Après avoir lavé les pieds de ses disciples, Jésus parla ainsi : « Amen, amen, je vous le dis : un serviteur n’est pas plus grand que son maître, ni un envoyé plus grand que celui qui l’envoie.
Sachant cela, heureux êtes-vous, si vous le faites.
Ce n’est pas de vous tous que je parle. Moi, je sais quels sont ceux que j’ai choisis, mais il faut que s’accomplisse l’Écriture : ‘Celui qui mange le pain avec moi m’a frappé du talon.’
Je vous dis ces choses dès maintenant, avant qu’elles n’arrivent ; ainsi, lorsqu’elles arriveront, vous croirez que moi, JE SUIS.
Amen, amen, je vous le dis : si quelqu’un reçoit celui que j’envoie, il me reçoit moi-même ; et celui qui me reçoit, reçoit Celui qui m’a envoyé. »
Jean 13,16-20
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible – © AELF, Paris
Jésus était charpentier. Pierre était pêcheur. Les autres disciples n’étaient pas plus en vue dans la société de cette époque. D’où vient que l’Eglise de ce siècle-ci a oublié qu’ “un serviteur n’est pas plus grand que son maître” ?
A qui l’Eglise d’aujourd’hui accorde-t-elle quelque crédit quand il s’agit de parler des choses de Dieu, de comprendre sa Parole, de discerner ce qui vient, ou non, de l’Esprit Saint ? Je la trouve obnubilée par les diplômes de théologie, la formation au droit canon, la maîtrise du catéchisme… Un prêtre pourra se targuer d’une dizaine d’années d’études, et dès qu’un(e) fidèle catholique fait preuve d’un tant soit peu d’intelligence et d’implication dans une paroisse, on va l’encourager à suivre une formation en université, un cycle catéchétique… Autant dire que parallèlement, la personne qui se présente dépourvue de formation diplômante en théologie sera écartée poliment de tout débat ecclésial et considérée comme incompétente dans le domaine du discernement spirituel.
On emploie souvent le terme de moyenâgeux pour qualifier ce qui est totalement obscurantiste. Il n’empêche que dans quelques jours, nous allons fêter sainte Catherine de Sienne, une illettrée du XIVe siècle qui a eu une influence tout à fait considérable sur l’Eglise de son époque. Là, à la fin du Moyen-Age, l’Eglise a accordé crédit à une pauvre fille qu’on cantonnerait de nos jours à repasser les nappes de l’autel. Aucun diplôme, aucune chance d’être entendue.
On oublie que les chemins de Dieu ne sont pas les chemins des hommes, et qu’Il a toujours préféré les sans grade aux sages et aux intelligents à la manière du monde. Or, les clercs d’aujourd’hui ne sont-ils pas tous de ceux-là ? A qui l’Eglise confie-t-elle le discernement des esprits et des vocations, sinon à des surdiplômés ? Depuis quand l’Esprit Saint dépend-il d’un diplôme ?
Il y aurait tant et tant à dire sur les défauts de discernement de l’Eglise catholique d’aujourd’hui ! Mais présentez-vous comme une simple paroissienne qui n’a jamais franchi la porte d’une faculté de théologie, et on ricanera de vos prétendus charismes derrière votre dos, en priant simplement pour que vous vous résolviez enfin à catéchiser les petits enfants ou à participer au nettoyage de l’église paroissiale…
Image : Le lavement des pieds Retable allemand du XVe (Berlin)