêtons pas à ceux-là. Pour reprendre des mots de Jésus “la puissance de la mort ne l’emportera pas sur elle” – l’Eglise, et par extension, notre foi quand elle est sincère et profondément ancrée. (Matthieu 16, 18)
Il incombe à ceux qui ont été vraiment appelés par Dieu de refléter sa lumière et de marcher avec courage sur le chemin de la sainteté. Les saints sont nos plus beaux phares dans la nuit, ceux qui ont été reconnus par l’Eglise comme tous les saints du quotidien, les humbles, qui vivent vraiment en actes et en vérité la Parole de Dieu. Ceux-là nous aident à avancer à la suite du Christ.
Alors comment accepter que Dieu appelle celui-ci et non pas celui-là ? Les incroyants sont souvent pleins de jalousie : quel est ton Dieu qui ne me parle pas, ne m’exauce pas, ne m’a pas appelé(e) ? Pourquoi te crois-tu son élu, au mépris de ma personne non moins importante que la tienne ? Et ainsi se poursuit le malentendu qui a généré la haine du Juif et qui tourne en ridicule le chrétien, pour ne pas afficher un mépris ouvert à son encontre.
Comprenons une chose : le chemin de la sainteté n’est pas une promenade sur un sentier bordé de roses. Il n’est qu’à scruter la vie des grands saints : que de souffrances ! On va encore me ressortir le mot fourre-tout de “dolorisme”. Ce que je veux exprimer n’a pourtant rien à voir avec cette conception biaisée des choses. L’Ecriture est parfaitement claire : le messie de Dieu endure les plus grandes souffrances, parce qu’il est le plus intransigeant avec lui-même. Il ne fait aucune concession au péché, et le monde a horreur de ce qui respire la sainteté. Une sainteté authentique est toujours haïe par les hypocrites et le juste n’attire pas la sympathie mais l’agacement, voire la persécution. Le lot du saint, c’est d’être persécuté par ses contemporains. Et quand cela ne suffit pas, le démon s’y met en personne, sans l’intermédiaire des hommes. Saint Jean-Marie Vianney ou sainte Thérèse d’Avila en témoignaient sans ambiguïté. Mais je sais que peu de gens sont capables de comprendre cela à une époque où il est de bon ton, même dans une certaine Eglise, de prétendre que le diable n’existe pas.
Passons sur cette notion.
Ce qui est certain, c’est que le saint souffre, et que Dieu le sait. Dieu ne le désire pas, mais il le voit, il l’entend, et il console. Il donne force et courage dans l’épreuve. Il relève. Il permet d’aller de l’avant.
Dieu sait la souffrance du juste. Et il parvient à lui faire comprendre qu’elle n’est pas inutile. Car tôt ou tard, de son vivant ou après sa mort, Dieu justifie le juste. Et alors, tous ses persécuteurs ont lieu de se frapper la poitrine, de se repentir et de se convertir. Et pour un juste ou un saint qui a beaucoup enduré sans se plaindre dans sa vie, combien d’âmes gagnées au Ciel grâce à lui !
Ne te révolte donc pas si tu as le sentiment que Dieu t’a oublié ou qu’il ne t’a tout simplement jamais appelé. Dans ce temps où tu vis ton insouciance à la manière du monde, sache qu’il y a au moins quelque part un juste qui prie pour toi et qui sacrifie sa légèreté à ton salut.
5 commentaires
Après l’avoir guéri, Jésus lui dit : va et ne pèche plus !
Ce miraculé était-il prédestiné ?
C’est difficile de répondre à ce genre de question Alain, c’est à la fois trop vaste et trop pointu !
Faute de réponse, je te souhaite aujourd’hui une bonne fête !
Merci Véronique !
Bonsoir Véronique, je pense également que certains sont choisis dès le plus jeune âge et qu’ils vivent Dieu et en Dieu dans des “extrêmes harmonieuses” – intensité, folie joyeuse dans la foi ET tranquillité, ressourcement dans cette même foi, un lien infiniment personnel à Dieu ET une place immense faite à l’autre,, une plus grande propension à la souffrance ET des moments de béatitude inégalables, etc.
Cette manière de vivre sa foi me semble plus complète et mène au chemin des justes, reconnus. C’est une chance et un bonheur, un sentiment d’accomplissement de soi et de sa raison d’être sur cette terre. Il est donc important de ne pas se plaindre et de ne jamais remettre en question la présence de Dieu dans les épreuves.
Ceci dit, le diable, le créateur d’ivraie, n’est jamais loin et s’attaque aux justes avec davantage de force lorsqu’il les sait en tentation. La faiblesse est sa nourriture. Et nous avons un devoir de vigilance face à ce constat. Jésus dit : “J’ai soif”. Le rappel à l’ordre est une nécessité et un bienfait dans le monde actuel.
Quant à cette ivraie qui pousse et qui affaiblit le blé (Matthieu 13-24), remercions-la de nous rappeler par ses actes perfides notre place et nos devoirs d’élus, de justes en gardant au coeur qu’au jour de la moisson, elle sera brûlée.
Merci Candice pour ce commentaire qui m’est précieux. Que d’autres n’hésitent pas à s’exprimer sur le sujet.