En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé.
Vous avez entendu ce que je vous ai dit : Je m’en vais, et je reviens vers vous. Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi.
Je vous ai dit ces choses maintenant, avant qu’elles n’arrivent ; ainsi, lorsqu’elles arriveront, vous croirez.
Désormais, je ne parlerai plus beaucoup avec vous, car il vient, le prince du monde. Certes, sur moi il n’a aucune prise, mais il faut que le monde sache que j’aime le Père, et que je fais comme le Père me l’a commandé. »
Jean 14,27-31a
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible – © AELF, Paris
Il faut que le monde sache que j’aime le Père, et que je fais comme le Père me l’a commandé.
Je me souviens, il y a presque vingt ans de cela, du reproche que m’adressait un prêtre : être trop confiante en mes “intuitions”. Une jeune convertie m’a fait la même réflexion récemment, un peu trop assurée par ses deux ans de catéchisation et sa volonté impatiente de trouver sa place dans l’Eglise catholique romaine.
C’est toujours facile de réduire un chrétien à celui qu’on serait soi-même si on s’enflait un peu d’orgueil. Ce que ces deux-là n’ont pas compris, faute de m’écouter ou de me lire vraiment, c’est que je n’exprime pas ici des “intuitions”. Comme je ne témoignais pas non plus en Eglise il y a vingt ans d’ “intuitions” ou pire, d’ “impressions.”
Non. Je témoignais déjà à ce moment-là, fort maladroitement j’en conviens, des profonds bouleversements intérieurs que provoquaient en moi une très grande proximité avec le Père, un amour dévorant pour le Christ Jésus, partagé et tangible, une effusion débordante de l’Esprit Saint qui a remis en question toutes les bases de ma vie. Et ce que j’ai confié à ce moment-là, ce n’était pas caprice ou délire de ma part, mais obéissance au Père et au Fils qui me recommandaient d’aller vers les représentants de l’Eglise pour témoigner de ce que je vivais, entendais, recevais, avais à transmettre.
Allais-je, dans cette démarche, m’en tirer mieux que le Christ Jésus lui-même ? Certes non. Le prince du monde était là, à l’affût, dans la méfiance de mes proches, dans les résistances de l’Eglise, dans les conceptions dévoyées de ce qu’est une effusion de l’Esprit Saint – une notion tellement galvaudée dans le Renouveau charismatique dont était issu ce prêtre ! Dois-je préciser une fois encore que je n’ai aucune accointance avec ce courant dont dérivent malheureusement tant de fausses prophéties et de fausses manifestations de l’Esprit ?
J’ai fait et dit simplement ce qui m’avait été recommandé dans mes dialogues au cœur de la Trinité sainte.
Le prince du monde s’est déchaîné longtemps contre moi, croyant avoir prise sur ma foi et mes certitudes intérieures. Mais bien des années ont passé, et comme Dieu tient toujours ses promesses, il m’a aussi donné la paix intérieure, la consolation, la confiance renouvelée en son amour et sa sollicitude, et l’assurance de l’authenticité de ma vie mystique.
Le prince du monde ne me tourmente plus beaucoup désormais, j’ai déserté les lieux de ses ultimes attaques virtuelles. J’avance, calme et sereine, fortifiée semaine après semaine par les sacrements de l’Eglise de mon baptême, à laquelle je suis malgré tout restée fidèle. J’avance et je témoigne ici, patiemment, sans adeptes et sans fruits visibles, mais sûre que le Seigneur marche à mes côtés.
Il faut que le monde sache que j’aime le Père, et le Fils, et que je fais toujours comme ils me le commandent, jour après jour, dans la prière et l’attention aux signes des temps. C’est l’Esprit qui me guide, me motive, me fortifie. L’Esprit qui procède du Père et du Fils, et qui connaît, Lui, les vérités ultimes que le monde ne veut pas recevoir.
Image : Arcabas La Trinité
Source image : http://communaut-orantesstrasbourg.over-blog.com/article-trois-colombes-118058462.html