Dans la synagogue de Nazareth, Jésus déclara : « Amen, je vous le dis : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays.
En vérité, je vous le dis : Au temps du prophète Élie, lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie, et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre, il y avait beaucoup de veuves en Israël ; pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon, chez une veuve étrangère.
Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; et aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman le Syrien. »
À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux.
Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas.
Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin.
Luc 4,24-30
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible – © AELF, Paris
Tout est vrai dans l’Evangile, mais cette parole de Jésus, qui est devenue une expression courante dans notre langage, est particulièrement pertinente au sujet de la persécution des prophètes depuis les temps bibliques et jusqu’à nos jours, où les motions de l’Esprit saint exprimées ouvertement passent si mal dans les consciences, à commencer par l’entourage de la personne qui les reçoit et jusque dans les rangs de l’Eglise au sens large. Je suis en contact avec un religieux dominicain assez connu pour son franc parler dans l’Eglise au sujet des dossiers d’abus sexuels et aussi du peu de considération véritable dont sont victimes de la part de la hiérarchie ecclésiale les femmes de foi, de nos jours encore. Ce dominicain a beau être un professeur de théologie compétent et reconnu, il se heurte à une véritable omerta sur ces thèmes-là. Depuis que je le lis ici ou là, je me sens un peu moins seule dans l’incompréhension dont j’ai moi-même été victime quand je m’exprimais, maladroitement certes, dans mon entourage proche il y a une vingtaine d’années. Ce même dominicain soulignait aujourd’hui-même sur les réseaux sociaux qu’un évêque français n’était guère poursuivi pour soutenir actuellement une fausse mystique aux propos délétères. Je suis stupéfaite depuis des années du défaut de discernement de nombreux hommes d’Eglise, de leur tolérance complice pour des faux prophètes incitant à d’inutiles pieuseries, tandis qu’ils font tout pour étouffer, en les ignorant ou les discréditant, les propos des personnes véritablement inspirées par l’Esprit saint. Ce qu’endure le Pape François est de cet ordre-là, mais lui-même ne semble pas avoir pouvoir sur cette horde de prélats au discernement défaillant.
Qui prêche la vérité ne peut avoir qu’un seul modèle : le Christ Jésus, qui a enduré pire encore que ce qu’avait déjà subi le prophète Jérémie en son temps. Le propre Fils de Dieu a été condamné à mort par les gardiens de sa tradition religieuse. Qui serions-nous pour échapper au mépris de ceux qui ont une place et un petit pouvoir à défendre ?
Image : La lapidation d’Etienne