Debout, Jérusalem, resplendis ! Elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi.
Voici que les ténèbres couvrent la terre, et la nuée obscure couvre les peuples. Mais sur toi se lève le Seigneur, sur toi sa gloire apparaît.
Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore.
Lève les yeux alentour, et regarde : tous, ils se rassemblent, ils viennent vers toi ; tes fils reviennent de loin, et tes filles sont portées sur la hanche.
Alors tu verras, tu seras radieuse, ton cœur frémira et se dilatera. Les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi, vers toi viendront les richesses des nations.
En grand nombre, des chameaux t’envahiront, de jeunes chameaux de Madiane et d’Épha. Tous les gens de Saba viendront, apportant l’or et l’encens ; ils annonceront les exploits du Seigneur.
Isaïe 60,1-6
Textes liturgiques©AELF
J’ai eu une joie incommensurable à lire ce texte à l’ambon pour cette fête de l’Epiphanie. Isaïe est un Prophète qui me transporte d’allégresse de bout en bout. Je suis donc revenue sur cet extrait ce matin et ai prolongé la lecture du chapitre 60.
A l’évidence, pour notre temps “Debout Jérusalem, resplendis !” ne s’adresse pas à la ville de Jérusalem, tout importante qu’elle soit pour notre Dieu. Jérusalem a déjà eu ses heures de gloire. A notre époque, elle n’est que tensions politiques et convoitises. Et je ne suis pas de ceux qui pensent que sa splendeur reviendra comme “ville de la paix” en ce bas monde.
Les chrétiens ont décidé un jour que toutes les prophéties du Premier Testament étaient accomplies en Jésus Christ, Jérusalem devenant alors l’Eglise terrestre dans un premier temps, puis céleste au terme de l’histoire.
Je trouve cette interprétation tout autant réductrice. C’est finalement assez nombriliste de la part de l’Eglise, catholique surtout, de se croire ainsi le terme de la Révélation. Contemplons le visage que donne l’Eglise catholique romaine de nos jours : rien, dans ce chapitre 60 d’Isaïe, ne fait penser à elle.
Quant au Royaume promis par le Christ, à l’évidence, il ne sera jamais réalisé sur cette terre où nous vivons et souffrons tous pour le moment, le mal étant très puissamment à l’œuvre, avec des stratégies et des armes de plus en plus meurtrières.
Alors ?
Méditons encore cet extrait du chapitre 60, un peu plus loin :
14 Les fils de ceux qui t’humiliaient viendront se courber devant toi ; tous ceux qui te méprisaient se prosterneront à tes pieds. Ils t’appelleront « Ville du Seigneur », « Sion du Saint d’Israël ».
15 Alors que tu étais délaissée, haïe, sans personne qui passe, je ferai de toi la fierté des siècles, une joie de génération en génération.
Ni Jérusalem, ni l’Eglise, ni même la Vierge Marie, qui est adulée depuis vingt siècles plus qu’elle ne le désirerait elle-même, ne sont visées dans ces lignes.
Non, personnellement, je vois dans cette figure de Jérusalem en Isaïe la Femme, toutes mes sœurs en humanité qui souffrent depuis la nuit des temps, en certaines contrées peut-être davantage qu’en occident, mépris, oppression, asservissement de la part de ceux qui tiennent les rênes du monde et de leur vie. Dieu n’a que faire des amas de pierres que sont les villes ! Dieu n’a que faire des richesses encore thésaurisées du Vatican ! C’est à l’humain et uniquement à lui que Dieu s’intéresse. A son Fils, il a donné la messianité et le pouvoir de convertir à la vérité de sa Parole tout homme et femme de bonne volonté qui ne marchait pas déjà dans ses voies en enfant d’Abraham. Aux frères de Jésus en humanité, il a donné depuis la nuit des temps les premières places partout, dans la famille, les sociétés, les corps de métiers, les états, les institutions religieuses…
Etait-ce là la volonté ultime de Dieu ? Certainement pas !
Car notre Dieu est un Dieu de justice, et il ne saurait tolérer que les femmes soit considérées et malmenées en maints endroits comme elles le sont encore de nos jours, l’institution catholique étant l’un des plus beaux exemples de la culture de l’entre-soi masculin, et les régimes de talibans les plus injustes et les plus oppressifs du monde, soi-disant “au nom de Dieu”.
Or Dieu aime infiniment ses filles, et il est tout près de les justifier. Quand et de quelle façon, cela lui appartient. Mais j’en ai l’assurance très profonde, et elle me réjouit le cœur.
18 On n’entendra plus parler de violence dans ton pays, de ravages ni de ruines dans tes frontières. Tu appelleras tes remparts « Salut », et tes portes « Louange ».
19 Le jour, tu n’auras plus le soleil comme lumière, et la clarté de la lune ne t’illuminera plus : le Seigneur sera pour toi lumière éternelle, ton Dieu sera ta splendeur.
20 Ton soleil ne se couchera plus, et la lune pour toi ne disparaîtra plus ; car le Seigneur sera pour toi lumière éternelle, et les jours de ton deuil seront accomplis.