HOMELIE DE NOËL
Nous sommes tous là pour célébrer Noël. Sainte et belle fête pour nous, chrétiens.
En passant, ce n’est pas pour entrer dans des logiques élitaires ou identitaires, mais il me semble, que nous devenons toujours moins nombreux… Et je ne sais pas si ce constat doit nous attrister ou plutôt nous encourager… Nous célébrons la naissance de Jésus fils de Marie, un enfant-pauvre né dans une famille pauvre, et qui, dès le début, est déjà refusée par les gens-bien et les puissants de son temps. En même temps, nous savons, par la foi, que dans cet Enfant est la lumière de Dieu, celui que, nous l’avons entendu, l’évangéliste Jean appelle : « Logos » (traduit par Verbe, Parole-de Dieu) qui vient partager notre nature humaine. C’est le grand cadeau de Dieu à l’humanité tout entière, à chacun de nous, sous des apparences très modestes : un enfant. Et nous qui sommes là nous en sommes heureux et reconnaissants.
Mais il serait trop peu d’en rester simplement l et de réduire ce jour de Noël à une occasion de joie intimiste ou, pire encore, égoïste. Nous sommes invités à la partager, cette joie, à réfléchir ensemble pour que notre joie devienne aussi joie pour les autres. Car, pour commencer, il n’est pas question de fêter cette date comme un anniversaire au milieu de tant d’autres. En effet, ce qui est curieux, c’est qu’une partie importante de gens autour de nous (même parmi ceux qui se disent chrétiens) c’est ainsi qu’ils l’entendent. Ils fêtent Noël sans trop savoir pourquoi, sans se préoccuper de comprendre de quoi il s’agit réellement. Nous le constatons : pour beaucoup, Noël est réduit parfois à un fait culturel comme tant d’autres, une occasion folklorique qui permet de briser la monotonie et la grisaille de l’hiver ; en quelque sorte, une manière de pimenter notre quotidien. À ce titre là, cette fête est adoptée même par ceux qui refusent, par principe, toute référence chrétienne et la considèrent un envahissement indu, inopportun dans la vie civile. Cela est devenu un fait assez courant. Pour eux, toute manifestation religieuse serait une atteinte dangereuse à la vie des honnêtes gens, quelque chose qui dérange.
Sur certains documents officiels important où figure une date, que ce soit 2017 ou 2018, il est conseillé de préciser : « de notre ère », dans le cas où l’on pourrait imaginer une quelconque allusion, possible, à la naissance du Christ. Ce qui est pourtant une réalité incontestable. Cette distorsion est tellement naïve qu’elle nous fait sourire.
Mais le Verbe de Dieu vient pour eux aussi. Saint Jean le dit déjà clairement : « et les siens ne l’ont pas reconnu ». Nous constatons ainsi que Noël dérange, aujourd’hui encore. Quant à nous, nous ne voulons pas en rester au stade d’un sentiment flou, nous voulons nous engager à comprendre davantage. Nous aimerions entrer un peu plus dans cette fête, en ce qu’elle veut nous rappeler et quelles sont les conséquences pratiques d’un tel évènement pour nous. Dieu, en se faisant lui-même cadeau suprême pour nous, en se faisant « don », nous demande de ne pas laisser ce cadeau inactif, tel un trésor enterré dans un coin de notre jardin, mais de le faire fructifier, en le partageant. Jésus est né, oui, il est dans l’histoire de notre monde. C’est pour cela que chacun de nous est appelé à engendrer, chaque jour, la présence du Christ dans le monde, dans sa propre vie. «Engendrer Dieu chaque jour », qu’est-ce que cela peut vouloir dire, concrètement ?
Si nous sommes convaincus d’avoir part à sa plénitude, comme l’affirme clairement le prologue de Saint Jean, alors nous devons aussi témoigner de lui, sans peur, sans timidité. Nous en connaissons de ces témoins qui s’exposent, même dans des situations de danger, et nous rendons grâce à Dieu qu’ils existent. Ils nous font un grand bien. Eux, engendrent Dieu dans leur quotidien, dans leur vie. Les occasions ne manquent pas pour nous non plus : notre quotidien demande des engagements, des témoignages de notre foi. Les évènements nous le rappellent : c’est l’étranger qui frappe à notre porte, c’est la personne seule que nous choisissons d’inviter à notre table ; c’est l’ancien qui demande de l’attention, c’est notre fils, notre frère qui passe un mauvais moment et qui veut être écouté… Ce sont eux les « périphéries » dont parle le pape François qui n’a pas peur de nous rappeler à la réalité, nous et nos hommes politiques qui s’accrochent à la « prudence».
Voilà comment le Verbe s’incarne dans notre vie et comment il est engendré en nous, chaque jour. « Les siens ne l’ont pas accueilli, mais à ceux qui l’ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. Ceux-là ne sont pas nés du sang ni d’un vouloir de chair ni d’un vouloir d’homme, mais de Dieu ». C’est pour cela que nous pouvons nous pouvons nous adresser les uns les autres, sincèrement,
Joyeux Noël à tous!
Dom Ginepro
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