Grâce à la foi, Sara, elle aussi, malgré son âge,
fut rendue capable d’être à l’origine d’une descendance
parce qu’elle pensait que Dieu est fidèle à ses promesses.
C’est pourquoi, d’un seul homme, déjà marqué par la mort,
a pu naître une descendance aussi nombreuse
que les étoiles du ciel
et que le sable au bord de la mer,
une multitude innombrable.
Hébreux 11, 11
Textes liturgiques©AELF
J’aime particulièrement, dans la Lettre aux Hébreux ou la Genèse, ces passages qui nous disent que par la foi, Abraham et Sarah ont pu être exaucés dans leur vœu le plus cher : avoir une descendance issue de leur union. Alors que cela semblait totalement improbable au vu de leur âge avancé. Quelles que soient nos familles, nous pouvons nous nourrir de leur exemple pour croire aux promesses que Dieu a chuchotées à l’oreille de notre cœur parfois dès le plus jeune âge. Et ne pas perdre de vue qu’avant Isaac naquit Ismaël, le fils de la servante, et qu’en cela, Abraham avait pourtant bel et bien transgressé les commandements du Seigneur.
Je n’ai jamais beaucoup aimé que l’on fasse du Dimanche de la Sainte Famille la glorification du trio Jésus-Marie-Joseph comme modèle de famille idéale. Parce qu’on en fait alors une famille conventionnelle qui pourtant, ne l’est pas du tout. Jésus n’est pas le fils biologique de Joseph. Il n’est pas né d’un projet commun du jeune couple, mais du Oui de Marie au projet de Dieu sur eux. Joseph a certainement dû prendre sur lui pour accepter d’élever comme sien cet enfant qui n’était pas né de son sang.
Je n’aime pas beaucoup non plus que l’on fasse de Marie dès sa vie terrestre une créature diaphane que Joseph aurait contemplée patiemment comme une madone entièrement dédiée à un Fils unique et négligeant par là-même toutes les prérogatives de sa condition d’épouse juive. D’autant plus que le canon des Ecritures ne dit absolument pas cela, mais uniquement une tradition pudibonde issue des évangiles apocryphes dans lesquels nous ne devrions rien puiser du tout. Célébrant encore et encore le trio Jésus-Marie-Joseph, nous construisons sans doute une image erronée de l’authentique Sainte Famille, composée bien plutôt d’un couple légitimement marié, d’un Fils premier-né conçu par grâce de la volonté de Dieu et de l’acquiescement de Marie, et de nombreux frères et sœurs de Jésus nés après lui de l’union féconde et aucunement peccamineuse de Marie et de Joseph. Voilà très profondément ma foi, et tant pis si elle choque de chastes oreilles catholiques plus soucieuses de la tradition que de la vérité des Ecritures. Je ne vois vraiment pas ce qu’il pourrait y avoir de glorieux dans le fait de se refuser une vie durant l’un à l’autre dans le cadre du mariage et de se fermer par là-même à la possibilité d’engendrer la vie.
Si l’Eglise catholique acceptait enfin de revoir ses doctrines irréalistes et contestables, elle gagnerait sans nul doute en crédibilité.
Je lis ici ou là des prêtres qui se laissent aller à concéder à Joseph la paternité biologique de Jésus. Là je suis vraiment choquée, car le fondement de notre foi chrétienne, c’est que Jésus est le Fils de Dieu, le Verbe fait chair. Le vrai problème de la doctrine n’est pas là, mais dans le fait de faire de Marie une vierge inutilement perpétuelle. Marie mère, oui, mais mère d’une nombreuse famille qui préfigure l’Eglise, et qui a mis le Christ Jésus dans de vraies conditions familiales, ayant à s’affronter dès sa tendre enfance à des frères et sœurs qui ne croyaient pas forcément en lui et ignoraient même, sans doute, sa condition divine qui le rendait sans péché et certainement source de jalousie pour sa fratrie. A ses élus, Dieu n’offre pas le confort d’un cadre familial sucré et sans aspérités, mais bien la naissance dans la pauvreté, l’émigration sous la persécution, et la dure vie de tous les jours dans l’incompréhension des proches au sujet de l’œuvre et de la Volonté du Père. Détachons-nous donc de l’image du “petit Jésus” choyé par un couple idéal tout tourné vers lui ! Dieu aurait choisi cette configuration pour en faire un petit être narcissique, et non un Messie de chair et de sang confronté autour de lui aux limites de la pâte humaine dès ses premiers pas !
Je n’écris pas ces lignes par goût de la provocation, mais par recherche continuelle de la Vérité du Christ.
Je plains le Pape François qui est déjà si contesté dans les rangs de l’Eglise pour une simple phrase dans Amoris Laetitia. L’Eglise catholique a décidément de quoi se convertir, et il serait sage qu’elle écoute un peu mieux ce que nos frères protestants ont compris depuis très longtemps en scrutant les Ecritures avec un peu plus de rigueur que nous. Je dis cela en catholique que je demeure malgré tout, car si Dieu est fidèle à ses promesses, je me dois de l’être moi-même au baptême qu’Il m’a accordé, dans une longue chaîne de fidélité familiale aux sacrements, quand je n’avais que quelques jours.
4 commentaires
C’est vrai que cette année, la fête de la Sainte Famille est plus centrée sur la foi. Nous le voyons dans cette lecture que vous avez commentée. Vous avez raison d’insister sur le fait que Joseph n’est pas le père biologique de Jésus. Il suffit de lire “l’annonce faite à Joseph” dans l’Évangile de Saint Matthieu. Le pape François a écrit de très belles choses sur la fête de la Sainte Famille (livre “Joyeux Noël”).
Il est heureux que nous trouvions sur le Net des approches complémentaires de la Parole de Dieu. Tous les matins j’écoute ceux de Radio Présence, RCF, Radio Notre Dame et Radio Fidélité. Aucun ne se ressemble mais tous vont dans la même direction. Moi-même, j’essaie d’apporter ma modeste contribution sur https://evangile-aujourlejour.blogspot.fr/
Merci à vous de tout ce que vous faites. Surtout ne vous arrêtez pas.
Père Jean
Merci à vous Père Jean pour votre lecture et votre réponse ! Oui, semons l’Evangile sans compter…
Je suis d’accord avec vous, Véronique. Cette circulation d’ amour qu’ il y a probablement eu entre Joseph, Marie et Jésus est une icone de Dieu relation, pour ne pas dire Dieu Trinité, car Joseph et Marie ne sont pas Dieu…Mais chacune de nos famille, avec ses blessures, ses particularités, ses recompositions parfois, peut être une version de cette icone…il suffit qu’il y ait une circulation d’ amour il me semble…
Oui Claire, je le vis particulièrement depuis cet heureux Noël de ma famille élargie qui n’a rien de conventionnel : recomposée – celle du père de mes enfants – mais accueillante, dans laquelle toutes les grandes traditions religieuses sont représentées et respectées, pratiquées ou non… Cette dimension universelle de ma famille la plus proche m’empêche de penser de manière catholico-centrée… Ma foi demeure des plus vives, mais toute doctrine se prétendant la vérité absolue me semble bien étriquée !