Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu.
Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes.
Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix.
C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue proclame :
« Jésus Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père.
Philippiens 2, 6-11
Textes liturgiques©AELF
Je trouve que ces versets sont parmi les plus beaux qu’ait écrits l’Apôtre Paul. Ils nous parlent magnifiquement de Dieu le Père et de son Fils, sans les confondre l’un avec l’autre comme la théologie le fait parfois, à mon grand étonnement. Jésus est “dans la condition de Dieu” ne veut pas dire qu’il soit Dieu à lui tout seul. Un jour que je le faisais remarquer à des évangéliques, on m’a rétorqué comme une volée de bois vert : “Mais Jésus est Dieu ! ” Personnellement, je n’arrive pas à affirmer cela. Jésus est l’une des trois Personnes de la Trinité sainte, oui, il y a en lui cette part irréductible de divinité qu’il avait dès le commencement, avant la création. Je le crois profondément. Mais son incarnation ne signifie pas que Dieu tout entier soit descendu du Ciel en lui. Non ! Le Christ Jésus vivait au milieu des hommes reconnu homme à son aspect, mais pendant ce temps, Dieu le Père était toujours aux cieux, et d’ailleurs Jésus ne priait pas le vide du Ciel, il priait son Père qui y était ! Un Père qui n’a sans doute pas forme humaine, et qui n’est absolument pas masculin.
Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme (Genèse 1, 27), ce verset est tout à fait clair, il y a en Dieu à la fois la future masculinité et la future féminité de l’être humain. Il me plaît de penser à Dieu le Père avec des entrailles maternelles, des entrailles qui auraient porté les prémices masculines du Fils et les prémices féminines de la ruah.
Et cette essence divine du Fils aurait ensuite pris chair dans le sein vierge de Marie, non pas comme dans le ventre d’une mère porteuse mais par une authentique fécondation de la féminité de Marie. C’est un grand mystère, certes, mais je ne peux soutenir l’idée que Jésus soit arrivé à l’état d’embryon déjà tout constitué dans le sein vierge de Marie. Il y a en lui quelque chose du Dieu éternel et quelque chose de Marie, mais en tout cas rien de l’homme “fils d’Adam”. L’homme mâle n’est absolument pas intervenu dans cette conception, c’est important de le souligner, Jésus n’a ainsi rien des péchés virils habituels. Il est seulement reconnu homme à son aspect, mais il n’y a pas en lui l’héritage du péché qui fait tant souffrir le monde depuis les origines, en particulier les pulsions de domination, de soumission d’autrui, de violence et d’irrépressible besoin de conquérir les espaces et les consciences qui caractérisent surtout l’homme mâle depuis les temps immémoriaux. La société patriarcale dont nous héritons ne serait sans doute pas aussi terriblement difficile à vivre si les valeurs féminines avaient été prises en considération dans la construction des sociétés et des mœurs.
Pourquoi le propre Fils de Dieu a-t-il eu à souffrir l’abaissement jusqu’à la croix dans l’injustice la plus criante ?
C’est que la justice de Dieu n’est pas du tout celle des hommes. Dieu n’a pas voulu que son Fils, ayant pourtant toutes les perfections, grandisse et vive au milieu des humains en petit prince gâté. Pour Jésus notre Seigneur, depuis ses origines dans le sein du Père (Jean 1, 18) , la place de Roi de Gloire dans le Royaume qui vient était déjà préparée. Or Dieu ne donne la première place qu’à celui qui a, dans le monde, occupé au moins un temps la dernière. Ainsi du Christ Jésus dont nous fêtons aujourd’hui la Croix glorieuse. Ainsi de celle qui sera reine à son bras pour l’éternité.
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Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu.
Début de l’Évangile selon Saint Jean.
Le mystère de la Sainte Trinité est difficile à concevoir mais il est admis depuis longtemps par l’Eglise.