En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Je vous le dis : Quiconque se sera déclaré pour moi devant les hommes, le Fils de l’homme aussi se déclarera pour lui devant les anges de Dieu.
Mais celui qui m’aura renié en face des hommes sera renié à son tour en face des anges de Dieu.
Quiconque dira une parole contre le Fils de l’homme, cela lui sera pardonné ; mais si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera pas pardonné.
Quand on vous traduira devant les gens des synagogues, les magistrats et les autorités, ne vous inquiétez pas de la façon dont vous vous défendrez ni de ce que vous direz.
Car l’Esprit Saint vous enseignera à cette heure-là ce qu’il faudra dire. »
Luc 12,8-12
Textes liturgiques©AELF
Il y a déjà eu un débat au sujet du blasphème contre l’Esprit Saint en 2012 / 2014 sur “Histoire d’une foi”. C’est ici :
Ce débat m’avait un peu laissée sur ma faim. Car on insiste toujours sur la miséricorde de Dieu malgré tout péché, en éludant parfois l’étape qui consiste à définir le blasphème contre l’Esprit Saint.
Personnellement, je ne vais pas le définir en théologienne ou en spécialiste du catéchisme de l’Eglise catholique. Je ne suis ni l’une, ni l’autre. Par contre, je peux me prévaloir d’une grande proximité avec le Seigneur dans l’oraison et dans toutes les facettes de ma vie, ce qui me donne aussi une légitimité à comprendre ce mystère.
J’identifie ainsi le blasphème contre l’Esprit Saint au blasphème contre l’Esprit de Vérité “qui procède du Père et du Fils”. Il y a une Vérité et elle est dans la Parole du Christ consignée dans les quatre Evangiles. Cette Parole se poursuit par l’œuvre de l’Esprit Saint. Ainsi, les martyrs du Christ ont-ils des paroles de vérité, comme le dit cet extrait d’évangile, qui ne sont pas forcément les paroles mêmes de Jésus mais qui procèdent du Père et du Fils. On a tort de “clore la Révélation” au dernier des apôtres, comme si d’apôtres, il n’y en avait plus désormais.
L’Eglise catholique poursuit ce paradoxe de faire taire souvent l’Esprit de Vérité pour sanctifier plus tard le moindre mot des saints canonisés. Bien plus tard…
Or, Dieu agit toujours dans notre “aujourd’hui”. Les Prophètes du Premier Testament nous prouvent qu’une parole donnée il y a des millénaires peut encore être très actuelle, comme elle l’était en leur temps. Aujourd’hui, on médite ces prophètes. Autrefois, on les persécutait. Et cela a pu être fatal au peuple élu de Dieu, comme le refus d’entendre la vérité contemporaine qui vient de Lui peut être fatal à l’Eglise et aux brebis qu’elle ne cesse de perdre.
Il me semble donc absolument nécessaire qu’elle se mette résolument et concrètement à l’écoute des témoins de l’Evangile qui reçoivent aussi, dans la prière, des éclaircissements utiles de nos jours sur les failles de notre théologie et du carcan du catéchisme. Comment celui-là serait-il plus infaillible que n’a pu l’être la Loi de Moïse ? Jésus n’a cessé de chercher à libérer ses contemporains des étroitesses des observances de son temps et de sa tradition. Et de nos jours, l’Eglise évalue – quand elle daigne le faire – une parole prophétique à sa conformité avec sa théologie et son catéchisme ! C’est un comble…
Or Dieu, a fortiori l’Esprit de Vérité, ne se laisse enfermer dans aucune théorie humaine, dans aucun catéchisme. Il est bien plus libre et universel que cela.
Là où le blasphème contre l’Esprit Saint ne peut être pardonné, c’est dans toutes les tentatives cléricales de l’étouffer. Là où point malgré tout la miséricorde de Dieu, c’est dans la co-rédemption offerte par les âmes immolées aux bûchers du refus d’entendre la vérité qui est en elles. Tôt ou tard, Dieu les justifie, à sa manière et dans son temps. Mais ceux qui les immolent ont au minimum une profonde conversion du cœur et de l’intelligence à entreprendre, une vraie contrition à montrer pour la manière dont ils ont bafoué les avertissements de Dieu, avant que de pouvoir entrer dans la plénitude de sa Gloire.