En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir.
Amen, je vous le dis : Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas un seul iota, pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi jusqu’à ce que tout se réalise.
Donc, celui qui rejettera un seul de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire ainsi, sera déclaré le plus petit dans le royaume des Cieux. Mais celui qui les observera et les enseignera, celui-là sera déclaré grand dans le royaume des Cieux. »
Matthieu 5,17-19
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible – © AELF, Paris
J’ai constaté souvent que des prêtres ou des pratiquants catholiques très observants qui étaient confrontés à ce que j’écris ici depuis six ans étaient incommodés, leur réaction allant de la contestation à la froide prise de distance. On essaie de me mettre dans des petites cases : “féministe” avec tout le poids de préjugés que ces personnes y mettent, “progressiste” et on me soupçonne alors aussitôt d’être favorable au mariage des prêtres ou au sacerdoce des femmes, “hérétique” et on m’invite plus ou moins aimablement à rejoindre une communauté protestante.
N’ai-je pas le droit d’être moi-même, c’est-à-dire n’entrant dans aucune de ces catégories-clichés?
J’ai été baptisée dans l’Eglise catholique, ce fut le choix de mes parents, de mes parrain et marraine, de mon oncle alors tout jeune prêtre qui m’a lui-même baptisée. Sans doute aussi le choix de Dieu, qui m’a fait naître dans cette famille-là, avec cette hérédité-là et cette tradition religieuse-là et pas une autre. Je respecte absolument le baptême que j’ai reçu, j’en vis et je continue à pratiquer ma foi dans l’Eglise catholique romaine, malgré tous les griefs que je peux avoir contre elle.
Si j’entre souvent en contestation avec le dogme officiel et le catéchisme catholiques, ce n’est pas non plus dans l’espérance de les voir être réformés. Je pense que pour cela, il est trop tard. Luther est sans doute arrivé au bon moment, mais faute d’avoir été consensuel et étant donné le conservatisme de l’Eglise de son temps, sa Réforme a engendré la division que nous subissons encore douloureusement aujourd’hui.
Pour réformer, je dis qu’il est trop tard car le Messie glorieux est à nos portes. Ce que je pressens depuis longtemps, c’est un schisme profond dans l’Eglise catholique romaine, avec d’un côté les conservateurs invétérés qui ne jurent que par la tradition, vénèrent à outrance leur Vierge Marie qu’ils confondent avec leurs propres constructions théologiques, regardent avec complaisance du côté des faux prophètes contemporains et des fausses apparitions – Medjugorje et d’autres – cultivent la nostalgie du latin qui leur permettait au moins de ne rien comprendre à l’Evangile… De l’autre côté, ceux qui continuent à faire confiance au pape François et à espérer de lui quelque chose de plus authentiquement évangélique et œcuménique pour l’Eglise. Je crois qu’il n’y a de possibilité de rapprochement des églises que si l’Eglise catholique romaine se coupe de sa gangrène par amputation.
Je ne me sens aucunement un charisme de réformatrice. Je le répète, à mon sens il est trop tard pour cela. Ce qui importe, c’est de rassembler les chrétiens, comme l’a fait magnifiquement frère Roger à Taizé. Il a été un protestant qui a accepté la contestation de ses frères pour venir vers certaines richesses du catholicisme : l’eucharistie, la beauté de la liturgie, le sacrement de la réconciliation… J’aimerais être une catholique qui tende la main aux enfants de la Réforme : comme eux, je crois à la réalité des frères et sœurs de Jésus nés après lui de Marie et Joseph, comme eux je suis attachée au centrage sur les Ecritures – surtout l’Evangile, je ne suis pas de ceux qui sacralisent tous les écrits de Paul, un homme et non le Christ.
Sans vouloir rien fonder, par mon humble œuvre d’écriture, je voudrais rassembler ce qui est divisé. Car je dis qu’il y a urgence. Le Christ est à nos portes pour son retour en Gloire. Quel témoignage de foi en sa Parole, sa mort et sa Résurrection avons-nous à lui rendre ?
3 commentaires
Attention Véronique !
Pour ce qui est du jour et de l’heure, personne ne le sait, ni les anges des cieux, ni le Fils, mais le Père seul.
Il faut se méfier des intuitions, je me suis faite avoir plus d’une fois !
Pour ce qui est d’abolir et d’accomplir, je te suis complètement, je sui(vais) un MOOC du collège des Bernardins qui va dans ce sens : le nouveau testament accomplit l’ancien, l’évolution de la tradition est un accomplissement, un perfectionnement. Je pense qu’on peut encore réformer. Encore faudrait-il commencer par appliquer pleinement Vatican II, qui a été enterré par JP II et BXVI. On pourrait par exemple favoriser la communion sous les deux espèces. François disait qu’il faut 100 ans pour faire accepter un concile, et qu’au bout de 50 ans, nous sommes à mi chemin. Le temps de Dieu n’est pas le notre…
Tu es toi, je suis moi.
Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit.
Quand on débute dans la foi, on a à apprendre de l’Institution, c’est certain, et tu as raison de le faire.
Je crois que j’ai une petite longueur d’avance sur toi en matière de connaissance de ma propre religion, quand même, avoue-le.
Et la mystique n’est pas une intuition, c’est un vécu avec le Seigneur.
Dans l’histoire sainte, la mystique a été contrôlée par la théologie, certes, et j’ai une accompagnatrice spirituelle compétente en ce domaine.
Mais force est de constater que les grands bouleversements dans l’Eglise se sont faits par la mystique davantage que par la théologie…
A bon entendeur…
Je viens de lire un bel article, qui date de décembre 2013, mais qui n’a rien perdu de sa pertinence :
https://www.la-croix.com/Archives/2013-12-21/Je-ne-suis-pas-venu-abolir-mais-accomplir-la-Loi-2013-12-21-1079260