Moïse disait au peuple : « Au milieu de vous, parmi vos frères, le Seigneur votre Dieu fera se lever un prophète comme moi, et vous l’écouterez.
C’est bien ce que vous avez demandé au Seigneur votre Dieu, au mont Horeb, le jour de l’assemblée, quand vous disiez : « Je ne veux plus entendre la voix du Seigneur mon Dieu, je ne veux plus voir cette grande flamme, je ne veux pas mourir ! »
Et le Seigneur me dit alors : « Ils ont bien fait de dire cela.
Je ferai se lever au milieu de leurs frères un prophète comme toi ; je mettrai dans sa bouche mes paroles, et il leur dira tout ce que je lui prescrirai.
Si quelqu’un n’écoute pas les paroles que ce prophète prononcera en mon nom, moi-même je lui en demanderai compte.
Mais un prophète qui aurait la présomption de dire en mon nom une parole que je ne lui aurais pas prescrite, ou qui parlerait au nom d’autres dieux, ce prophète-là mourra. »
Deutéronome 18,15-20
Textes liturgiques©AELF
A l’évidence, le Père annonce ici, par la bouche de Moïse, le Fils qui viendra quelques siècles plus tard. Et nous avons à l’écouter. Instamment.
De là à croire que tous ceux qui parlent soit-disant au nom de Jésus prononcent aujourd’hui des paroles de vérité venues de Dieu lui-même, il y a un pas.
Il ne suffit pas de porter une soutane et même une chasuble à l’ambon pour dire la vérité du Christ. L’homme, fût-il prêtre, restera toujours marqué par son péché intrinsèque, sa partialité, sa formation dans un univers presque entièrement masculin et un reste de méfiance instinctive – ou inculquée – vis-à-vis de ses sœurs en humanité.
Cela étant dit, je voudrais souligner que ce n’est pas parce qu’on est une femme qu’on ne peut pas recevoir et annoncer des paroles qui viennent de Dieu lui-même. Et surtout, que l’on n’est pas obligée, en tant que femme chrétienne, de prendre Marie, qui n’a prononcé que quelques mots dans l’Evangile, comme modèle absolu de comportement chrétien. Je m’inspire davantage d’une Thérèse d’Avila ou d’une Catherine de Sienne, qui n’avaient pas la langue dans leur poche. Personnellement, je suis quelqu’un qui parle peu. Mais j’écris beaucoup ! Et j’aimerais enfin que l’on comprenne que je ne le fais pas au nom de frustrations ou de traumatismes qu’on me renvoie souvent avec dédain à la figure, mais d’ardeur évangélique qui me vient du Dieu Trinité.
Par le baptême, nous devenons “prêtre, prophète et roi”, et pas seulement si nous portons soutane, chasuble ou couronne !
Pendant des années, j’ai souffert de ne pas trouver d’accompagnateur spirituel qui me comprenne et daigne m’accorder du temps. Un petit miracle a voulu qu’un prêtre très inspiré m’oriente non pas vers un religieux, mais vers UNE religieuse formée à cela pour m’accompagner spirituellement. Quelle consolation et quel soutien, dans tous les aspects de ma vie, depuis que je me confie à elle et qu’elle me conseille avec pertinence et bienveillance !
Eh bien, cette personne que nul, la connaissant, ne pourrait soupçonner de partialité ou de manque à sa vocation m’affirme depuis qu’elle me connaît un peu mieux que je suis marquée par le désir et le sceau de la vérité. Qu’une seule personne – et quelle personne ! – me le confirme me suffit déjà. Oui, je n’invente rien de ce que j’écris, je ne me perds pas dans les méandres d’un psychisme affaibli par un féminisme dévoyé – c’est ce qui m’est souvent, en des termes plus polis, reproché. Une parole donnée par le Père et le Fils, dans l’Esprit, me brûle de l’intérieur, et je n’aurai de cesse de l’annoncer ici et sur d’autres lieux de discussion chrétienne écrite.
Et c’est sans doute parce que le Père et le Fils m’ont expressément confié cette mission qu’une horde de faux prophètes et fausses prophétesses se sont levés ces dernières décennies. Toujours, je les trouve en travers de mon chemin pour me discréditer. Je discerne très facilement leurs propos et le faux Jésus sirupeux qu’ils annoncent. Celui que je connais intimement, de toutes les fibres de mon être, est quant à lui exactement conforme à ce que nous en renvoient les quatre évangiles : sa Parole est tranchante et clivante comme le glaive.
Source enluminure : http://ec-ressources.fr/GNAP/NPR/NPRnotrepere/NP9.php?paga=NP9B2