En ce temps-là, de nouveau, des Juifs prirent des pierres pour lapider Jésus.
Celui-ci reprit la parole : « J’ai multiplié sous vos yeux les œuvres bonnes qui viennent du Père. Pour laquelle de ces œuvres voulez-vous me lapider ? »
Ils lui répondirent : « Ce n’est pas pour une œuvre bonne que nous voulons te lapider, mais c’est pour un blasphème : tu n’es qu’un homme, et tu te fais Dieu. »
Jésus leur répliqua : « N’est-il pas écrit dans votre Loi : ‘J’ai dit : Vous êtes des dieux ?’
Elle les appelle donc des dieux, ceux à qui la parole de Dieu s’adressait, et l’Écriture ne peut pas être abolie.
Or, celui que le Père a consacré et envoyé dans le monde, vous lui dites : “Tu blasphèmes”, parce que j’ai dit : “Je suis le Fils de Dieu”.
Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, continuez à ne pas me croire.
Mais si je les fais, même si vous ne me croyez pas, croyez les œuvres. Ainsi vous reconnaîtrez, et de plus en plus, que le Père est en moi, et moi dans le Père. »
Eux cherchaient de nouveau à l’arrêter, mais il échappa à leurs mains.
Il repartit de l’autre côté du Jourdain, à l’endroit où, au début, Jean baptisait ; et il y demeura.
Beaucoup vinrent à lui en déclarant : « Jean n’a pas accompli de signe ; mais tout ce que Jean a dit de celui-ci était vrai. »
Et là, beaucoup crurent en lui.
Jean 10, 31-42
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible – © AELF, Paris
En deux millénaires, une situation s’est inversée. Jésus a été condamné pour blasphème parce qu’il disait la vérité le concernant : “Je suis le Fils de Dieu.” Il lui a fallu argumenter en puisant dans les Ecritures, comme il l’a toujours fait avec pertinence. Mais les responsables religieux de son temps ne pouvaient entendre qu’il soit vraiment ce Fils, comme c’est encore le cas de nos jours dans certaines religions qui ne le reconnaissent pas comme tel.
Après vingt siècles de sacrement du baptême, les chrétiens proclament qu’ils sont tous fils et filles de Dieu par adoption et frères et sœurs de Jésus dans l’Esprit. C’est une des bases de notre foi. Je me souviens avec émotion du prêtre qui a baptisé mon troisième enfant. Dès l’inscription au presbytère, il jubilait déjà :
“Nous chanterons : Tu es devenue enfant de Dieu et sœur de Jésus, alléluia !”
C’est très beau, de se sentir enfant de Dieu. C’est la plus grande grâce qui soit en ce monde. Je regrette simplement que nombre de baptisés aient un comportement d’une telle indifférence, voire désinvolture, vis-à-vis du Christ.
Je regrette aussi qu’une vérité de foi puisse être considérée par le monde comme un désordre mental.
Je revois la scène, il y dix-sept ans.
C’est l’un des pires moments de ma vie.
Derrière le bureau, un psychiatre, déjà âgé.
A côté de moi, un infirmier qui prend des notes.
J’avais besoin de repos, après des mois de combat spirituel violent et éreintant. Me voilà dans une unité fermée de psychiatrie.
Le psychiatre me considère avec désolation.
“Mais enfin madame, vous avez donc dit que vous êtes la fille de Dieu ?”
Je lui réponds que je ne parlerai de ce genre de chose qu’à un représentant de l’Eglise (Mais auquel donc ? Tous m’ont bel et bien abandonnée là…)
“Madame, on vous a amenée ici, je suis dans l’obligation de vous soigner.”
Ce qu’il fera.
Jours d’infinie souffrance, dans l’enfermement.