En ce temps-là, comme on l’écoutait, Jésus ajouta une parabole : il était près de Jérusalem et ses auditeurs pensaient que le royaume de Dieu allait se manifester à l’instant même.
Voici donc ce qu’il dit : « Un homme de la noblesse partit dans un pays lointain pour se faire donner la royauté et revenir ensuite.
Il appela dix de ses serviteurs, et remit à chacun une somme de la valeur d’une mine ; puis il leur dit : “Pendant mon voyage, faites de bonnes affaires.”
Mais ses concitoyens le détestaient, et ils envoyèrent derrière lui une délégation chargée de dire : “Nous ne voulons pas que cet homme règne sur nous.”
Quand il fut de retour après avoir reçu la royauté, il fit convoquer les serviteurs auxquels il avait remis l’argent, afin de savoir ce que leurs affaires avaient rapporté.
Extrait de Luc 19,11-28
Textes liturgiques©AELF
Comme l’évangile d’aujourd’hui (parabole des mines) est assez long, je n’en ai posté que le début pour m’arrêter à la phrase donnée en titre : “Nous ne voulons pas que cet homme règne sur nous.”
Jésus était décidément fort clairvoyant.
Il s’est incarné de Marie et du Père et s’est dépouillé de toute prérogative divine en s’abaissant ainsi au rang des hommes, lui qui précédait pourtant toute création. Et bien qu’on l’ait suivi du temps de sa mission pour ses paroles belles et les guérisons accordées, il avait très bien compris que beaucoup d’autres n’étaient pas prêts à l’accepter comme souverain. C’est que l’humain pense à échelle humaine, et même les disciples de Jésus se sont laissé aller à espérer qu’il devienne roi d’Israël, ce qui n’était pourtant ni dans le dessein du Père, ni dans les ambitions du Fils.
“Ma royauté n’est pas de ce monde”, dira plus tard Jésus à Pilate. (Jean 18, 36) Il l’a toujours su, et quand il reviendra dans la Gloire, ce ne sera toujours pas pour régner sur ce monde-ci, mais sur l’ailleurs de son propre Royaume.
Cependant, nombre de nos contemporains en sont restés à la rumeur rapportée plus haut dans la parabole : “Nous ne voulons pas que cet homme règne sur nous.”
Autrement dit en langage d’aujourd’hui : “Ni Dieu, ni maître.”
Je me demande toujours comment il est possible de faire preuve d’engouement pour un personnage politique qui se présente aux urnes, de s’investir parfois même jusqu’aux limites de son énergie pour qu’il / elle soit élu, tout en sachant pertinemment qu’une fois au pouvoir, cette personne en prendra tous les travers et trahira forcément les promesses données un peu légèrement.
Tandis que d’un autre côté, le Christ Jésus se présente à nous doux et humble de cœur, parfait tant en parole qu’en comportement, n’ambitionnant même pas un pouvoir temporel sur nous mais prêt à guider nos âmes de la plus aimante des façons, et que le monde le dénigre, le tourne en dérision, méprise ses commandements et le traite finalement comme il en fut au jour de sa Passion.
“Nous ne voulons pas que cet homme règne sur nous.”
Je pense à un internaute catholique toujours très aimable et correct en ses propos, qui exprimait un jour sur un forum qu’il ne comprenait pas cette idée de royauté du Christ. Même lui !
Je ne m’explique pas ce rejet de l’idée même de la royauté du Christ. Sommes-nous donc si orgueilleux que nous refusions d’admettre que le Père se soit choisi un intermédiaire entre Lui et nous, un Messie digne par sa perfection de régner pour toujours sur les rachetés que nous pourrions pourtant tous être avec un peu d’humilité ? Et si les perfections du Christ ne suffisaient pas pour lui acquérir cette place, ne l’a-t-il pas amplement méritée par son abnégation devant les souffrances de sa Passion ? Il a versé pour nous pécheurs – lui ne l’étant aucunement – jusqu’à la dernière goutte de son sang, et nous lui contestons encore sa légitimité !
“Nous ne voulons pas que cet homme règne sur nous.”
Eh bien moi je l’affirme ici, j’attends de toutes les forces de mon être le retour glorieux de mon Seigneur, pour qu’enfin, il règne en Roi sur le troupeau que le Père lui a confié !